L'UFC-Que Choisir porte plainte contre Nintendo pour des manettes défectueuses

Les "Joy-Con", les manettes de la Nintendo Switch, souffrent d'un problème récurrent de dégradation rapide du joystick.
Les "Joy-Con", les manettes de la Nintendo Switch, souffrent d'un problème récurrent de dégradation rapide du joystick. © Kazuhiro NOGI / AFP
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Près d'un an après avoir mis en lumière le problème des "Joy-Con Drift", un bug récurrent des manettes de la Switch, l'UFC-Que Choisir annonce porter plainte contre Nintendo pour obsolescence programmée. L'association de défense des consommateurs estime que la firme japonaise a sciemment continué de commercialiser des manettes défectueuses.

Nouvel épisode dans le combat de l'UFC-Que Choisir contre Nintendo : près d'un an après avoir mis en demeure la firme japonaise de régler un problème de manettes défectueuses, l'association de défense des consommateurs a porté plainte contre elle mardi auprès du procureur de la République de Nanterre. Malgré la promesse faite par Nintendo en début d'année de régler ce dysfonctionnement, appelé "Joy-Con Drift", l'UFC estime, après de nouveaux tests en laboratoire, que "la société continue de vendre des manettes qui ont vocation à tomber en panne avant la fin de la première année d’utilisation, en connaissance de cause".

Un défaut causé par un manque d'étanchéité

Le "Joy-Con Drift" est un bug relevé dès la sortie de la console en 2017 par des joueurs et relayé l'an dernier par l'UFC-Que Choisir. Concrètement, il s'agit d'un défaut présent sur de nombreuses manettes et créant des mouvements fantômes : sans bouger le joystick, celui-ci effectue des commandes, ce qui conduit par exemple un personnage à bouger tout seul ou un curseur à devenir incontrôlable dans les menus. C'est donc un problème qui peut empêcher purement et simplement de jouer. D'autant qu'il se double d'un autre problème : il n'est pas lié à l'ancienneté. 

Le laboratoire de l'UFC-Que Choisir a donc examiné les manettes de la Switch. Selon ses experts, le défaut a deux causes : "une usure prématurée des circuits imprimés" ou "un défaut d’étanchéité qui entraine une quantité inquiétante de débris et poussières au sein du joystick, dont l’origine paraît être à la fois interne et externe". Le laboratoire a relevé "un amas de saleté absolument pas normal", précise Raphaël Bartlomé, directeur juridique de l'UFC-Que Choisir. Alors que Nintendo fête les 35 ans de Super Mario, "il est ironique de constater que le père du célèbre plombier ne parvient pas à colmater un problème d’étanchéité de ses manettes…", commente le communiqué publié mardi matin.

Des manettes neuves tombent encore en panne

L'association, qui a reçu près de 10.000 témoignages de joueurs concernés, affirme que "65 % des consommateurs victimes ont constaté cette panne moins d’un an après l’achat des manettes". Nintendo a adapté sa politique de retour en conséquence. Les consommateurs ayant acheté une manette défectueuse peuvent la renvoyer au service client qui propose, si le bug est avéré, une réparation gratuite, y compris hors garantie. En sus, Nintendo a modifié ses manettes commercialisées depuis quelques mois "mais pas sur le problème à l’origine des pannes", relève l'UFC-Que Choisir. "Ce n'est qu'un palliatif, pas une solution définitive", regrette Raphaël Bartlomé.

"Aujourd'hui, on recueille les témoignages de consommateurs qui ont fait réparer leurs manettes pour faire un suivi, voir si le problème persiste. Et effectivement, on constate que des manettes neuves tombent toujours en panne", souligne le directeur juridique de l'UFC-Que Choisir. "À 70 euros la manette neuve, ce n'est pas normal. Nous considérons que c'est de l'obsolescence programmée", dénonce-t-il. D'où cette plainte qui vise à forcer le géant japonais à réagir. La France n'est pas le seul pays à pointer du doigt les manettes de Nintendo : aux États-Unis, une action de groupe est en cours depuis trois ans.