Coronavirus : ce que contiennent les lettres échangées par Anne Hidalgo et Agnès Buzyn

"La Ville de Paris se mobilise pour contribuer à la veille sanitaire mise en place au niveau nationale par le Ministère des Solidarités et de la Santé", écrit Anne Hidalgo à Agnès Buzyn (photo d'archives).
"La Ville de Paris se mobilise pour contribuer à la veille sanitaire mise en place au niveau nationale par le Ministère des Solidarités et de la Santé", écrit Anne Hidalgo à Agnès Buzyn (photo d'archives). © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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Jonathan Grelier , modifié à
La candidate LREM à Paris Agnès Buzyn a affirmé lundi sur Europe 1 qu'il "n'y [avait] pas eu de contact avec la mairie de Paris" sur un éventuel plan d'action pour la capitale au sujet du coronavirus, lorsqu'elle était encore ministre. Lors d'une conférence de presse le premier adjoint de la maire sortante Anne Hidalgo a fourni aux médias, dont Europe 1, des lettres qui prouvent que des échanges ont eu lieu. 

A l'approche des élections municipales de mars, la bataille fait rage entre les prétendants à la mairie de Paris, notamment entre la candidate de La République en marche Agnès Buzyn et la maire sortante Anne Hidalgo. L'épidémie de coronavirus Covid-19 fait d'ailleurs l'objet d'une passe d'armes entre les deux candidates et leurs équipes depuis qu'Agnès Buzyn a affirmé lundi matin sur Europe 1 qu'il "n'y [avait] pas eu de contact avec la mairie de Paris" lorsqu'elle était encore ministre, quant à un éventuel plan d'action pour la capitale dans la lutte contre la maladie. "Il est très important d'anticiper. Il faut que l'ensemble des agents qui travaillent à la mairie soient préparés et formés", a déclaré Agnès Buzyn. "A mon avis ils ne le sont pas aujourd’hui". 

"La ministre a menti", estime l'entourage d'Hidalgo

Des affirmations qui ont fortement déplu à l'entourage d'Anne Hidalgo. Pour justifier un contact entre la Ville et le niveau ministériel, le premier adjoint d'Anne Hidalgo Emmanuel Grégoire a ainsi fourni aux médias, dont Europe 1, un échange de courriers entre la mairie et le ministère des Solidarités et de la Santé, lors d'une conférence de presse organisée lundi après-midi.

"La ministre a menti ce matin sur votre antenne", a ensuite dénoncé Emmanuel Grégoire sur Europe 1. "La ville de Paris est prête", a-t-il répondu à l'ex-ministre, évoquant des échanges "réguliers" et "depuis plusieurs semaines" avec "la Direction générale de la santé, l'Agence régionale d'hospitalisation et l'Agence régionale de santé". "Fin janvier, la maire avait elle-même saisi la ministre pour lui poser un certain nombre de questions sur les dispositifs à mettre en œuvre. L’ex-ministre semble oublier, mais elle lui a répondu", a-t-il souligné.

Entendu sur europe1 :
Heureusement qu’au lendemain des attentats de 2015, on n’a pas polémiqué à Paris avec les différents ministres

"J’ai écrit aussi à la ministre de la Santé, madame Buzyn à l’époque, fin janvier, pour lui demander quelles préconisations adopter vis-à-vis des enfants qui allaient rentrer de vacances scolaires et qui avaient passé des séjours en Chine et dans les régions impactées par l’épidémie", a répondu Anne Hidalgo mardi matin sur Europe 1. "Et elle m’a répondu d’ailleurs, ensuite, toujours ministre de la Santé, que la proposition que je faisais - qui était de demander aux parents de tenir les enfants à distance de l’école ou de la crèche pendant 14 jours s’ils avaient fait un séjour dans les zones impactées - que c’était plutôt une bonne décision."

"Dans un moment comme celui-ci, polémiquer sur quelque chose qui renvoie à une pandémie, à une situation de crise que nous allons connaître, c’est très grave. Heureusement qu’au lendemain des attentats de 2015, on n’a pas polémiqué à Paris avec les différents ministres", a encore attaqué l'actuelle maire de Paris.

>> Réécoutez la réponse d'Anne Hidalgo à Agnès Buzyn :

Un courrier envoyé le 31 janvier

Pour appuyer ses propos, l'adjoint a donc fourni aux médias deux lettres, qui prouvent l'existence de contacts entre la Ville de Paris et le ministère au sujet du virus. Le premier courrier, où figure la signature Anne Hidalgo, est adressé à la ministre Agnès Buzyn et daté du 31 janvier dernier. La maire de Paris y informe Agnès Buzyn que "dans le cadre de l'épidémie de coronavirus 2019-nCov en Chine, la Ville de Paris se mobilise pour contribuer à la veille sanitaire mise en place au niveau nationale par le Ministère des Solidarités et de la Santé".

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La maire de Paris écrit que sa ville "relaie ainsi régulièrement les informations et recommandations de la Direction générale de la Santé à ses services et diffuse sur ses panneaux lumineux et sur son site internet les conseils d'hygiène permettant de lutter contre la propagation des virus hivernaux".

"Je vous remercie vivement de votre mobilisation" 

La réponse du ministère de la Santé à la mairie de Paris est datée du 12 février, soit quelques jours avant le remplacement de Benjamin Griveaux par Agnès Buzyn, le 16. "Vous m'avez fait part des dispositions prises par la Mairie de Paris et ses équipes sur les informations et recommandations du Ministère en charge de la Santé, relatives à l'épidémie de coronavirus 2019 n-CoV en Chine et je vous remercie vivement de votre mobilisation, ainsi que de celle de vos services", indique le courrier adressé à Anne Hidalgo qui affiche la signature d'Agnès Buzyn.

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Il répond par exemple à une interrogation de la Ville de Paris "sur l'application de la période de confinement à 14 jours à l'ensemble des familles revenant de Chine". "Celle-ci est en adéquation" avec les recommandations du ministère, estime alors Agnès Buzyn.