SÉRIE - France-Allemagne, une rivalité européenne, épisode 1 : Euro 2016, le Vélodrome en fusion

Vélodrome France Allemagne Euro 2016 ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Les joueurs français lancent un clapping après la victoire contre l'Allemagne, en demi-finales de l'Euro 2016. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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La France affronte l’Allemagne mardi 15 juin lors de la première journée de la phase de groupes de l’Euro 2020. L’occasion pour Europe 1 de revenir sur cette rivalité toujours aussi vivace aujourd'hui. Premier épisode : la demi-finale de l’Euro 2016 remportée par les Bleus (2-0) dans une ambiance phénoménale au stade Vélodrome. 
TÉMOIGNAGE

Il fut un temps où l’Allemagne hantait les pires cauchemars des supporters de l’équipe de France. Le drame de Séville en demi-finale du Mondial 1982 avec l’attentat de Schumacher sur Battiston (3-3, 5-4 t.a.b), la défaite quatre ans plus tard à nouveau aux portes de la finale (2-0) puis la tête de Hummels pour sortir les Bleus de Didier Deschamps en quarts de finale de la Coupe du monde 2014 (1-0) : pendant longtemps, à la fin, c’était la Mannschaft qui gagnait. Mais la série noire s’est arrêtée le 7 juillet 2016. En demi-finale de "son" Euro, la France brise la malédiction grâce à un doublé d’Antoine Griezmann (2-0), dans un stade Vélodrome incandescent.

Pour tous les supporters tricolores présents ce soir-là à Marseille, cette rencontre reste un moment béni, avec le souvenir d’une ambiance bouillante comme rarement. Europe 1 retrace cette folle journée du 7 juillet 2016, à quelques jours d’un France-Allemagne très attendu pour la première journée de la phase de poules de l'Euro 2020, le 15 juin prochain. 

Avant le match : un défilé festif et bon enfant jusqu’au stade 

En ce jour d’été, la France se réveille sous une chaleur accablante. La canicule n’a pourtant pas découragé les fans des Bleus, qui commencent à affluer en nombre sur la Canebière dès les premières heures de la journée. Guillaume et Cyril, deux membres des Irrésistibles français, le principal groupe de supporters français, arrivent à la gare Saint-Charles dans la matinée, depuis Paris. Direction l’hippodrome Borély, tout près des plages du Prado, où la Fédération française de football a installé pour l’occasion une "Casa Bleue", cette "maison" éphémère qui accueille les fans tricolores avant chaque match à domicile comme à l’extérieur.

Cyril, accompagné de son groupe d’amis, se met en marche en début d’après-midi pour une "fan walk", ce défilé qui réunit des milliers de supporters vers le stade dans une ambiance festive et bon enfant. "On a marché des kilomètres, l’ambiance montait tout doucement. Plus on avançait dans la direction du stade, plus il y avait de monde et plus ça chantait", se souvient ce supporter du… PSG, âgé aujourd'hui de 34 ans. 

Guillaume et sa bande de potes se retrouvent eux au beau milieu de la marée de supporters allemands, tous de blanc vêtus, qui remontent l’avenue du Prado jusqu’au stade Vélodrome. "Ils avaient des cars de sonos, avec de la musique et des chants. Il y avait une excellente ambiance entre les Français et les Allemands, tout le monde rigolait et chantait. C’était vraiment bienveillant alors que c’était une demi-finale d’Euro entre deux rivaux", se rappelle ce jeune fan de l’OM de 24 ans, forcément ravi de retrouver son stade fétiche. "Sans vouloir être chauvin, on sait que l’ambiance au Vélodrome est extraordinaire. On a senti très tôt que ce match serait particulier", assure-t-il. 

Pendant le match : "Les chants partaient de partout" 

Sur le parvis, les supporters font un peu plus monter la température, à grands renforts de chants et de fumigènes (une tradition locale). Le mercure ne retombera plus, dans une enceinte chauffée à blanc bien avant le début du match. "Avant de rentrer dans les tribunes, on commençait déjà avec le tambour à lancer certains chants. Dès l’échauffement, il y avait une grosse ambiance. Quand les joueurs sont entrés sur la pelouse, je me rappelle d’un bruit très fort, presque comme sur un but. On sentait que les gladiateurs entraient dans l’arène", se remémore Guillaume. Au coup d’envoi, la ferveur populaire ne faiblit pas : "Les chants partaient de partout dans le stade, ce qui n’est pas toujours le cas. C’était dingue". 

Mais sur le terrain, l’équipe de France de Didier Deschamps souffre considérablement face au collectif rôdé et à la technique des Allemands, alors champions du monde en titre. Les occasions s’enchaînent pour la Nationalmannschaft, et pourtant le miracle se produit juste avant la mi-temps. Sur un corner, le milieu allemand Bastian Schweinsteiger se rend coupable d’une faute de main, logiquement sanctionnée d’un penalty. D’un tir puissant du pied gauche, Antoine Griezmann transforme la sanction (45e+2) et donne un avantage inespéré aux Bleus, faisant chavirer de bonheur Guillaume et tout le Vélodrome. "Sur le but, il y a eu une explosion de joie qui a fait littéralement trembler le stade. Ce n’est pas une expression, c’était impressionnant."

Au retour des vestiaires, les "Aux armes" s’enchaînent par tribunes interposées, donnant à ce France-Allemagne une atmosphère digne d’un OM-PSG ou d’un OM-OL. Le Vélodrome basculera définitivement dans l’extase à la 72e minute, sur le deuxième but de Griezmann, qui scelle la victoire des Bleus et la qualification pour la finale. 

L’après-match : clapping et délire dans les coursives 

Au coup de sifflet final, la folie ambiante s’empare des joueurs de l’équipe de France, qui se précipitent au bas d’un virage du Vélodrome pour célébrer cet exploit avec leurs supporters. Hugo Lloris, Antoine Griezmann, Patrice Evra, Dimitri Payet et tous leurs coéquipiers lancent même un "clapping", repris par tout le stade, avant d’entamer un mini tour d’honneur. "Ce soir, à chaque fois qu'on avait le ballon, on était poussé de l'avant par tout le stade", réagira "Grizi", interrogé après la rencontre. 

Pour Cyril, la fête est loin d’être terminée. Le supporter, qui gère les réseaux sociaux pour le compte des Irrésistibles français, se met alors à filmer les coursives du Vélodrome, où des centaines de fans restent pendant plus d’une heure après la fin du match pour continuer à célébrer. "L’après-match m’a vraiment marqué. On était tous restés à l’intérieur, environ 200-300, et on avait ressorti tous nos plus gros chants. Avec la résonance du hall, l’ambiance était folle." Pour ce fan de longue date des Bleus, tout comme pour Guillaume, ce France-Allemagne restera le meilleur souvenir de cet Euro 2016. "Il y avait la fierté d’aller en finale et de battre une grosse équipe comme l’Allemagne. C’est un moment qui restera à tout jamais gravé dans ma mémoire."