L'Etat demande aux mutuelles une contribution exceptionnelle. 5:23
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Antoine Terrel , modifié à
Dans le cadre de son budget 2021, l'État demande aux mutuelles une contribution d'1,5 milliard d'euros pour participer à la réduction du déficit de la Sécurité sociale. Sur Europe 1, le président de la Mutualité française Thierry Beaudet se dit d'accord avec l'idée d'une contribution exceptionnelle, mais en discute les termes. 
INTERVIEW

Les mutuelles vont devoir passer à la caisse. Dans le cadre du budget 2021 de l'État, présenté lundi matin en Conseil des ministres, le gouvernement leur demande une contribution exceptionnelle d'1,5 milliard d'euros sur deux ans afin de combler une partie du déficit de la Sécurité sociale. L'État compte ainsi récupérer une partie des montants non déboursés par les complémentaires santé pendant le confinement, lors duquel les dépenses de santé ont chuté, de nombreux Français ayant renoncé à se rendre chez le médecin.

Au micro d'Europe 1, Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, assure que les professionnels de son secteur sont "volontaires pour participer à l'effort collectif national". Mais, regrette-t-il, "les modalités et le montant sont discutables". Il redoute déjà de devoir, à termes, répercuter cette "surtaxe" sur les adhérents. Explications.

"Les mutuelles ne sont pas opposées à l'idée d'une contribution. Mais nous ne connaissons pas les conséquences dans la durée du Covid pour les mutuelles", précise Thierry Beaudet. "Pendant le confinement, des gens n'ont pas pu se soigner, et vont retourner chez le médecin. Il y a y avoir des rattrapages de soin." De plus, ajoute-t-il, la crise économique qui s'annonce et les millions de pertes d'emploi potentielles pourraient se répercuter sur les mutuelles. "Pas d'emploi, pas de prime, pas de cotisation mais une obligation pour les mutuelles de verser les prestations pendant un an", détaille-t-il. 

"Dans les mutuelles, il n'y a pas d'argent magique"

Reste que les mutuelles ont vu leurs dépenses diminuer de plus de deux milliards d'euros pendant le confinement. "Nous ne contestons pas ces chiffres", répond l'invité d'Europe 1. "Mais si je prends les moins de juin et juillet rapportés à ceux 2019, on a déjà constaté une augmentation des dépenses dentaires de 30% et d'optique de 20%."

Mais qui va payer pour compenser cette contribution exceptionnelle ? Les adhérents doivent-ils craindre une hausse des cotisations ? "Dans les mutuelles, il n'y pas pas d'argent magique", rappelle Thierry Beaudet, qui précise toutefois que, si "les cotisations des mutuelles ont augmenté de 2,5 à 3% par an en moyenne" ces dernières années, cette hausse ne sera pas plus forte que d'habitude cette année. 

Ce 1,5 milliard d'euros, "on aurait pu imaginer que, sous une forme à déterminer, on puisse le restituer aux adhérents", regrette Thierry Beaudet. Car 1,5 milliard, c'est globalement près de 25 euros par adhérent. "Ça aurait pu faire 100 euros (restitués) pour une famille et deux enfants".