Ovation, flegme et chewing-gum : zoom sur la première de Thierry Henry sur le banc de Monaco

Thierry Henry Monaco 1280
Thierry Henry a vécu une première soirée cauchemardesque sur le banc monégasque. © FREDERICK FLORIN / AFP
  • Copié
, modifié à
On connaissait Thierry Henry joueur, voici Thierry Henry entraîneur. Malgré la défaite de Monaco contre Strasbourg, le premier match de 'Titi' sur un banc de Ligue 1 a livré quelques enseignements sur son approche du coaching.

Honneur, stress, malchance et finalement déception : Thierry Henry est passé par toutes les émotions samedi pour son premier match en tant qu'entraîneur de l'AS Monaco, sur la pelouse de Strasbourg à l'occasion de la 10ème journée de Ligue 1. Des débuts marqués, avant le match par une ovation des supporters de la Meinau pour le champion du monde 1998, et à la fin par une nouvelle défaite de l'AS Monaco (2-0), toujours en crise malgré l'arrivée de Thierry Henry.

Accueil chaleureux. Tout avait pourtant bien commencé pour le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France. Alors qu'on le dit parfois fâché avec la France, il a été ovationné à son entrée sur la pelouse de la Meinau. Le public strasbourgeois, pas toujours le plus accueillant pour les équipes adverses, a cette fois réceptionné 'Titi' par des acclamations au moment où il a fait son apparition sur le terrain, pour superviser l'échauffement de Monaco. La star de 41 ans, emmitouflée dans un anorak qui n’était pas sans rappeler celui qui a fait la légende d’Arsène Wenger, son entraîneur et mentor pendant ses années à Arsenal, a remercié le public strasbourgeois.

Interrogé sur l'attention médiatique, forcément hors norme pour les débuts sur le banc du champion du monde 1998, ce dernier a répondu auprès du diffuseur BeIN Sports : "ça me touche, quelque part, mais après tu redescends sur Terre parce qu'il faut essayer de prendre des points ici. J'essaie de ne pas trop lire ce qui se dit, de rester proche du groupe". "J'ai hâte que ça commence", a-t-il encore confié avec son flegme naturel, avant le début du match. Entouré d'une nuée de photographe à quelques instants du coup d'envoi, Henry est resté impassible en mâchant son chewing-gum, avant de recevoir une chaleureuse accolade de son homologue strasbourgeois, Thierry Laurey.

Pas aidé par son effectif limité. Le rêve a tourné au cauchemar dès que le match a commencé. Alors que les débats étaient plutôt équilibrés, Thierry Henry a observé depuis le banc de touche la boulette de son gardien Seydou Sy qui a offert l'ouverture du score à Thomasson (17e). Le coach monégasque semblait alors dépité, le regard tourné vers l'écran géant du stade, mais n'a pas tardé à reprendre ses esprits pour réconforter son portier et lui demander de se remettre immédiatement dans le match.

Il faut dire que Thierry Henry n'était pas aidé pour son premier match, obligé de composer avec de nombreuses absences. Jemerson et Andrea Raggi étaient suspendus tandis que Willem Geubbels, Rony Lopes, Pietro Pellegri, Diego Benaglio, Danijel Subasic et Kevin N'Doram sont à l'infirmerie. Un contingent qui s'est malheureusement agrandi avec la blessure en fin de première mi-temps du capitaine Radamel Falcao. Bref, la poisse pour Henry.

Guigne et calme impassible.Le scénario du match, frustrant pour les Monégasques, n'a pas arrangé les affaires de 'Titi'. Mâchant frénétiquement son chewing-gum et discutant à de multiples reprises avec ses assistants pour tenter de trouver des solutions, le néo-entraîneur a pu constater les lacunes de son équipe et le chemin qu'il devra parcourir pour relancer un effectif en manque flagrant de confiance. Au fil des minutes qui s'écoulaient et alors que son équipe ne parvenait pas à revenir au score, le visage du champion du monde 1998, déjà avare en émotions, s'est progressivement fermé.

Thierry Henry

Et la guigne n'a pas lâché Thierry Henry puisque Monaco a terminé la rencontre à dix après l'expulsion sévère de Samuel Grandsir pour un pied haut sur Anthony Gonçalves (66e), deux minutes après son entrée en jeu. Halluciné par la décision de l'arbitre, Thierry Henry a lâché un "Waouh" interloqué, observant la situation la bouche ouverte (un rare moment de répit pour le chewing-gum martyrisé). Pour autant, alors qu'il aurait pu s'emporter, 'Titi' est resté très calme sur le coup, ne s'approchant jamais du corps arbitral. 

Proche de ses joueurs. Côté coaching, Thierry Henry a passé l'intégralité du match debout dans sa zone technique. Main devant la bouche au moment de donner ses consignes ou d'échanger avec ses adjoints, comme tout entraîneur qui se respecte, 'Titi' s'est montré très bavard, s'adressant très fréquemment à ses joueurs pour les replacer. Il s'est beaucoup appuyé sur Youri Tielemans, son principal relais sur le terrain : Henry a côtoyé le milieu belge avec la sélection des Diables Rouges ces deux dernières années quand il était l'adjoint du sélectionneur Roberto Martinez. C'est toutefois à Kamil Glik qu'il a confié le brassard après la blessure de Falcao.

Mais rien n'y a fait : même dans leur période de domination autour de l'heure de jeu, les Monégasques n'ont que peu inquiété les Strasbourgeois. Et le regard noir de Thierry Henry sur le deuxième but des locaux en disait long quant au challenge qui l'attend sur le Rocher dans les prochaines semaines. Malgré tout, celui qui fut joueur de Monaco de 1994 à 1999, n'a pas oublié les supporters en intimant à ses joueurs d'aller saluer, après le coup de sifflet final, les quelques valeureux qui avaient fait le déplacement depuis la Côte-d'Azur.

Solidarité entre Thierry

Après le match, Thierry Henry a reçu le soutien de Thierry Laurey, l'entraîneur de Strasbourg. "Je lui ai souhaité bonne chance, j'étais très heureux de voir Thierry Henry revenir dans le championnat de France, il a une connaissance parfaite du football, de l'histoire du foot, il a cette passion. Il est fait pour devenir entraîneur, un très bon entraîneur même", a assuré le gagnant du jour, qui a gratifié Henry d'une belle accolade avant et après le match. "Je lui ai dit : 'vous n'avez pas eu de réussite, accroche-toi ça va tourner'. Je ne suis pas inquiet pour lui, mais laissez-le travailler."