Hélène Romano : "Les enfants ont été les plus grands oubliés du confinement"

Pour la psychologue Hélène Romano, les enfants sont les grands oubliés de la crise du coronavirus.
Pour la psychologue Hélène Romano, les enfants sont les grands oubliés de la crise du coronavirus. © AFP
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Margaux Baralon
Pour la psychologue Hélène Romano, invitée sur Europe 1 vendredi soir, le confinement a révélé les manquements de la société à l'égard des aînés, mais aussi des plus jeunes. Laissés sans explication, accusés d'être des transmetteurs du virus, les enfants doivent maintenant être aidés pour retrouver leurs liens sociaux.
INTERVIEW

Pendant la crise du coronavirus, la situation des personnes âgées a souvent interpellé. Confinés dans des Ehpad ou chez eux, particulièrement touchés par l'épidémie, les seniors ont payé, et paient toujours, un lourd tribut. Mais pour la psychologue Hélène Romano, "les enfants ont été les plus grands oubliés du confinement". "Il n'y a eu aucune allocution pour leur expliquer à eux ce qui se passait. On leur a dit qu'ils étaient porteurs, qu'ils pouvaient rendre malade les adultes. C'est une génération qui a connu les attentats, une génération sacrifiée", a-t-elle estimé vendredi soir sur Europe 1.

 

Selon elle, on s'expose désormais à une explosion des troubles anxieux scolaires à partir du 11 mai, date à laquelle rouvriront certaines écoles. "Des parents stressés, s'ils ne sont pas rassurés, ne seront pas rassurants", note Hélène Romano. Certains enfants, notamment ceux qui sont placés, ont également été négligés pendant la crise. "Pour eux, il n'y a pas eu de suivi. Il y a eu beaucoup d'abandons des gens les plus précaires à ce niveau-là", regrette la psychologue.

"Revoir l'organisation de la société"

Cette crise doit donc, estime-t-elle, permettre de "revoir l'organisation de la société pour donner plus de place aux enfants" mais aussi aux seniors. "Les deux extrémités [de la pyramide des âges] sont actuellement très en danger. On doit revoir notre logique sociétale sur la notion de transmission. Aider les enfants, ce sera aussi leur permettre de refaire du lien avec les seniors, avec les personnes âgées de leur famille ou d'autres." Hélène Romano cite par exemple des liens créés entre des crèches et des Ehpad. 

 

 

Pour le sociologue Jean Viard, également invité sur Europe 1 vendredi soir, cette notion de transmission est primordiale. Et doit passer par une autre façon d'envisager le logement, notamment le logement social. "Cela fait longtemps que je demande aux HLM d'installer les vieux dans les immeubles de leurs enfants, d'accepter la proximité intergénérationnelle", raconte-t-il. "Il faut penser le social autour de la tribu familiale, ce que font déjà les gens bourgeois parce qu'ils peuvent se permettre de déplacer leurs anciens. Dans le social, c'est interdit. Il faut décider que dans une tour HLM, il y aura des logements pour les vieux et des gens qui s'en occupent.