Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti est au cœur d'un procès historique devant la Cour de justice de la République. 1:31
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Jacques Serais / Crédit photo : BENOIT PEYRUCQ / AFP
Le procès d'Éric Dupond-Moretti a repris ce mardi devant la Cour de justice de la République. L'actuel garde des Sceaux comparaît pour des soupçons de prise illégale d'intérêt. Les derniers témoins se présentent à la barre avant les réquisitions attendues mercredi. Un procès historique au cours duquel l'intéressé semble perdre pied.

Pour Éric Dupond-Moretti, c'est un procès qui prend des allures de cauchemar. L'ancien ténor du barreau et actuel garde des Sceaux comparaît devant la Cour de justice de la République pour des soupçons de prise illégale d'intérêt. Un procès historique puisque jamais un ministre de la Justice en exercice s'était retrouvé face aux juges.

Ce mardi, Éric Dupond-Moretti a assisté, impuissant, à l'audition de Catherine Mathieu, ancienne sous-directrice des ressources humaines de la magistrature qui accable directement celui pour qui elle a travaillé. "À sa nomination, cette question de risque de conflit d'intérêt était tellement évidente qu'elle ne nous paraissait même pas devoir être mentionnée", explique cette magistrate, aujourd'hui présidente du tribunal judiciaire de Meaux. 

"Vous avez tout fait pour que je démissionne" 

De son côté, le garde des Sceaux bouillonne et fait résonner sa voix rocailleuse dans toute la salle d'audience. "Tout est à charge", lance-t-il dépité. "Je ne vous ai pas donné la parole", répond fermement le président de la Cour de justice de la République. Et le supplice se poursuit avec le témoignage de l'ex-directeur des services judiciaires de la Chancellerie. "À l'époque, je n'allais quand même pas dire au ministre qu'il devait démissionner. C'est invraisemblable. Il y a un président ou un Premier ministre pour ça", peste-t-il.

Éric Dupond-Moretti ne se retient plus et s'agace : "Vous avez tout fait pour que je démissionne", tonne-t-il. Le témoin en appelle alors au juge : "Est-il possible de demander à Monsieur le ministre d'arrêter de m'interrompre ?" Le garde des Sceaux est ensuite rappelé à l'ordre par l'un de ses subordonnés. Et ce n'est pas fini puisque le procureur général Rémy Heitz prononcera mercredi ses réquisitions.