L'Open d'Australie 2020 doit avoir lieu du 20 janvier au 2 février à Melbourne 2:49
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Virginie Phulin, édité par Thomas Vichard , modifié à
L'Australie connaît depuis quatre mois un phénomène d'incendies meurtriers sans précédent dans son histoire. Pourtant, des compétitions de tennis sont toujours programmées au mois de janvier, dont le premier Grand Chelem de la saison : l'Open d'Australie à Melbourne. Pour notre éditorialiste sport, Virginie Phulpin, les joueurs doivent dire stop et demander le report ou l'annulation des tournois. Pour leur santé, mais pas que.
EDITO

Faut-il laisser des compétitions sportives comme l'Open d'Australie se dérouler, alors que le pays est ravagé par les flammes et les fumées toxiques ? Non, répond Virigine Phulpin, dans son édito sport. L'Australie brûle, mais on continue à jouer au tennis : l'ATP Cup à Sydney, l'Open d'Australie à Melbourne... Selon elle, les joueurs doivent protester "pour leur santé, et pour la décence".

"Si ce ne sont pas les joueurs qui agissent, personne ne le fera. Les organisateurs préfèrent faire l’autruche. Mais les joueurs, eux, doivent savoir dire stop, reportez les tournois, ou annulez-les. D’abord c’est dangereux pour eux. A Sydney, les autorités locales ont fait fermer les courts de tennis de la ville, l’air est trop dégradé pour faire du sport. Mais on joue donc l’ATP Cup, cette nouvelle compétition par équipes, en même temps. A priori les joueurs respirent le même air que les autres, non ? A Melbourne, les qualifications pour l’Open d’Australie commencent le 13 janvier. Dans une ville où le taux de particules fines est sept fois plus élevé que le maximum toléré pour un air respirable. Mais les organisateurs regardent ailleurs : 'Ne vous inquiétez pas, il y a trois courts avec des toits rétractables, et on peut aussi utiliser des courts couverts.'

Les stars du tennis doivent mettre la pression

D’abord, l’air rentre quand même à l’intérieur. Il est peut-être un peu moins vicié, mais pas sain. Et puis pour les premiers tours du tournoi, si on veut caser tout le monde, il faudra aussi utiliser les courts extérieurs. Donc les stars iront sur les courts protégés, mais les autres, tant pis. Novak Djokovic est le président du conseil des joueurs. De tous les joueurs, même les sans grades. Il doit prendre la parole pour eux. C’est leur santé qui est en jeu. D’ailleurs, le numéro 2 mondial a déjà dit que s’il y avait un quelconque danger, il était pour un report du Grand Chelem. Il faut qu’il aille au bout, qu’il mette la pression.

Les joueuses et joueurs montrent qu’ils se sentent concernés. Plusieurs exhibitions avec les stars du circuit comme Serena Williams, Roger Federer et Rafael Nadal sont prévues pour récolter des fonds pour les victimes des incendies. C’est déjà très bien. Mais ce qui est gênant, c’est quand les organisateurs de l’Open d’Australie disent : 'Ne vous inquiétez pas, il n’y aura pas de problème, on aura beaucoup d’experts météo et un staff médical renforcé pour le tournoi'. Pardon, mais est-ce qu’ils n’ont pas autre chose à faire en ce moment ? 

Le tennis, c'est secondaire

Et il serait bien que les joueurs disent clairement que la priorité n’est pas au tournoi pour l’instant, et qu’il faut au minimum le reporter pour s’occuper des urgences, des vraies. La numéro 1 mondiale, Ashleigh Barty, l’a déjà dit. Le tennis, c’est secondaire en ce moment. Elle est Australienne, donc forcément elle se sent encore plus touchée que les autres. D’ailleurs, elle a perdu dès le premier tour du tournoi de Brisbane. Peut-être parce qu’elle a autre chose dans la tête que sa première balle de service.

Ce serait bien qu’elle entraîne les autres joueurs avec elle. Pour demander un report du premier grand chelem de l’année. Certes, ça coûte cher, c’est compliqué d’un point de vue logistique. Mais est-ce vraiment la question du moment ?"