Pourquoi on adore détester Cristiano Ronaldo

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Cristiano Ronaldo : "Je suis passé à ça d'une immense popularité." © LLUIS GENE / AFP
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L’attaquant du Real Madrid Cristiano Ronaldo a remporté un quatrième Ballon d’Or. Et pourtant, une grande partie des fans de foot ne peut toujours pas le voir en peinture. 

2016 a été une nouvelle année Cristiano Ronaldo. Sans même être un immense connaisseur de foot, vous avez sans doute remarqué qu’il a remporté deux trophées, d’abord la Ligue des champions puis ensuite l’Euro, qu’il nous a pris, à nous Français. Lundi soir, CR7 a donc logiquement hérité d’un quatrième Ballon d’Or, devançant Lionel Messi et le Français Antoine Griezmann. Sur les dix dernières années, il est monté à neuf reprises sur le podium du Ballon d'Or. Et pourtant, CR7 continue d’attirer moqueries et détestation. Mais pourquoi donc ?

Un gros (gros) manque d’humilité. Si Cristiano Ronaldo est autant détesté, c’est avant tout parce qu’il énerve. "Il est beau, il est grand, il est fort et en plus, il ne se cache pas quand il réussit", explique Chérif Ghemmour, journaliste pour le mensuel So Foot. "On préfère souvent les gens qui ont la victoire plus humble". Quand il gagne, le Portugais a l'habitude de montrer ses muscles ou de tendre l’oreille pour provoquer le public quand il joue à l’extérieur.

Son côté besogneux ne plaide pas pour lui. Cristiano Ronaldo a souvent répété qu’il avait énormément travaillé pour en arriver là. Des heures et des heures d’entraînement à répéter les mêmes gestes. Des centaines et des centaines de frappes pour réussir le coup franc parfait. "On préfère les joueurs à l’aisance plus innée comme Zinédine Zidane ou même Lionel Messi", estime Chérif Ghemmour. "Chez Ronaldo, on sent plus la souffrance et la sueur". Le reproche est lâché, CR7 est trop besogneux pour éblouir.

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Pas toujours un bon camarade. Regardez un clasico entre le Real Madrid et le FC Barcelone et tentez d’observer les différences de comportement entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Une chose va très rapidement vous frapper : les gestes d’énervement à répétition de CR7. Quand l’Argentin ne s’emportera jamais contre un coéquipier, le Portugais, lui, s’impatiente d’un ballon qui tarde à arriver, peste contre un partenaire qui a raté sa passe ou son centre.

Trop associé au Real Madrid… En Espagne et dans toute l’Europe du foot, il est un club que les gens adorent détester : le Real Madrid. Longtemps associé au pouvoir central sous le franquisme, le Real a ensuite été le club du Roi. "Les gens détestent tout ce que représente le Real, cette toute puissance, cet argent qui coule à flots en permanence", indique Chérif Ghemmour. "Il subit beaucoup la mauvaise image de son club. Quand il jouait à Manchester United, il était beaucoup plus apprécié."

… et à José Mourinho. Cristiano Ronaldo n’a pas non plus toujours choisi les meilleurs alliés. Lorsque José Mourinho entraînait les Merengue, de 2010 à 2013, CR7 l’a toujours suivi et soutenu. Une fidélité aveugle qui lui a fait perdre des points. "Quand Mourinho se pointait en conférence de presse pour critiquer les arbitres ou se plaindre de la violence de certains adversaires, Cristiano Ronaldo était toujours à ses côtés", rappelle Chérif Ghemmour.

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L’exploitation commerciale de son nom agace. Cristiano Ronaldo a compris avant tout le monde l’intérêt commercial qu’il avait à associer son nom à une marque. Sa réussite sportive a rapidement porté un nom : CR7. Et là aussi, il a certainement agacé l’opinion publique en étant partout, sur les affiches publicitaires dans la rue jusqu’aux paquets de céréales. Et tout cet argent récolté, certains avancent qu'il a pu le dissimuler dans des paradis fiscaux pour payer beaucoup, beaucoup moins d'impôt…

Mais pourquoi toujours lui ? Il y a deux ans, en finale de la Ligue des champions contre le rival madrilène, l’Atletico, Cristiano Ronaldo inscrit le but du 4-1 sur penalty. Il enlève immédiatement son maillot et crée une immense polémique en Espagne. "Trop insolent", jugent les uns. "Messi n’aurait jamais fait ça", expliquent d’autres. Et pourtant, tout le monde n’avait pas été aussi dur avec Mario Balotelli deux ans auparavant. À l’Euro 2012, l’attaquant italien avait fait tomber le haut après un but sensationnel, en demi-finales contre l’Allemagne. "Cette anecdote, parmi tant d’autres, prouve bien qu’on est toujours plus dur avec Cristiano Ronaldo", estime Chérif Ghemmour qui trouve finalement "assez injuste" cette détestation. Et de conclure sur une question : "Peut-être connaîtra-t-il une plus grande popularité après la fin de sa carrière ?".