Coupe du monde : avec Samuel Umtiti, les Bleus ont trouvé leur guerrier

  • Copié
, modifié à
D'un coup de tête rageur, Samuel Umtiti a envoyé l'équipe de France en finale de la Coupe du monde (victoire 1-0 contre la Belgique). Une récompense pour un joueur qui a toujours dû se battre pour avoir sa place chez les Bleus.

Chacun son tour. Après Raphaël Varane, auteur du premier but contre l'Uruguay en quarts de finale, c'est Samuel Umtiti, l'autre grand bonhomme de la charnière centrale française, qui a envoyé les Bleus en finale de la Coupe du monde, d'un coup de tête rageur contre la Belgique (1-0), mardi. "Big Sam" a répondu présent au meilleur des moments, lui qui évoluait dans l'ombre de son compère de la défense depuis le début de la compétition.

Un parfum de France 98. La comparaison avec Lilian Thuram est ambitieuse mais inévitable. Il y a vingt ans, le latéral des Bleus avait envoyé l'équipe de France en finale de la Coupe du monde en inscrivant un doublé miraculeux, les deux premiers et derniers buts de sa carrière en sélection. Les Bleus de 2018 ne sont pas ceux de 1998 mais des parallèles se font déjà, notamment du côté de la défense. Le statisticien Opta l'a bien noté : en inscrivant chacun un but, Pavard, Varane et Umtiti forment un trio de défenseurs-scoreurs plus vu en Coupe du monde depuis les Bleus en 1998 (Lizarazu, Blanc et Thuram).

Mais Samuel Umtiti ne veut pas pousser la comparaison trop loin. "Ils ont fait le travail en 98 et nous en est en train de faire le nôtre, de créer notre histoire et on le fait plutôt bien pour le moment. On a atteint un de nos objectifs qui était d'atteindre la finale et je suis très content", a-t-il déclaré après la victoire contre la Belgique.

Umtiti monte en puissance dans ce Mondial. Son but, Samuel Umtiti ne le doit qu'à lui-même (ou presque). Sur un corner tiré par Antoine Griezmann, le défenseur du FC Barcelone a pris le meilleur sur le Belge Marouane Fellaini, pour inscrire une superbe tête à la 51e minute. C'est le troisième but de Samuel Umtiti en équipe de France mais, de très loin, le plus important de sa carrière. Jusqu'ici, Umtiti (24 ans et 24 sélections) avait marqué lors de matches sans enjeux, contre l'Angleterre en amical en juin 2017 (3-2) et pendant la préparation du Mondial, il y a plus d'un mois contre l'Italie (3-1).

Cette fois, son but est crucial et il intervient alors que son début de tournoi avait suscité des interrogations. A côté de Raphaël Varane, impérial dans cette Coupe du monde, Samuel Umtiti semblait plus fébrile, peut-être gêné par son genou droit, surveillé de près à cause d'une blessure qu'il traîne depuis sa fin de saison avec Barcelone. On se souvient notamment de sa main coupable lors du premier match remporté contre l'Australie (2-1), synonyme de penalty en faveur des Socceroos. Cette fois, le Barcelonais Umtiti, élu homme du match, s'est hissé à la hauteur du Madrilène Raphaël Varane.

Un parcours chaotique. Le chemin jusqu'à ce match libérateur n'a pas été un parcours de santé pour Umtiti, dont la présence dans le onze titulaire a souvent été discutée, voire contestée. A l'Euro 2016, alors qu'il évoluait encore à l'Olympique Lyonnais, il n'était pas dans la liste des 23 mais a bénéficié des forfaits de Raphaël Varane et de Jérémy Mathieu pour intégrer le groupe. Troisième dans la hiérarchie des centraux, il avait débuté sur le banc, pendant qu'Adil Rami et Laurent Koscielny débutaient les matches. Après la mauvaise performance de Rami en huitièmes contre l'Islande, Deschamps avait donné sa chance à Umtiti. "Big Sam" l'avait alors saisie pour ne plus lâcher la place jusqu'en finale, impressionnant par sa dimension physique exceptionnelle.

Son transfert au FC Barcelone dans la foulée de l'Euro l'a fait entrer dans une nouvelle dimension. Évoluant au sein d'une des meilleures équipes du monde, il a gagné en sérénité et a grandement amélioré ses relances balles au pied. Mais la concurrence est rude chez les Bleus et Samuel Umtiti n'était toujours pas un titulaire indiscutable avant le début de la Coupe du monde, la maturité de Laurent Koscielny lui bloquait encore la route. Mais le forfait de ce dernier lui a offert un boulevard pour s'exprimer. Tout n'est pas encore parfait pour Umtiti : il se fait parfois déborder trop facilement et peine à retenir son agressivité. Mais les Bleus se sont trouvés un guerrier.