La Silicon Valley vent debout contre le décret de Trump sur l’immigration

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La Silicon Valley s'oppose au décret sur l'immigration de Donald Trump. © Josh Edelson / AFP
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La quasi-totalité des entreprises de la Silicon Valley dénoncent le décret de Donald Trump interdisant l’accès aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays majoritairement musulmans.

Les relations entre Donald Trump et la Silicon Valley n'ont jamais été évidentes, et les récentes décisions du 45ème président des Etats-Unis ne vont rien arranger... Depuis l'entrée en vigueur d'un décret signé par Donald Trump interdisant l'accès du pays aux ressortissants de sept pays, vendredi, la Silicon Valley est vent debout. Tout au long du week-end, les dirigeants des grands groupes californiens ont pris position contre la mesure, certains allant même jusqu'à manifester dans les aéroports pour montrer leur opposition.

La Silicon Valley largement concernée

"Une mauvaise décision", un acte "allant à l'encontre de l'éthique du pays et nos valeurs" ou encore "un pas en arrière", les patrons de la Valley ne mâchent pas leurs mots à l’encontre du décret de Donald Trump. Un tournant. Car si tous, ou presque, avaient soutenu Hillary Clinton durant la campagne, ils n'avaient jamais pris ouvertement position contre Donald Trump depuis son élection.

Mais la décision d’interdire l'accès au territoire américain aux ressortissants de sept pays (Yémen, Irak, Iran, Libye, Syrie, Somalie et Soudan) les concerne directement. Les entreprises de la Silicon Valley emploient en effet de nombreux immigrants. D'après Bloomberg, plus des deux tiers (67,3%) des employés dans l'informatique et les mathématiques sont des immigrants. Or, depuis l'entrée en vigueur du décret signé par Donald Trump, certains employés sont bloqués hors des Etats-Unis. Plus d'une centaine seraient par exemple affectés chez Google. 

Dans un mail envoyé à tous ses salariés, Sundar Pichaï, le patron de Google, déplore "l’impact de cet ordre sur les salariés de Google". "Nous avons toujours fait connaître notre point de vue sur les questions d'immigration et nous continuerons à le faire entendre" prévient Sundar Pichaï, co-fondateur de l'entreprise, et lui-même immigrant, qui a été aperçu à une manifestation contre la mesure de Donald Trump à l'aéroport de San Francisco dimanche.

"Apple n'existerait pas sans l'immigration"

Le patron d'Apple, Tim Cook, s'est lui aussi exprimé à propos du décret de Donald Trump dans un email à tous les salariés de l'entreprise. "Apple n'existerait pas sans l'immigration", assène le CEO. "Dans mes échanges avec Washington cette semaine, j'ai clairement fait savoir qu'Apple croyait en l'immigration, aussi bien pour notre entreprise, que pour notre pays", écrit Tim Cook. "Ce n'est pas une décision que nous soutenons", conclut le patron. Reed Hastings, fondateur et CEO de Netflix, abonde lui aussi en ce sens : "Il est temps de joindre les mains pour protéger les valeurs américaines de liberté et d'opportunité" alors que les Etats-Unis vivent "une semaine très triste".

Du côté de Twitter, on explique dans un tweet que le réseau social "a été créé par des immigrants de toutes les religions" et que l'entreprise "sera toujours à leur côté". Le patron du réseau social à l'oiseau bleu, Jack Dorsey, a également réagi sur son compte personnel en rappelant que les Etats-Unis "bénéficient de ce que les réfugiés et les immigrants apportent".

Une aide juridique pour les salariés concernés

Alors que les voyages sont réguliers pour les employés de la Silicon Valley, certains se retrouvent désormais bloqués hors du pays. Face à cela, la plupart des entreprises ont annoncé la mise en place d'une assistance juridique. "Nous travaillons activement pour fournir une aide juridique et de l'assistance (à nos employés)", a notamment expliqué un porte-parole de Microsoft alors que l'entreprise dénonce "un décret dévoyé et (...) un grave recul". "Il y a des façons plus efficaces de protéger le public sans créer autant de dommages collatéraux à la réputation et aux valeurs du pays", soutient la firme de Redmond.

Enfin, certaines entreprises ont pris d'autres mesures pour venir en aide aux personnes impactées par le décret. Sur Twitter, le fondateur et CEO d'Airbnb, Brian Chesky, a annoncé que sa société "allait fournir un hébergement gratuit aux réfugiés et à toute personne interdite d'entrée aux Etats-Unis", tout en pointant du doigt le risque de "division" pour les Etats-Unis et en appelant à "être avec ceux qui sont concernés" par le décret de Trump.