L'Europe est-elle en train de gagner la bataille de l'électricité propre ?

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Axel de Tarlé
La part des énergies propres dans le mix énergétique de plusieurs pays membres de l'Union européenne a progressé en 2019, analyse Alex de Tarlé dans sa chronique de mercredi matin. Et pour lui, c'est un immense motif de fierté pour tout le continent, dans un secteur crucial à court, moyen et long terme.

On le sait désormais : l'électricité sera l'énergie du XXIe siècle. Nos voitures ne rouleront plus au pétrole, mais à l'électricité, c'est un fait. Se pose maintenant la question de la "propreté" de cette électricité : si, comme en Chine ou en Pologne, l'électricité est produite avec du charbon, ça ne sert à rien et le problème n'est pas résolu, mais simplement déplacé. Et justement, l'Europe est en train de montrer au monde entier qu'on peut avoir une électricité propre sans recourir à du charbon et d'autres énergies polluantes comme le gaz et le pétrole.

Progrès en Allemagne et au Royaume-Uni

Pour l'affirmer, il faut regarder les bilans de l'année écoulée, qui viennent de tomber. Et ils sont excellents. En Allemagne, où l'on parle souvent de l'omniprésence du charbon, la part de celui-ci dans le mix énergétique ne cesse de reculer, à vitesse grand V. En 2019, le charbon ne représentait plus que 29% de l'électricité allemande, contre 38% un an auparavant. À l'inverse, les énergies propres (comme l'éolien, le solaire, les barrages…) sont maintenant largement dominantes et représentent 46% de l'électricité allemande.

C'est la même chose au Royaume-Uni. Les énergies propres y assurent 48% maintenant de l'électricité, loin devant les énergies fossiles. Pour mémoire, en 1990, les énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole) représentaient les trois quarts de l'électricité anglaise.

La France, un cas à part

Dans ce tableau, la France est un cas un part. Ici, l'électricité n'émet pas de CO2 et depuis longtemps, à cause de notre immense parc nucléaire qui couvre les trois quarts de nos besoins. C'est très bien, sauf qu'on est en retard sur les énergies propres. L'éolien ne représente chez nous que 5% de l'électricité, contre 22% en Allemagne et 47% au Danemark.

Mais, après tout, peu importe. L'Europe est bel et bien en train de montrer qu'on peut produire de l'électricité, sans émettre de CO2, à un prix abordable et sans souffrance. Il n'y a ainsi pas de coupure d'électricité en Europe comme ça peut être le cas en Californie. Cela constitue un fantastique message d'optimisme et de fierté. On dit souvent que l'Europe est en retard sur Internet ou les GAFA, par exemple. Mais sur cette question capitale pour l'avenir du monde qu'est la la transition énergétique, l'Europe est en avance et montre la voie.