Thion: "Il faut se lâcher"

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Propos receuillis par Krystel Roche , modifié à
Bon dernier du Top 14 après 4 journées, le Biarritz Olympique se retrouve déjà dans une situation délicate. Jérôme Thion, un des hommes d'expérience de ce BO ne souhaite pas dramatiser et considère que dans le contenu des prestations de son équipe, il y a du positif. Le deuxième ligne basque et ses coéquipiers devront impérativement renouer avec la victoire vendredi face à Perpignan.

Bon dernier du Top 14 après 4 journées, le Biarritz Olympique se retrouve déjà dans une situation délicate. Jérôme Thion, un des hommes d'expérience de ce BO ne souhaite pas dramatiser et considère que dans le contenu des prestations de son équipe, il y a du positif. Le deuxième ligne basque et ses coéquipiers devront impérativement renouer avec la victoire vendredi face à Perpignan. Jérôme, dans quel état d'esprit le groupe a-t-il travaillé après trois défaites et un match nul ? Avez-vous senti vos coéquipiers plutôt abattus, vexés, révoltés ? Un peu tous les sentiments... Il faut surtout essayer de positiver dans une situation comme celle-là. C'est la chose primordiale, on s'appuie sur les choses positives que l'on a pu faire contre Agen, Castres et surtout contre Toulouse car on a vu qu'on les avait mis à mal pendant 60 minutes. Les coaches font en sorte de pouvoir mettre en confiance tout le monde : c'est ce qui nous manque aujourd'hui, et nous sous-estimons un peu notre rendement et notre jeu. Il faut se lâcher par rapport à ça, et cela devrait basculer sur du positif ! A quoi attribues-tu la fébrilité, les mauvais choix, les maladresses de l'équipe sur ces quatre premiers matches ? Avez-vous réussi à mettre le doigt sur l'origine de vos problèmes ? Pas mal de paramètres entrent en jeu. Nous avons un nouveau staff, mais la plupart des anciens connaissaient Patrice (Lagisquet, ndlr). Serge (Milhas) a amené de la rigueur, et beaucoup de pertinence sur notre jeu d'avants. Après, il faut faire en sorte que tout le monde puisse adhérer au projet de jeu. Aujourd'hui, il nous manque la petite étincelle qui nous fera basculer du côté positif. On travaille sur nos fondamentaux pour progresser dans ce sens-là. Comment expliquer que vous ne parveniez pas à mettre en place en match ce que vous travaillez la semaine à l'entraînement ? Cet amalgame des jeunes et des anciens doit se faire. Certaines personnes doivent prendre davantage de responsabilités puisqu'elles ont des postes clés. Il faut pouvoir se mettre un peu en avant. Mais au fil des matches, on voit que chacun prend ses responsabilités et adhère vraiment à ce projet de jeu. Nous sommes sur la bonne voie. Quelle évolution avez-vous pu constater au fil des quatre rencontres ? Quels sont les éléments encourageants ? A Toulon, c'était vraiment le non-match de notre part. Nous n'avions rien produit, et on avait pris trois essais casquette. Ce match-là, il faut l'oublier. Contre Agen, on ne doit jamais perdre. Contre Castres, c'est aussi sur des contres ou des maladresses qu'on se fait avoir. C'est donc peut-être ce manque d'expérience qui, au final, nous fait perdre les matches. Nous avions surtout un manque de communication entre les joueurs, il n'y avait que très peu d'échanges sur le terrain. Nous avons essayé de mettre l'accent là-dessus et sur la prise de responsabilités à des postes-clés qui sont vraiment indispensables à ce niveau de jeu. Ce sont des choses que tout le monde essaye de mettre en place, auxquelles tout le monde adhère. "C'est vraiment une hérésie de jouer le Mondial pendant le championnat !" Porter le brassard de capitaine sur les trois premières journées vous a-t-il fait appréhender la situation de façon bien particulière ? Avez-vous pris plus de recul ? Le brassard de capitaine, aujourd'hui, ce n'est pas spécialement la chose la plus importante. Les coaches l'ont dit dès le début : ce sera un capitanat tournant, et les responsabilités seront données aux uns et aux autres. Ce n'est pas une fin en soit, loin de là. D'autres joueurs l'auront au cours de la saison. En ce début de saison, c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'anciens. On va essayer de travailler comme ça. L'idée est de pouvoir responsabiliser un peu tout le monde. Vous avez été quart de finalistes