Marcelo Bielsa, un perfectionniste à l'OM

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Julien Froment , modifié à
PORTRAIT - L'Olympique de Marseille a annoncé vendredi l'arrivée de l'Argentin comme nouvel entraîneur.

L’info. C’était un secret de polichinelle, l’Olympique de Marseille cherchait activement un entraîneur en vue de la saison 2014-2015. Après des mois de tractations et de rumeurs plus ou moins fondées, le président olympien Vincent Labrune a - enfin - trouvé le technicien idoine. José Anigo, entraîneur intérimaire depuis le licenciement d’Elie Baup en décembre dernier, va donc laisser sa place la saison prochaine à l’Argentin Marcelo Bielsa. Quasi inconnu en France, l’homme de 58 ans, qui a signé un contrat de deux ans dans le club phocéen, jouit pourtant d’une très belle réputation à travers le monde. 

Les sélections, entre tops et flops. Originaire de Rosario - la même ville que Lionel Messi -, Marcelo Bielsa a tout d’abord construit sa notoriété au pays, en Argentine. Il remporte là-bas plusieurs fois le championnat national avec les Newell’s Old Boy et le Velez Sarsfield. Cette réussite attire l'oeil du côté de la Fédération argentine de football, qui n'hésite pas à lui offrir le poste de sélectionneur national. L'expérience est mitigée pour Bielsa. Grande favorite à la Coupe du monde 2002 en Corée du Sud et au Japon, l'Albiceleste échoue dès les phases de groupes.

Marcelo Bielsa, champion olympique avec l'Argentine.

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Mais tout n'est pas à jeter, puisqu'il parvient à atteindre tout de même la finale de la Copa America (perdue face au rival brésilien, ndlr) et, surtout à, remporter la médaille d’or aux Jeux d’Athènes en 2004, avec des petits jeunes qui feront parler d'eux plus tard : Carlos Tevez, Javier Mascherano ou encore l'ancien Lyonnais Cesar Delgado. Mais c’est surtout avec la sélection du Chili que Marcelo Bielsa révèle son génie tactique aux yeux de tous.

A la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud, le Chili est l'une des principales attractions. Non pas pour ses résultats (élimination sèche en huitièmes de finale par le Brésil 3-0, ndlr), mais pour son jeu prôné. Dans un groupe relevé avec notamment l’Espagne, championne d’Europe en titre, l’autre Roja parvient à tenir la dragée haute à l’équipe de Vincente del Bosque (défaite 2-1). Les observateurs gardent un souvenir ému du Chili version Bielsa.

Une philosophie de jeu ultra offensive. Pourfendeur d’un football offensif, avec pour composition fétiche le 3-3-1-3, une tactique aussi ambitieuse que risquée, Bielsa aime faire le spectacle. "J'aime que mon équipe attaque plus qu'elle ne défend", déclarait-t-il en 2007 au site de la Fifa. Sept ans plus tard, l’homme n’a pas changé, la philosophie non plus. Une exigence qui se traduit également sur les terrains d'entraînement.

"Je n’ai jamais connu des séances aussi intenses. On terminait complètement rincé", raconte un joueur dirigé par Marcelo Bielsa au Mexique. "Si le préparateur physique n’intervenait pas, il continuait ses séances jusqu’à plus soif", poursuit-il. La méthode Bielsa rassemble à celle des pianistes qui enchaînent des gammes pendant des heures. Lors de son arrivée à Guadalajara, il exigeait par exemple de son attaquant qu’il frappe quotidiennement 200 ballons de la tête lors de l’entraînement.

Le Bilbao de Bielsa contre le Manchester de Ferguson

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De retour en Europe en 2011 à l’Athletic Bilbao après un passage furtif à l’Espanyol de Barcelone en 1998 (il a quitté son poste pour reprendre la sélection argentine, ndlr), il met une fois de plus sa philosophie en œuvre. Avec succès. Les Leones basques atteignent la finale de la Ligue Europa (perdue contre l’Atlético de Madrid) et de la Coupe du Roi (perdue contre le FC Barcelone) en 2012. Avec quelques coups d’éclats, comme l’élimination de Manchester United avec une victoire de prestige à Old Trafford (2-3). Prestation qui vaudra à Bielsa les félicitations de Sir Alex Ferguson himself.

S'appuyant énormément sur la formation et sur les jeunes pousses, il a notamment permis, à Bilbao, la maturation des internationaux espagnols Iker Muniain ou Javi Martinez, ou encore l’éclosion du Chilien de la Juventus Turin Arturo Vidal - un des meilleurs milieu relayeurs au monde actuellement -, lorsqu’il était à la tête de la sélection chilienne. Mais à force de vouloir tout contrôler - le sportif et l'extra-sportif - Bielsa se  brouille avec les dirigeants, et quitte le pays basque brusquement seulement deux ans après son arrivée.

A quoi l’OM doit-il s’attendre ? Marseille peut s’attendre à un choc, en tous points. Car Marcelo Bielsa, c’est surtout des méthodes d’entraînements novatrices et une volonté de tout maîtriser au sein du club - José Anigo appréciera - auquel il appartient. "Quand il pense que vous devez corriger quelque chose, il vient vous voir directement et vous demande de regarder une vidéo. Ensuite, il pointe ce qui ne va pas avec un laser", a confié à la Fifa Fernando Amorebieta.

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Perfectionniste et jusqu'au-boutiste, Bielsa est capable de faire répéter des exercices des dizaines et des dizaines de fois ou de mesurer au mètre la longueur du terrain pour ensuite placer ses joueurs afin que le moindre espace soit pris en compte. D’où son surnom d’"El Loco". Homme à fort caractère, sa rencontre avec les jeunes Olympiens (Lemina, J.Ayew, Thauvin, Imbula) pourrait faire des étincelles. Mais s’ils adhèrent à ses principes, les "minots" d’hier pourraient se transformer en hommes de demain. Et là, ce serait une grande victoire pour le nouvel OM, version Bielsa.

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