Mondiaux d’athlétisme : le déclin du sprint jamaïcain

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Yohan Blake se prend la tête à deux mains après la blessure d'Usain Bolt sur le relais 4x100 m. © AFP
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V.D.-M. , modifié à
La sortie ratée d’Usain Bolt n’est pas le seul échec de la Jamaïque aux Mondiaux de Londres. 

Habituée depuis dix ans à se goinfrer d'or en sprint avec la légende Usain Bolt (19 médailles d'or entre JO et Mondiaux) et ses filles, la Jamaïque est tombée de haut lors des Mondiaux. De très haut même.

Bolt, la sortie ratée. Pour sa dernière course individuelle dans un grand championnat, Bolt a connu Une énorme désillusion sur 100 m, en ne prenant que la troisième place d'une course remportée par son rival américain Justin Gatlin. Puis, samedi, le recordman du monde du 100 m (9''58) et du 200 m (19''19) a connu une terrible blessure sur le relais 4x100 m. S’il a eu droit à un bout de piste dimanche soir, offert par le président de l’IAAF (Fédération internationale d’athlétisme), Sebastian Coe, Usain Bolt rêvait sans aucun doute d’une meilleure fin pour ses derniers Mondiaux.

Revivez les adieux d'Usain Bolt sur le relais 4x100 m :

"Je ne pense pas qu'un mauvais championnat puisse changer tout ce que j'ai réalisé dans ma carrière", a estimé le Jamaïquain aux 19 médailles d'or olympiques (8) et mondiales (11). Personne n’osera dire le contraire mais, dans quelques années, quand on évoquera la magie Bolt, ces dernières images dramatiques reviendront forcément à l'esprit.

Thompson, la "Bolt au féminin" passe elle ausi à côté. L’an dernier à Rio, Elaine Thompson avait signé un doublé retentissant (100 m et 200 m). Un an plus tard, elle était l’immense favorite. Mais elle a poussé la ressemblance avec son alter ego masculin jusqu’au bout, avec un gros échec sur la ligne droite. Après avoir dominé les demi-finales, la sprinteuse jamaïcaine s’est totalement effondrée en finale, terminant cinquième et laissant le titre à l’Américaine Tori Bowie.

Thompson

Blake n’a même pas fait illusion. Après deux saisons de blessures, Yohan Blake a lui aussi beaucoup déçu lors de ces Mondiaux. Le partenaire d'entraînement et dauphin de Bolt aux Jeux de Londres 2012 sur 100 et 200 m, n'a pas confirmé son retour en forme annoncé par des chronos prometteurs au printemps. Il a terminé au pied du podium sur 100 m et n’a même pas réussi à se qualifier pour la finale du 200 m.

La Jamaïque à la recherche de nouveaux talents. Même dans les relais (4x100 mais aussi 4x400 m), la Jamaïque n’a pas réussi à monter sur la plus haute marche du podium. Comme Le Monde l’a noté le 8 août dernier, le pays ne possède plus le même réservoir de sprinteurs qu’il y a quelques années. Pour preuve, Elaine Thompson a écrasé les championnats nationaux de la Jamaïque cette année avec 34 centièmes d’avance sur sa dauphine (10''71 contre 11''04). En 2008, cinq athlètes avaient couru sous les 10''87… Cette année-là, la Jamaïque réalisait d'ailleurs un incroyable triplé sur 100 m féminin aux Jeux de Pékin.

La lutte antidopage, une autre raison ? La deuxième raison est plus délicate à avancer. Ces dernières années, la Jamaïque a intensifié les contrôles antidopage, ce qui a pu décourager certains tricheurs. Usain Bolt a d'ailleurs perdu l'un de ses neuf titres olympiques suite au contrôle positif de l'un des ses compatriotes sur le relais 4x100 m en 2008, Nesta Carter. Interrogé après le 100 m sur les possibles effets de la lutte antidopage, Usain Bolt a répondu très sèchement. "C’est très irrespectueux", a-t-il rétorqué. "J’ai prouvé, nous avons prouvé que nous avions travaillé dur". Circulez, il n'y a rien à voir. Et surtout d'explication à trouver, pour "La Foudre". 

Sur les haies, McLeod sauve les meubles. Épreuve à part, le 110 m haies a permis à l'athlétisme jamaïquain de sauver ce qui pouvait encore l'être. Titré à Rio l’an passé, Omar McLeod a tenu son rang, décrochant le seul titre mondial pour l’île caribéenne, cette semaine, à Londres. Malgré lui et avec la retraite de Bolt, les obstacles sont désormais nombreux sur la route de l'athlétisme jamaïcain.

McLeod