Vendée Globe : encore trop "peu de moyens" pour les femmes navigatrices, juge Alexia Barrier

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Séverine Mermilliod , modifié à
La navigatrice Alexia Barrier, 10e femme à terminer un Vendée Globe, est arrivée à bon port dimanche dernier après 111 jours en mer. Sur Europe 1 dimanche, elle a regretté qu'il y ait encore "trop peu de moyens pour les femmes qui veulent faire de la course au large", alors même qu'il s'agit d'un des rares sports où les femmes peuvent "courir contre les garçons". 
INTERVIEW

Dimanche 3 mars, Alexia Barrier a bouclé son tour du monde du Vendée Globe en 111 jours, à bord de celui qu'elle appelle affectueusement "le Pingouin". Elle est ainsi devenue la dixième femme à réussir cet exploit, et la sixième à terminer la course 2021 sur six femmes au départ. Il n'y en avait jamais eu autant à s'élancer dans un Vendée Globe, ce qui selon elle montre qu'il y a encore "trop peu de moyens", financiers notamment, "pour avoir un bateau et une équipe "à la hauteur des capacités et du talent" des navigatrices, explique-t-elle dimanche sur Europe 1.

Avoir des moyens financiers "à la hauteur"

Clarisse Crémer était aussi sur la ligne de départ du Vendée Globe. Elle est devenue la navigatrice la plus rapide de l'histoire de cette course, en bouclant son tour du monde en 87 jours, battant ainsi le record de Ellen MacArthur. Mais pour Alexia Barrier, cela aurait dû arriver bien plus tôt. "Clarisse a fait une super course. Néanmoins, ce record, il a 20 ans. Ça veut dire qu'il y a eu quand même quelques Vendée Globe depuis Ellen MacArthur. Et très peu de moyens, finalement, pour les femmes qui veulent faire de la course au large au niveau de projets gagnants. Cela veut dire avec les moyens financiers pour avoir un bateau à la hauteur et une équipe à la hauteur."

"J'espère qu'on va avoir au moins autant de filles sur la prochaine édition du Vendée Globe, mais surtout les moyens à la hauteur de nos capacités et de notre talent pour figurer aux avant postes", demande donc la navigatrice, pour qui les femmes n'ont pas encore la place qu'elles méritent dans ce sport. "Mais pas que la course au large", ajoute-t-elle, à la veille de la journée internationale des droits des femmes. "Malheureusement, sur la place des femmes dans la société, il y encore un peu de travail". 

"Pas une histoire de genre ou de force physique"

La course au large est d'ailleurs un des rares sports mixtes. "On a beaucoup de chance, que ce soit moi ou les autres filles de la course au large. On trouve ça plutôt normal, en fait, de pouvoir courir contre les garçons. Quand on est en mer, nous sommes des marins face aux éléments. Ce n'est pas une histoire de genre ou de force physique, on a vraiment notre place dans ce sport. Ça, c'est assez fantastique", reconnaît-elle.

D'où le besoin qu'on leur donne les moyens de pouvoir courir à égalité avec les hommes, notamment du côté des sponsors. "Et pas demander, comme ça m’est arrivé en allant voir des sponsors : 'Mais vous avez quel âge ? Mais vous ne pensez pas que ce serait mieux de rester à la maison, d'avoir des enfants ?' On a encore des réflexions comme ça. C'est hallucinant !". 

Alexia Barrier est donc devenue la 10e femme à boucler un Vendée Globe, qui plus est à bord d'un bateau qui a 22 ans : "Je suis absolument ravie d'avoir bouclé mon premier tour du monde avec un bateau au top du recyclage", s'amuse-t-elle. "Beaucoup de personnes pensaient que je ne finirai pas cette course avec mon vieux bateau, donc rien n’est impossible."