L'ancien secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke s'est livré sur ses déboires judiciaires dans Europe 1 Sport 10:05
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Jean-Baptiste Sarrazin / Crédit photo : FABRICE COFFRINI / AFP , modifié à
Jérôme Valcke sort du silence. En intégralité dans "Europe 1 Sport", l'ancien numéro 2 du football mondial est revenu en exclusivité sur ses déboires judiciaires depuis son éviction de l'instance qui régit le football mondial. Mis en cause dans plusieurs affaires, l'ancien journaliste sportif français confie être passé tout proche du suicide.

Fifagate, revente de billets du Mondial 2014, jets privés, attribution de droits TV… L'ancien secrétaire général de la Fifa sous Sepp Blatter Jérôme Valcke n'a pas été épargné par les scandales et affaires judiciaires ces dix dernières années. De sa nomination comme secrétaire général de la Fifa en juin 2007 à sa chute en septembre 2015, l'ancien journaliste sportif français a brisé le silence en exclusivité dans l'émission Europe 1 Sport (tous les soirs de 20 heures à 23 heures en direct sur Europe 1). L'ancien numéro 2 du football mondial s'est comparé à "un train embarqué dans un tunnel sans stop durant ces huit dernières années". "Il n'y a, à aucun moment, jamais eu la moindre éclaircie", a soufflé ce dernier au micro de Jacques Vendroux et de Cyrille de La Morinerie.

Pour Jérôme Valcke, le point de départ de ces déboires se situe en 2015, avec "l'histoire de la billetterie à laquelle s'est ajoutée l'utilisation d'un avion privé pour aller en Russie pour faire le tirage au sort préliminaire de la Coupe du monde 2018." L'ancien secrétaire général de la Fifa a été mis en cause dans une affaire de revente de billets du Mondial 2014. Un premier ennui judiciaire révélé par la presse britannique qui annonce alors une chute sans précédent. Jérôme Valcke est finalement suspendu douze ans de toute activité liée au football par la commission d'éthique le 12 février 2016. "En 2015, je suis monté dans un train dont je n'avais absolument plus le contrôle", a résumé le principal intéressé.

Onze mois de prison avec sursis

Les ennuis judiciaires s'accumulent. Également poursuivi en Suisse pour "soupçons de gestion déloyale multiples" dans un autre dossier, Jérôme Valcke est finalement acquitté, en octobre 2020 et juin 2022, des chefs de "gestion déloyale aggravée" par le Tribunal pénal fédéral suisse sur le volet de la "villa en Sardaigne". Une villa dont il a pu bénéficier grâce au président du Paris-Saint-Germain Nasser Al-Khelaïfi.

L'ancien secrétaire général de la Fifa a toutefois été condamné en appel à 11 mois de prison avec sursis pour "corruption passive répétée" et "faux dans les titres répété" dans le cadre du "Fifagate" et de l'octroi de droits TV. Il était reproché à Jérôme Valcke d'avoir monnayé son soutien à la chaîne beIN Sports, dirigée par Nasser Al-Khelaïfi en échange d'une luxueuse villa sur la Côte d'Emeraude sarde.

"Commettre l'irréparable"

De ces affaires judiciaires, Jérôme Valcke a toujours refusé de parler. L'ancien dirigeant estime que "tant qu'un dossier n'est pas clos, c'est compliqué d'en parler." Une stratégie logique pour celui qui a passé sept années à la Fifa :" Vous n'avez pas envie de dire des choses qui, potentiellement, pourraient être utilisées contre vous, sachant que les personnes auprès de qui vous vous défendez ne sont pas celles qui vous aideront à vous innocenter", s'est-il justifié. Aujourd'hui presque sorti d'affaire, c'est donc dans Europe 1 Sport que Jérôme Valcke a décidé de se confier avec émotion.

"La vérité, c'est que vous êtes un peu comme quelqu'un sur un ring. C'est comme si vous étiez l'adversaire de Mike Tyson. Quand vous rentrez dans le bureau d'un procureur, vous montez sur le ring et vous savez pertinemment que vous allez être défait pièce par pièce. Vous mettez un genou à terre, vous mettez le deuxième genou à terre. Et puis il y a un moment donné ou c'est juste de la résilience. Je pense que d'autres personnes auraient pu commettre l'irréparable", a-t-il confié.

Commettre l'irréparable, Jérôme Valcke n'en a pas été loin. Ce dernier ne s'en cache plus, il est "tombé dans une sorte de dépression sans jamais vouloir l'accepter". Une chute brutale pour celui qui avait pourtant connu une ascension phénoménale au point de vouloir mettre fin à ses jours : "J'étais sur ma moto. Il y avait un semi-remorque qui arrivait en face. Et je me suis dit : 'Allez, j'y vais, je vais dans le semi-remorque'. Mais à la dernière minute, j'ai donné un coup de guidon et j'ai repris ma route. Et quand je me suis couché le soir, mon seul rêve était que mon cœur s'arrête de battre dans la nuit, que je ne me réveille pas."

Sauvé par son entourage

C'est finalement vers sa famille que Jérôme Valcke s'en remet. Pédiatre et psychologue, sa mère lui vient alors en aide. "Elle m'avait dit un jour : 'Sache que dans une famille, lorsqu'un membre de cette famille se suicide, ça a un impact sur les générations suivantes. Tes enfants, les enfants de tes enfants, potentiellement, auront un impact'", se remémore l'ancien journaliste. Des mots forts qui remobilisent l'homme de 62 ans. 

Aujourd'hui, Jérôme Valcke estime avoir surmonté la plupart des ennuis judiciaires auxquels il a été confronté. Et pour lui, tout ce qui lui a été reproché n'a pas forcément été justifié. Il assure n'avoir "pas le sentiment d'avoir agi d'une manière criminelle." "Que l'on me condamne moralement en me disant 'vous n'auriez pas dû faire si, vous n'auriez pas dû faire cela', peut être. Mais la morale, c'est un autre sujet. Entre la morale et le pénal, il y a un monde", a poursuivi l'ancien secrétaire général de la Fifa.

Désormais implanté à Barcelone, Jérôme Valcke sort petit à petit la tête de l'eau. Le 27 mars dernier, le parquet de Zurich a clos une enquête pénale ouverte en 2022, après une plainte de la Fifa, pour "soupçons de gestion déloyale" contre l’ancien secrétaire général concernant le musée de l’instance à Zurich. Il n’est désormais plus poursuivi par le parquet de Zurich. De ces déboires, Jérôme Valcke retient une chose : la justice "est un système qui fait que ça ne peut être que douloureux, que l'on soit condamné ou que l'on ne soit pas condamné."