Soupçons de matches arrangés en Ligue 2 : à la barre, les ex-propriétaires de Nîmes démentent

Jean-Marc Conrad, ex-président des Crocodiles nîmois a réfuté toute tentative de corruption lundi à la barre.
Jean-Marc Conrad, ex-président des Crocodiles nîmois a réfuté toute tentative de corruption lundi à la barre. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP
Au premier jour du procès pour une affaire de corruption remontant à 2014, les ex-propriétaires du club de Nîmes ont proposé lundi leur propre interprétation des écoutes téléphoniques.

Les anciens propriétaires du club de football de Nîmes, soupçonnés d'avoir essayé d'arranger des matches du club en 2014 pour le maintenir en Ligue 2, ont réfuté lundi à l'ouverture de leur procès toute tentative de corruption.

Un dîner entre dirigeants nîmois et bastiais. En présence des neuf hommes prévenus dans cette affaire, le tribunal correctionnel de Paris s'est penché sur le premier match de Nîmes après sa reprise par le duo formé par Jean-Marc Conrad, alors président, et Serge Kasparian, ex-actionnaire principal : un nul 0-0 contre Bastia, le 11 avril 2014. Nîmes était alors menacé de relégation en National, et Bastia assuré d'y descendre. À la veille du match, Jean-Marc Conrad, nouveau président des Crocodiles nîmois, avait dîné à Bastia avec le président du club corse, Antoine Emmanuelli, dans un restaurant chic de poissons.

Une autre interprétation des écoutes. À l'issue, placé sur écoute, il avait expliqué à sa femme que la soirée n'était "pas aussi bonne que ce que je pensais". "- T'as perdu la main?" "- J'ai pas perdu la main mais bon, c'est un peu compliqué". Le 15 avril, le patron d'un club amateur soupçonné d'avoir joué le rôle d'intermédiaire, Franck Toutoundjian, l'avait interrogé : Bastia n'a "pas voulu" ? "Non, avait répondu Conrad. C'est pas faute d'avoir essayé". Des écoutes qui, selon les enquêteurs, révèlent une tentative infructueuse d'arrangement du match, mais dont les prévenus ont une tout autre lecture.

Des informations sur "l'état d'esprit" des Bastiais. En jean et veste bleue à la barre, Jean-Marc Conrad assure qu'il s'agissait uniquement d'obtenir des informations sur "l'état d'esprit" des Bastiais auprès de leurs président. "En sortant du dîner, j'ai compris que ça allait être très dur". Il semble regretter a posteriori un manque de prudence dans l'expression: "Tous les matches sont préparés, j'ai appris à mes dépens que ce qu'on peut se dire entre nous sur le ton de la boutade est parfois" sorti de son contexte.

"S'assurer" que Nîmes soit "bien reçu". Mêmes accusations d'écoutes décontextualisées de la part de Serge Kasparian qui, tout de noir vêtu, triture, nerveux, ses lunettes à la barre. En mars 2014, à un Corse membre du cercle de jeux parisien Cadet, qu'il dirigeait, Serge Kasparian demandait : "Commence à machiner, on a absolument besoin (...), on donnera ce qu'il faut". Serge Kasparian assure qu'il ne s'agissait que d'activer ses réseaux corses pour s'assurer que Jean-Marc Conrad serait "bien reçu" à Bastia.

"Arranger une équipe" ? Mais d'autres écoutes semblent attester une tentative d'arrangement. "Il faut qu'on se sauve sinon on va descendre en National", s'inquiétait-il début avril 2014. "Mais bon, on arrange deux ou trois matches, attends". À la barre, le sexagénaire se récrie : "Arranger, ça veut pas dire spécialement qu'il y a corruption, on peut arranger une équipe, une manière de jouer !"

Sept matches passés au crible. Dans une autre écoute, son fils avait évoqué une contrepartie de 50.000 euros pour le club corse et ses joueurs. "Y'a jamais eu d'argent, jamais !", jure Kasparian. "-Est-ce qu'il y a eu autre chose?", demande le président. "-Non".  Au total, sept matches seront ainsi passés au crible. Nîmes s'était finalement maintenu en L2 à l'issue de la saison 2013-2014, sans qu'il soit établi que des tentatives d'arrangement y aient été pour quelque chose. Le procès se poursuit jusqu'à vendredi.