«C'est un fléau qu'on ne peut pas quantifier» : dans le sud-est, les réseaux de drogue multiplient les initiatives pour séduire les habitants
Les narcotrafiquants tentent toujours d'acheter la paix sociale dans les quartiers. À Marseille ou encore Orange, les actions de ce type se multiplient. Piscines pour les enfants, fournitures scolaires données, fête de quartier... Tout est bon pour s'attirer la bienveillance des habitants.
L'État recule dans les quartiers. Distribution de fournitures scolaires, camps de vacances installés au cœur des quartiers... Dans le Sud-Est, les trafiquants de drogue tentent coûte que coûte de prendre la place de l'État.
Orange, Bagnols-sur-Cèze, Marseille... Les exemples se multiplient. Dans la cité phocéenne, dans le quartier de la Visitation, il ne reste plus que des bouts de plastique éparpillés dans une grande flaque d'eau sur l'esplanade de l'école de cette cité. Ici se trouvait tout l'été une piscine, cadeau des trafiquants selon Eric, qui habite le quartier.
Opération séduction
"Dès le début de l'été, chaque année, il y a une piscine qui vient se mettre ici. Et si les autorités la jettent, ils viennent en installer une autre. On ne sait pas qui l'installe, mais on sait très bien qu'une piscine de 6m par 2, ça ne peut être que ceux qui ont un réseau (de stupéfiant, ndlr)", estime-t-il au micro d'Europe 1.
Le phénomène des opérations séduction des dealers pour acheter la paix sociale se développe dans la région. A Cavaillon, le militant associatif Amine Kessaci a déjà dû refuser que le réseau de stupéfiants local offre des châteaux gonflables pour une fête de quartier.
Une action "complexe, discrète"
"Si on se met nous à dealer avec eux, c'est que finalement, on banalise et on les reconnaît comme étant une organisation qui peut agir dans nos quartiers", insiste-t-il. "C'est un fléau qu'on ne peut pas quantifier. Ici, ça se fait de façon plus discrète parce que finalement c'était pas 'on vient vous faire un chèque' en vous disant 'tenez à acheter la piscine'. C'était beaucoup plus complexe que ça. C'est plutôt, 'on vous ouvre un local, on vous dépose une piscine au milieu de la cité', etc", détaille-t-il.
Selon ces militants associatifs, c'est là une situation d'échec et une menace pour la République. Le recul, l'absence des services de proximité permet à ces réseaux de drogue de grignoter toujours plus de terrain.