INFO EUROPE 1 – Non-lieu pour un policier de l’antiterrorisme, accusé à tort d’être un «ripoux» sur fond de règlements de comptes internes

Un policier en première ligne lors des attentats de Paris, a bénéficié d’un non-lieu après avoir été poursuivi pour "trafic d’influence" dans une vieille affaire de stupéfiants. (Illustration)
Un policier en première ligne lors des attentats de Paris, a bénéficié d’un non-lieu après avoir été poursuivi pour "trafic d’influence" dans une vieille affaire de stupéfiants. (Illustration) © Nicolas Guyonnet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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William Molinié , modifié à
Lâché par son administration, au bord du déclassement social, un policier en première ligne lors des attentats de Paris, a bénéficié d’un non-lieu après avoir été poursuivi pour "trafic d’influence" dans une vieille affaire de stupéfiants. Plus payé depuis des mois par son administration, malgré l’injonction de la cour administrative d’appel, il réclame aujourd’hui sa réintégration.

L’avenir s’éclaircit pour ce policier lâché par son administration malgré ses faits d’armes en matière de lutte contre le terrorisme. Il y a un an, Europe 1 révélait que ce policier en poste à la sous-direction antiterroriste (SDAT) qui avait permis l’arrestation de plusieurs terroristes, dont celle d’Abaaoud à Saint-Denis en 2015, ne percevait plus de salaire. Et ce, malgré une blessure en service qui aurait dû, selon la jurisprudence, lui permettre de continuer à être payé. 

Policier récompensé et félicité

Après le 13 novembre, une vieille affaire de stupéfiants avait ressurgi lorsqu’il était, alors quelques années auparavant, en poste à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Une enquête de l’IGPN avait été ouverte et il avait été mis en examen pour trafic d’influence avant d’être placé sous contrôle judiciaire. Ce qui justifiait, aux yeux de l’administration, une suspension de son salaire, laissant ainsi ce policier, pourtant récompensé et félicité à de très nombreuses reprises par sa hiérarchie, à la limite du déclassement social.

Selon les informations d’Europe 1, la juge d’instruction en charge de l’affaire a prononcé fin décembre un non-lieu dans cette affaire de trafic d’influence au bénéfice du policier. Surtout, elle a levé son contrôle judiciaire, ouvrant ainsi la voie à sa réintégration au sein de la police nationale, en l’occurrence à son dernier poste à la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la direction nationale de la police judiciaire. Dans son réquisitoire définitif, le vice-procureur Loïc Pageot, pourtant réputé pour sa rigueur et sa sévérité quand il s’agit de poursuivre des policiers, a réclamé qu’un juge d’instruction d’un autre tribunal soit saisi du dossier alors que six ans auparavant il soutenait que la juridiction de Bobigny était bien compétente pour juger ce dossier.

Demande de réintégration

Cette affaire avait ressurgi après les attentats de Paris et visait son activité en 2014 lorsqu’il était à la brigade des stups de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Lui a toujours dénoncé les faits qui lui étaient reprochés. "C’est ce qu’on appelle dans le jargon policier une 'commande'", explique son avocat Me Pascal Markowicz. "On cherche à imputer à mon client qui est pourtant un héros de la République tous les torts du monde. La juge d’instruction lui permet aujourd’hui de retrouver son travail, c’est une bonne nouvelle", poursuit-il.

Plusieurs sources au sein de la police y voient là un règlement de comptes, interne à la police judiciaire, sur fond de lutte intestine entre services pour recruter et conserver des indics. Avec la levée de ce contrôle judiciaire, ce policier est censé pouvoir reprendre son activité. Il a d’ailleurs fait une demande de réintégration. Sur le volet administratif, la cour d’appel lui a donné raison en avril dernier et a enjoint l’administration à lui régler une partie de son salaire non versé lorsqu’il était en congé maladie. Huit mois plus tard, il n’a toujours pas reçu un seul centime.