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François Dujarrier , modifié à
L'attaquant du Real Madrid n'a plus joué avec les Bleus depuis le 8 octobre 2015. Mais alors qu'il sur-performe avec son club, son absence continue de diviser. Au point de dépasser le cadre du simple football ?  C'est la question posée par Lionel Rosso à Alain Roche, Grégory Schneider et Jean-François Pérès. 

Titulaire indiscutable au Real Madrid, Karim Benzema n'est pourtant toujours pas rappelé en équipe de France par le sélectionneur Didier Deschamps. Samedi, Noël Le Graët, le président de la FFF, a semblé mettre un terme au débat, en affirmant que l'attaquant ne reviendra pas en équipe de France. Mais son cas continue bel et bien de diviser, comme l'a montré le débat tenu dimanche dans Europe 1 Sport. 

"Je ne comprends pas pourquoi Noël Le Graët parle du cas Benzema et prend l'initiative de dire que 'Benzema c'est terminé en équipe de France'. Ce n'est pas à lui de le faire, mais au sélectionneur", assène ainsi notre consultant Alain Roche. "Cette histoire prend des proportions importantes, surtout lorsque que l'on parle du meilleur attaquant qu'on n'ait jamais eu". 

Et si la France du football est coupée en deux, le journaliste de Libération Grégory Schneider rappelle que l'affaire Benzema a toujours dépassé les simples frontières du football. "Le cas Benzema a démarré avec ce chantage de sex-tape (à l'encontre de Mathieu Valbuena, ndlr), une affaire hors du foot qui n'est pas encore jugée", souligne-t-il. "Il a été écarté une première fois en décembre 2015 entre les deux tours des élections régionales, avec la montée du FN. Le clan de Benzema l'a fait remarquer. Manuel Valls (le Premier ministre à l'époque) s'est prononcé pour l'éviction de Benzema. Tout le monde s'est emparé de cette histoire et le clan du joueur a perçu cette affaire comme une histoire politique". 

" Si l'Euro 2016 avait eu lieu en Autriche, Benzema y aurait été "

Et pourtant, Karim Benzema a bel et bien failli revenir rapidement avec les Bleus. "Noël Le Graët avait entrepris son conseil fédéral pour préparer un retour de Benzema avant l'Euro 2016", assure Grégory Schneider. "Il avait même dit que cette histoire pourrait devenir un symbole. Mais au dernier moment, Deschamps n'a pas pris Benzema", poursuit le journaliste. 

L'Euro 2016 s'est donc finalement déroulé sans Karim Benzema. "Le sélectionneur avait besoin d’entraîner tout le public français derrière lui, parce que c'était un euro à domicile", affirme le journaliste de Libération. "Deux personnes du Conseil fédéral me disent à l'époque que si l'Euro 2016 avait eu lieu en Autriche, Benzema y aurait été."

Entendu sur europe1 :
Dider Deschamps a soutenu Benzema très longtemps quand il ne marquait pas

Mais le vrai tournant, c'est  l'historie du graffiti sur la maison de Didier Deschamps, accusant le sélectinneur de "raciste". "Deschamps, à ce moment-là, a dit stop. C'était terminé pour Benzema", tranche le journaliste. Et de conclure : "Ce sont plein de petites choses qui n'ont rien à voir avec le foot." 

Alain Roche compare le cas de Benzema avec celui de l'Euro 1996. A l'époque, Aimé Jacquet n'avait pas sélectionné Eric Cantona et David Ginola, les deux joueurs étant alors perçus comme trop "clivant". "Benzema doit se sentir lésé. Il n'est pas jugé sur un point de vu sportif, mais sur un problème de groupe", déplore l'ancien joueur du PSG.

Mais pour Jean-François Pérès, on oublie trop souvent que Dider Deschamps a longtemps été un soutien indéfectible du joueur. "Je n'aimerais pas non plus que l'on fasse un faux procès à Didier Deschamps. Il a soutenu Benzema très longtemps", rappelle le chef du service des Sports d'Europe 1. "N'oublions pas que lorsque Benzema n'a pas marqué pendant une dizaine de matches, Deschamps lui avait renouvelé sa confiance."