Jean Le Cam LeCam 3:25
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Improbable quatrième du Vendée Globe, Jean Le Cam a vécu une course très difficile pendant deux mois et demi. Son épopée s'est considérablement compliquée lorsque sa coque a connu une avarie et quand il s'est cassé une cote. Il dresse un bilan malgré tout positif de cette aventure hors du commun.
INTERVIEW

Pour lui, c'était plus qu'une course. Jean Le Cam, arrivé jeudi soir aux Sables-d'Olonne au terme de ce Vendée Globe exceptionnel, a vécu des moments "insoutenables" pendant deux mois et demi. Il termine finalement quatrième. "Je voulais prendre la place du con pour que quelqu'un ne la prenne pas à ma place." Le skipper de "Yes We Cam !" raconte, vendredi soir, au micro d'Europe 1, toutes les galères qu'il a rencontrées durant ce marathon des mers. Il évoque aussi la belle leçon d'humanité et les moments "magiques" qu'il retient de cette période, de laquelle il ressort avec une cote cassée.

Pas un mot sur l'avarie

Lors de son arrivée dans le chenal, aux Sables-d'Olonne, Jean Le Cam a été accueilli par la chanson Que je t'aime, de Johnny Hallyday, légende qu'il adule. "Faut-il connaître la haine pour connaître l'amour ?", y dit le chanteur. "Ce sont des belles paroles, sorties du contexte de Johnny Hallyday. Pour nous, le Vendée Globe, ce sont des contrastes. Je me suis largement questionné : 'Est-ce qu'il faut connaître le mal pour connaître le bien ?' Ces questions-là, tu te les poses profondément quand tu viens de faire ce qu'on vient de faire."

" Si je fais le Vendée Globe, c'est aussi pour les autres "

Ce qu'il vient de faire, c'est une course folle, avec de nombreux rebondissements. Il y a évidemment le sauvetage de Kevin Escoffier, le 30 novembre, au large du Cap de Bonne-Espérance. Il y a cette cote cassée, qui le gêne encore un peu, concède-t-il sans s'épancher sur cet incident. Il y a enfin cette avarie qu'il a connue sur la coque de son bateau, et qui a rendu sa navigation des plus compliquées. Un problème dont il ne dira rien, jusqu'au bout de la course. "C'était quelque chose qui n'avait pas forcément lieu d'être au regard et aux analyses des uns et des autres", tranche le marin. "Je pense que si je fais le Vendée Globe, c'est aussi pour les autres. C'est pour leur donner, quelque part, quelque chose de bénéfique dans cette période, donc j'ai gardé cette information pour moi, tout simplement."

"Se serrer les coudes"

Car pour Jean Le Cam, ce Vendée Globe signifiait bien plus cette année, en raison de la crise du coronavirus et du désarroi qui s'est emparé des Français : "On leur donne un petit morceau de quelque chose qui les fait rêver et qui les passionne", assure le skipper breton. "Par les temps qui courent, je pense que c'est vraiment essentiel d'avoir tous ces gens à qui tu apportes quelque chose de positif."

"Je me suis aperçu d'une chose", poursuit Jean Le Cam, toujours ému au lendemain de son arrivée. "Beaucoup de gens, notamment hier soir (jeudi soir, ndlr) où il y avait une ambiance très forte, très soutenue, très intense, me disaient merci. Moi, je leur disais aussi merci. Quand deux personnes ou deux groupes se disent merci, ça veut dire qu'ils tutoient le vrai partage, la vraie solidarité, la vraie connivence. Dans les moments qu'on vit, il faut se serrer les coudes."