Coupe du monde : mais d'où vient "It's coming home", la chanson qui enflamme l'Angleterre ?

Créée pour l'Euro 96, la chanson "It's coming home" est devenu au fil des semaines l'hymne non-officiel de la sélection anglaise dans cette Coupe du monde.
Créée pour l'Euro 96, la chanson "It's coming home" est devenu au fil des semaines l'hymne non-officiel de la sélection anglaise dans cette Coupe du monde. © Manan VATSYAYANA / AFP
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Repris à l'envi par les supporters anglais, "It's coming home" est devenu LE tube de cette Coupe du monde. La chanson date de 1996, mais résonne différemment à l'approche de la demi-finale contre la Croatie, mercredi.

Dans les pubs en Angleterre, aux abords des stades en Russie ou sur les réseaux sociaux… Difficile de passer à côté. Les exploits des Trois Lions, qui affrontent la Croatie mercredi en demi-finale de Coupe du monde, ont réveillé les espoirs des fans anglais. Et avec eux, le tube It's coming home. "Il rentre à la maison, il rentre à la maison, il rentre, le football rentre à la maison" : ce refrain est devenu en quelques semaines le slogan non-officiel de la sélection britannique... 22 ans après sa création.

Une chanson composée pour l'Euro 96…

À l'origine, deux comédiens, David Baddiel et Frank Skinner, ont composé ce morceau en collaboration avec les Lightning Seeds. Le but : célébrer le retour du football "à la maison", autrement dit dans le pays qui l'a vu naître et qui en a inventé les règles en 1863. En cette année 1996, l'Euro se dispute en effet en Angleterre, trente ans après la Coupe du monde organisée et remportée par les Trois Lions.

Le succès est immédiatement au rendez-vous… Dans les charts, du moins. Car sur les pelouses britanniques, l'équipe nationale voit son rêve brisé par l'Allemagne en demi-finale (1-1, 6 t.a.b. à 5).

… Pleine d'autodérision…

Mais la chanson n'est pas qu'un hymne à la gloire de la sélection. "C'est une chanson qui raconte combien nous perdons souvent", confie lui-même David Baddiel, dans un programme de la BBC. Pour preuve, le morceau débute avec des commentaires de défaite sur un air de violoncelle. "Ils savent simplement, ils en sont sûrs, que l'Angleterre va se faire sortir", "tant de blagues, tant de ricanements", entend-t-on aussi par la suite.

En 1998, les supporters ressortent même ce chant du placard en rajoutant un "we still believe" ("nous y croyons encore", ndlr), comme pour rappeler l'échec précédent et crier "cette fois c'est la bonne". Le nouvel enregistrement réalisé pour l'occasion est à nouveau en tête du hit-parade… Manque de chance, l'équipe est cette fois éliminée en huitième de finale.

Dès lors, la chanson devient une sorte de "running gag", chanté en chœur à chaque déception sportive. Reste qu'elle semble avoir pris cette année une nouvelle dimension.

… devenue le tube du Mondial 2018

Car pendant cette Coupe du monde, le phénomène a atteint les plus hautes sphères du pays. Le prince William lui-même y a ainsi fait référence dans un tweet : "Vous vouliez entrer dans l'Histoire, chère équipe d'Angleterre, et vous êtes en train d'y parvenir. C'est une magnifique aventure que vous nous offrez à la Coupe du monde et nous profitons de chaque minute. Vous méritez cette victoire. Football's Coming Home !"

Même les gardes du palais de Buckingham s'y sont mis en réinterprétant le morceau à leur façon.

La légende du football anglais David Beckham ou le chanteur Robbie Williams, qui a d'ailleurs participé à une nouvelle version du morceau en 2010, ont eux aussi utilisé la formule sur les réseaux sociaux, tout comme l'attaquant international Jesse Lingard, qui s'en est amusé sur Twitter en légendant une photo de lui.

Les détournements humoristiques n'ont pas manqué non plus sur Internet :

Au terme de la qualification anglaise pour les quarts de finale, Spotify UK a ainsi noté une explosion du nombre d'écoutes sur ses plateformes. La qualification pour les demi-finales, leur première depuis 28 ans, n'a pas freiné le phénomène, bien au contraire. Le morceau a accumulé 2,6 millions d'écoutes en ligne depuis vendredi.

Et tant pis si les supporters anglais s'emmêlent un peu dans les paroles, rappelle The Independent : le journal britannique explique que de nombreux fans entonnent "Jewels remain still gleaming" ("Les bijoux brillent encore") au lieu de "Jules Rimet still gleaming" ("Jules Rimet brille encore"), en référence au Français qui a donné son nom au trophée remis lors des premières éditions de la Coupe du monde. Dimanche, l'hymne a même retrouvé sa première place dans les charts anglais. La suite ? C'est aux joueurs de Gareth Southgate de l'écrire, dès mercredi face à la Croatie.