Football : pourquoi les relations avec les joueurs sont-elles plus apaisées lorsque le coach est une femme ?

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Idèr Nabili , modifié à
Dans le deuxième épisode du nouveau podcast "Les Attaquantes" produit par Europe 1, des joueurs et des dirigeants se confient sur leur relation avec leur entraîneur... qui a la particularité d'être une femme. Au-delà des clichés !
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Elles sont encore peu nombreuses mais des femmes entraînent aujourd'hui des joueurs de football. Et à en croire ces hommes interrogés dans le deuxième épisode du podcast "Les Attaquantes" produit par Europe 1 Studio, les relations entre les joueurs et leur coach sont certes différentes lorsqu'une femme est aux commandes de l'équipe mais pour le meilleur : elles sont plus apaisées. La journaliste Camille Maestracci s'est notamment rendue à Toulouse, au Rodeo FC, la seule équipe masculine à être entraînée par une femme dans les cinq premières divisions du football français.

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"Avec une dame, on a un respect plus pointu"

Abd El Aziz Kourak, le président du Rodeo FC, a ainsi recruté Mélanie Briche, la coach du club, en 2014. "Je connais les jeunes que l'on a et les mentalités que l'on a, et je pense que c'était un endroit, plus qu'ailleurs, où elle pouvait vraiment être bien", explique le président du deuxième club toulousain. Avec elle, il estime que ses joueurs sont plus à l'écoute, et respectent plus leur coach que s'il s'agissait d'un homme. "Quand on va parler avec un homme, on va parler à égalité de l'un à l'autre", dit-il. "Avec une dame, on a déjà un respect plus pointu, et c'est vrai qu'il y a de la part de nos garçons une attention particulière. Je ne vais pas dire que c'est une maman, mais c'est quand même particulier, on est beaucoup plus mesurés".

Claude Michy, l'ancien président du Clermont Foot, est le seul à avoir fait confiance à des femmes pour diriger une équipe professionnelle masculine. C'est lui qui a fait venir Corinne Diacre, l'actuelle sélectionneuse de l'équipe de France féminine, à Clermont, en Ligue 2, en 2014. "Pour manager des hommes, les femmes ont un avantage sur les hommes, c'est le regard", explique l'ancien président clermontois. "Je pense que le regard d'une femme va avoir plus de sensibilité pour détecter un certain nombre de choses dans le comportement".

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"On a plus de facilités à la respecter"

Les joueurs du Rodeo FC, eux-même, avouent respecter plus facilement leur coach, Mélanie Briche. "Je pense qu'on a plus de facilités à la respecter et à lui obéir que si c'était un homme", nous dit l'un d'eux. "Avec un homme, on peut avoir un rapport de force, mais avec Mélanie, on n'a pas envie de se prendre la tête. Quand elle s'énerve, on l'écoute de suite". "Personnellement, comme je sais que c'est une femme, je ne vais pas m'énerver comme si c'était un homme", déclare l'un de ses coéquipiers.

Les relations sont donc plus apaisées, ce qui n'empêche pas les joueurs de pratiquer le même football. "Au niveau du football, au niveau tactique, ça ne change rien du tout", selon un joueur toulousain. "C'est plus dans la manière de réagir, c'est-à-dire qu'une femme est plus maître de ses émotions qu'un homme, elle va moins s'énerver qu'un homme, et parfois, ça va nous apporter plus de sérénité".

"C'est un avantage d'être une femme dans un monde d'hommes"

Mélanie Briche confirme que le fait d'être une femme n'est pas, pour elle, un inconvénient pour entraîner une équipe masculine. Loin s'en faut. "Pour moi, c'est un avantage d'être une femme dans un monde d'hommes", explique l'ancienne internationale française. "La raison principale c'est que la femme apaise, est beaucoup plus conciliante, beaucoup plus positive dans le discours". Elle s'oppose aux confrontations parfois plus brutales entre les hommes. "Les garçons entre eux sont dans l'affrontement, même si c'est parfois anodin. Là, il y a toujours cette distance respectueuse des garçons vis-à-vis de moi, et vice versa", assure-t-elle.