Poux, Monsieur Coupe du monde

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la rubrique Rugby , modifié à
La Coupe du monde (9 sept.-23 oct.), c'est demain pour un XV de France, qui s'apprête à s'envoler pour la Nouvelle-Zélande. Notre site poursuit chaque jour sa série de portraits des 30 Tricolores retenus pour le Mondial. En balance jusqu'au dernier moment, Jean-Baptiste Poux, dix ans en équipe de France, mais seulement 30 capes au compteur, sera au rendez-vous de son 3e Mondial.

La Coupe du monde (9 sept.-23 oct.), c'est demain pour un XV de France, qui s'apprête à s'envoler pour la Nouvelle-Zélande. Notre site poursuit chaque jour sa série de portraits des 30 Tricolores retenus pour le Mondial. En balance jusqu'au dernier moment, Jean-Baptiste Poux, dix ans en équipe de France, mais seulement 30 capes au compteur, sera au rendez-vous de son 3e Mondial. C'est l'histoire d'un garçon discret, du genre qu'on ne remarque pas de prime abord, un brin taiseux et de toute façon, à l'image de ses paires, franchement pas du genre à se mettre en avant. Et pourtant Jean-Baptiste Poux, à cette heure fatidique qui tous les quatre ans revient mobiliser la planète rugby, est incontournable. A 31 ans, voilà le pilier toulousain à l'aube d'une troisième Coupe du monde après ses campagnes de 2003 et 2007. Les Bleus, avec l'éviction de Sylvain Marconnet, ont perdu le pilier le plus capé de leur histoire (84 sélections) ; ils pourront compter en Nouvelle-Zélande sur le premier pilier tricolore à disputer trois phases finales ! "Au niveau du palmarès, ce serait beau !", lâchait-il, serein, depuis l'Irlande la semaine dernière avant l'annonce des trente par Marc Lièvremont. De quoi situer la performance du Bitterrois d'origine, dont la polyvalence, à l'aise à droite comme à gauche, a fini par apparaître indispensable aux yeux de ses sélectionneurs. Comme avant lui Bernard Laporte, capable de n'offrir aucun cape au Toulousain entre les Mondiaux de 2003 et 2007, le coach des Bleus a dû se rendre à l'évidence, lui qui n'avait pourtant jamais cru bon de le titulariser avant le test-match victorieux de Dublin le week-end dernier, sans que ça n'empêche le joueur aux 30 sélections d'être du Grand Chelem 2010 (3 entrées en cours de jeu). Poux ou l'art d'être toujours présent à l'heure du money-time. Une capacité développée dans une école d'excellence, ce Stade Toulousain qu'il a rejoint il y a bientôt dix ans en 2002 en provenance de Narbonne, où après sa formation chez les Cheminots de Béziers, un certain Pierre Berbizier le propulsa en équipe première à même pas 20 ans. Une décennie dans la Ville Rose pour se construire là aussi un palmarès qui parle pour lui: trois Coupes d'Europe (2003, 2005, 2010), deux fois vice-champion d'Europe (2004, 2008), deux Boucliers de Brennus (2008, 2011), deux fois vice-champion de France (2003, 2006). Forcément de quoi interpeller les sélectionneurs tricolores, même si sa carrière en bleu s'écrit donc en pointillés. Poux: "Certains y sont régulièrement, peut-être que pour eux, c'est devenu une routine..." A l'ombre des tauliers que sont donc Marconnet et son compère du Stade Français, Pieter De Villiers (69 sélections), que Poux remplace, à la veille du Mondial 2003, au pied levé après le forfait, suite à une chute à VTT, du pilier d'origine sud-africaine. Un brin de réussite qui lui permet aussi de suppléer, déjà, un Marconnet blessé en cours de compétition, et d'aligner à droite de la mêlée française quatre des sept matches de l'équipe de France en Australie. Pourtant, sitôt le rideau de la Coupe du monde retombé, le Stadiste est ramené à sa condition de doublure. Quatre ans loin des Bleus, avant de figurer, presque naturellement, parmi les 30 du Mondial 2007 en France, au cours duquel Nicolas Mas, rappelé lui aussi en cours de préparation pour faire face au forfait sur blessure de Marconnet, mais pas encore incontournable, doit faire face à sa concurrence pour le rôle de troisième pilier. "Brad" - son surnom à Toulouse - Poux, entré en cours de jeu, joue ainsi son rôle dans le quart de finale historique face aux All Blacks, remporté au Millennium de Cardiff, où il parvient à maîtriser un certain Carl Hayman pourtant au sommet de son art. On l'imaginait naïvement cantonné à un rôle de remplaçant sous l'ère Lièvremont, qui dimanche dernier, après deux prestations plus que convaincantes du Toulousain face aux Irlandais, de Bordeaux à Dublin, lui offre son troisième aller direct pour le Mondial. "Chaque fois, je les ai abordés de la même manière et d'essayer de donner le meilleur. [...] Certains y sont régulièrement, peut-être que pour eux, c'est devenu une routine... Une Coupe du monde, c'est tous les quatre ans, il faut vraiment y mettre tous nos moyens pour faire le maximum. Plus on prend de l'âge, plus on sait que pourra être la dernière..." Poux s'accroche toujours. A suivre jeudi: Dimitri SZARZEWSKI