Tour de France : jusqu’à quand la Sky peut-elle régner ?

La joie de l'équipe Sky, autour du Maillot jaune Geraint Thomas, dimanche à l'arrivée du Tour de France à Paris.
La joie de l'équipe Sky, autour du Maillot jaune Geraint Thomas, dimanche à l'arrivée du Tour de France à Paris. © THOMAS SAMSON / AFP
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Avec Geraint Thomas, l’équipe britannique a remporté son sixième Tour de France sur les sept dernières années et placé Chris Froome sur le podium. Une écrasante domination qui, malgré les critiques, pourrait encore durer.

Le "bulldozer" Sky a encore tout écrasé sur son passage. L’équipe britannique a confirmé son emprise sur le Tour de France avec la victoire de Geraint Thomas, sa sixième sur les sept dernières années. La Sky, encore une fois impitoyable avec ses rivaux, a même réussi à placer Chris Froome sur le podium, malgré les huées du public et ses difficultés en montagne.

Jamais une équipe n’avait autant dominé le Tour, depuis les formations Renault de Bernard Hinault et Laurent Fignon (six victoires entre 1978 et 1984) et la sulfureuse US Postal (les sept titres de Lance Armstrong entre 1999 et 2005 lui ont été retirés). Et le règne de la Sky pourrait bien ne pas s’arrêter là…

L’argent : la Sky a encore de l’avance

Si la Sky domine autant la plus prestigieuse épreuve cycliste au monde, elle ne le doit pas qu’à sa préparation et ses fameux "gains marginaux". L’équipe britannique possède un atout majeur : le plus important budget du World Tour, estimé à 40 millions d’euros par an. Avec cette manne financière, la Sky a les moyens de se constituer une armada à nulle autre pareille, avec Chris Froome et Geraint Thomas bien sûr, mais aussi des coureurs aussi redoutables que Michal Kwiatkowski, Wouter Poels ou la pépite Egan Bernal.

Pour tenter de briser l’hégémonie britannique, l’introduction d’un "salary cap" (plafonnement des salaires) est régulièrement évoquée. "Il y a toujours eu des équipes avec des moyens supérieurs. Mais j'ai annoncé pendant ma campagne électorale la création d'un groupe de travail sur l'attractivité des courses. Ce sera fait avant la fin de l'année, avec des coureurs, des organisateurs, des producteurs TV, des journalistes. Il y aura des propositions, on ne s'interdit rien", a déclaré David Lappartient, le président de l’UCI (Union cycliste internationale). 

Les coureurs : Thomas et Froome pour le présent (s’ils restent), Bernal pour le futur

En attendant d’hypothétiques réformes structurelles, la Sky peut compter sur un effectif royal. Chris Froome (33 ans) a certes connu un Tour difficile, entre les huées du public et des défaillances inhabituelles pour lui en montagne. De là à en déduire que le quadruple vainqueur de la Grande Boucle est "fini", il est un pas que personne ne se risque à franchir. "Froomey", vainqueur du Giro cette année, a rappelé à tous ses immenses qualités en reprenant sa place sur le podium à Primoz Roglic, samedi lors du chrono de la 20ème étape. Oui, il faudra compter sur lui l’an prochain. Et encore plus s'il ne court pas le Giro deux mois avant. 

Pour Geraint Thomas, l'avenir est plus incertain. En effet, le vainqueur du Tour 2018 est en fin de contrat à la fin de l’année. Le Gallois, fort de son nouveau statut, ne se contentera pas d’épauler Chris Froome. "Je peux envisager être leader dans une autre équipe. Je suis heureux chez Sky. La condition principale pour rester est d'être leader", a prévenu Thomas, interrogé lors du dernier Dauphiné par L’Equipe.

Avec ou sans lui, la Sky a en tout cas de la réserve. Elle possède en son sein celui qui est annoncé comme LE futur grand du cyclisme mondial : Egan Bernal. Le jeune Colombien de 21 ans, recruté l’hiver dernier, a fait (très) forte impression pour son premier Tour de France (15ème au général), venant à la rescousse de Chris Froome dans les Pyrénées. Chez Sky, le futur, c’est déjà maintenant.

La concurrence : Dumoulin prend date, des rivaux en ordre dispersé

Réduire la domination de la Sky à son budget serait cependant bien injuste. Derrière l’équipe britannique, d’autres formations aux moyens très importants ont également assemblé des "dream team". "La Sky a mis la main sur le Tour, mais les autres formations essayent de recruter des coureurs et de gagner. La Movistar, avec Quintana, Landa et Valverde, avait une grosse équipe mais ils ont été touchés par les chutes et les méformes", note notre consultant Richard Virenque. Avec une 10ème place pour Quintana et une 7ème pour Landa, la Movistar a effectivement été bien loin de ses objectifs sur ce Tour. "L’adversité n’est pas à la hauteur", regrette pour sa part Cédric Vasseur, manager général de l’équipe Cofidis.

Les coups du sort n’ont également pas épargné les rivaux de la Sky. L’équipe AG2R a rapidement perdu trois coureurs, isolant considérablement Romain Bardet. L’Australien Richie Porte, ancien lieutenant de Chris Froome, a abandonné après une chute lors de la 9ème étape, tout comme un autre favori à la victoire finale, l’Italien Vincenzo Nibali, blessé lors de la 12ème étape.

A court terme, Tom Dumoulin semble être le plus sérieux rival de la Sky. Le Néerlandais, deuxième cette année, a été le seul à pouvoir inquiéter (un peu) Geraint Thomas. Le vainqueur du Giro 2017 (et deuxième cette année) ne s’en cache pas : il a l’ambition de remporter le Tour. "Je veux essayer de le gagner un jour. On doit voir ce que l'on peut améliorer. J'ai seulement 27 ans", a assuré le Néerlandais, qui ne se fixe pas de limites. Problème : la Sky non plus.