sur les deux tableaux (Top 14 et H Cup) la saison passée. Etes-vous, d'une certaine façon, surpris par ce début de saison ? L'aviez-vous senti venir pendant la préparation ? C'est vraiment une hérésie de jouer la Coupe du monde pendant le championnat, et par conséquent de devoir jouer huit matches sans les internationaux ! Obligatoirement, les personnes qui nous manquent nous coûtent des points en début de saison. Ça devrait être réfléchi, et j'espère que ce sera différent dans quatre ans pour les joueurs qui auront la chance d'y participer, que le championnat sera un peu décalé. Car c'est sûr que ça nivelle les résultats des huit premières journées. C'est un peu compliqué... (soupir) Vous vivez pour la toute première fois un début de mondial côté club. Lorsque vous étiez en Australie en 2003 et lorsque vous disputiez le dernier mondial en France, aviez-vous conscience de la difficulté que cela pouvait engendrer pour votre club ? Non... Quand tu es dans le système, tu ne vois pas particulièrement ce qui se passe autour de toi. Et quand tu es en club, que tu as huit joueurs qui sont absents, et non des moindres, c'est compliqué... On connaît la politique de formation du club, qui s'appuie sur de nombreux jeunes. En tant que cadre, les boostez-vous tout particulièrement en ce moment, ou les choses se font-elles naturellement ?Il ne s'agit pas de les booster, mais de leur faire comprendre qu'aujourd'hui, ils ont huit matches pour prouver qu'ils ont la capacité à jouer en Top 14. C'est aujourd'hui qu'il faut saisir sa chance, et surtout, être un peu plus relâchés que nous n'avons pu l'être lors des dernières rencontres. Il faut que l'on prenne conscience qu'on a les capacités, et surtout, que l'on arrête de se sous-estimer ! On est constamment dans ce mode de fonctionnement-là depuis le début de la saison : on ne se rend pas compte de ce que l'on arrive à produire. Nous devons surtout prendre conscience que l'on a une bonne équipe, et qu'il faut continuer dans ce sens-là. Vous qui êtes au BO depuis maintenant neuf saisons, quels sont les éléments indispensables à un bon début de championnat et qui font aujourd'hui défaut à l'équipe ?Si nous avions eu les solutions d'entrée, on aurait essayé d'éviter un peu tout ça... Il faut laisser un peu de temps, même si le temps est limité. Il faut que tout le monde puisse aller dans le même sens, et surtout que l'on aille de l'avant. Les points que l'on a perdus ou que l'on perd encore seront difficiles à rattraper en cours de saison, surtout que les garçons rentreront un peu fatigués de la Coupe du monde. Il faut pouvoir garder un minimum d'ambition Vous recevez ce week-end l'USAP, quatrième sans pour autant avoir été très impressionnant. A quel type de match vous attendes-vous ?Je m'attends à un gros match. Ils ont eu très peu de mouvement à l'intersaison, il n'y a que deux ou trois absences en première ligne, et ils sont encore sur la lancée de la saison dernière... Il faut donc se méfier de ces Catalans. Ce match contre Perpignan doit absolument devenir un match-référence pour nous, pour que l'on rebascule sur du positif, car c'est difficile après avoir perdu trois fois et fait un match nul. Etes-vous surpris des prestations d'équipes comme Montpellier qui, comme vous, connaissent des difficultés en ce début de championnat ou est-ce un peu tôt pour tirer la sonnette d'alarme ?Il faut être optimiste, donc on va dire qu'il s'agit simplement de la cinquième journée... Vous fixez-vous des objectifs bien précis sur les prochaines journées, ou préférez-vous prendre match par match ?On voit au jour le jour. Ça a toujours été comme ça. Si l'on arrive à reprendre la pente ascendante et rebasculer sur quelque chose de positif, derrière, les objectifs viendront les uns après les autres. Pour l'instant, notre objectif, c'est Perpignan. On verra ensuite... Même s'il n'est jamais évident de parler de soi quand on fait un sport collectif, quels sont vos ambitions pour cette année ?Me régaler sur le terrain, et retrouver les phases finales avec Biarritz, pour pouvoir se qualifier pour la Coupe d'Europe et aller le plus loin possible. Il faut pouvoir garder un minimum d'ambition ! On est sportifs, donc on a tous envie de décrocher quelque chose... D'un point de vue collectif surtout, j'ai envie de me régaler et de prendre du plaisir.