Il est important de ne pas exploiter la tourbe pour sauvegarder la biodiversité. 2:20
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Fanny Agostini, édité par Lucie de Perthuis
PAQ - Dans son Rendez-vous à la ferme, Fanny Agostini nous parle aujourd'hui de la tourbe. Une énergie fossile peu connue, dont l'exploitation est désastreuse en termes d'émission de CO2, mais pas que.
ANALYSE

Parmi les énergies fossiles, il y a le gaz, le pétole et le charbon. Mais il existe aussi la tourbe, que l'on connaît moins. Pourtant, son exploitation serait pire que le charbon en termes d'émission de CO2. Elle fait donc partie des combustibles à laisser bien sagement sous terre. La tourbe est une matière qui compose les tourbières, des sortes de réservoirs marécageux, où les végétaux vont lentement se décomposer dans des conditions d'acidité et de pauvreté en oxygène. Il en résulte une terre très chargée en carbone et donc idéale pour la combustion. Un simple craquage d’allumette suffit pour tout faire flamber ! En France, on l'a beaucoup utilisée dans le passé. Aujourd'hui, on s'en sert principalement pour l'agriculture car il s'agit d'une matière très fertile. 

Des milieux à haute valeur ajoutée

En revanche, dans les pays scandinaves comme en Finlande, la tourbe reste la principale ressource fossile. C'est pourquoi la Finlande se situe très haut dans le classement d'émission de CO2 par habitant. Son taux est à 23% supérieur à la moyenne des pays de l'Union Européenne. Cela s'explique par le fait que la Finlande produit une bonne partie de son chauffage et de son électricité grâce à la combustion de la tourbe. 

Paradoxalement, le gouvernement finlandais ambitionne la neutralité carbone d'ici 2035, sans pour autant mettre un frein à l'exploitation de la tourbe. 

Au delà de l'émission de CO2, la tourbe doit rester dans le sol car c'est une ressource non-renouvelable. Les tourbières, dont la surface a été divisée par deux sur les cinquante dernières années, se renouvellent très lentement. Elles se reconstituent au rythme d'un petit millimètre par an. Ce sont aussi des milieux à haute valeur ajoutée écologique car elles abritent des faunes et flores rares. Elles constituent aussi un réservoir d'eau, et sont donc rempart contre la sécheresse. Pas touche à la tourbe, indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes au sens large !