Lorenzetti: "Valoriser le «rugby pur»"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Lors d'une conférence de presse commune donnée ce mercredi, à Paris, avec son homologue toulousain René Bouscatel, le président du Racing-Métro 92, Jacky Lorenzetti, a non seulement officialiser la délocalisation pour la première fois de l'histoire du club francilien du choc face au Stade Toulousain, au Stade de France, le 26 mars prochain. Mais également la création, à cette occasion, du "Trophée de Coubertin". Une pierre de plus dans le jardin du Stade Français...

Lors d'une conférence de presse commune donnée ce mercredi, à Paris, avec son homologue toulousain René Bouscatel, le président du Racing-Métro 92, Jacky Lorenzetti, a non seulement officialiser la délocalisation pour la première fois de l'histoire du club francilien du choc face au Stade Toulousain, au Stade de France, le 26 mars prochain. Mais également la création, à cette occasion, du "Trophée de Coubertin". Une pierre de plus dans le jardin du Stade Français... Président, quel est l'idée qui sous-tend la création de ce nouveau "Trophée de Coubertin", mis en jeu désormais lors des confrontations du Top 14 avec le Stade Toulousain ? L'idée que ces deux grands clubs historiques, le Racing, premier Champion de France, et le Stade Toulousain, club le plus titré du rugby français, se réunissent autour d'un trophée, qui valorisera d'une part le rugby traditionnel, avec lequel on veut être en phase, le rugby "pur", sans que ce soit péjoratif pour les autres clubs, un beau rugby, autour du fair-play, et le bel arbitrage, la notion de respect de l'arbitrage et des arbitres. Puisque Pierre-de-Coubertin a été le premier arbitre de l'histoire du championnat de France de rugby (*). Pour dire haut et fort que ce rugby-là, on l'aime au Racing et à Toulouse, et qu'on y tient beaucoup. C'est aussi un changement d'échelle pour le Racing que d'évoluer pour la première fois au Stade de France... On affirme haut et fort nos valeurs à Colombes et au stade Yves-du-Manoir, qui reste notre lieu de jeu depuis maintenant des décennies. Mais de nouer avec le Stade de France, c'est pour nous une forme de consécration, ça signifie qu'on existe dans le Top 14 et j'espère qu'on existera durablement. Maintenant, dans notre démarche, c'est le rugby qui l'axe principal de la fête et qui ne fait pas partie d'un spectacle commun. Je ne veux pas prendre position sur ce que fait Max (Guazzini), où le rugby est une composante d'un spectacle. Dans notre esprit, le spectacle sera le match entre le Racing et Toulouse. "On ne fait que suivre le chemin qui a été tracé par Max (Guazzini)" Ça ressemble tout de même furieusement à une autre manière pour vous d'aller chasser sur les terres du Stade Français ? Ce n'est pas l'idée, l'initiateur et le chantre du Stade de France, ça reste Max Guazzini et le Stade Français, qui ont montré la voie. Nous, on ne fait que suivre le chemin qui a été tracé par Max, qui est le chemin de l'appétence des Français et des Parisiens pour le rugby. Si on va au Stade de France, c'est parce qu'il y aura beaucoup de spectateurs qui aiment le rugby. Il est clair que le derby, il aurait été mieux au Stade de France, ça n'a pas pu se faire encore cette année parce que Max a considéré que ça n'était pas encore le moment. Je respecte sa décision. J'espère simplement que l'idée d'un grand derby parisien au Stade de France pourra se faire l'année prochaine. Mais n'était-il donc pas possible de créer un tel trophée avec le Stade Français ? Avec le Stade Français, on possède une autre histoire, qui est celle du derby. On est deux clubs voisins, je sais que l'arrivée du Racing, et je le comprends, peut poser des problèmes au Stade Français parce qu'avant, Max Guazzini et le Stade Français avaient une autoroute devant eux, le public, les sponsors, les partenaires, les politiques. Aujourd'hui, il y a une notion de partage, mais je crois que le partage est possible parce qu'on est sur une ville et une région de plus de dix millions d'habitants, qui permet de faire vivre ce derby. Et ce derby possède sa véritable existence au-delà d'un trophée qui aurait pu être artificiel. On parle beaucoup des joueurs toulousains (Albacete, Dusautoir, Johnston), qui seraient dans le viseur du Racing. Ce trophée, est-ce une manière de faire diversion ? Vous avez raison de l'évoquer. J'ai répondu sur le sujet sur le ton de l'humour (voir: Racing: L'ouverture de la chasse aux pipeaux). Je peux vous affirmer qu'on a aucun contact avec Johnston, avec Albacete et encore moins avec Dusautoir. Ce sont d'énormes joueurs, mais je pense que comme on le fait habituellement avec de nombreux présidents, et je souhaite que ça se multiplie et que ça se généralise, avec René Bouscatel, quand on a une problématique de transfert, on s'appelle et on se dit les choses. Je crois que c'est bien ainsi. Maintenant, c'est sûr que ce premier Trophée, on va vouloir le gagner et je l'annonce à René, on sortira la grosse équipe pour affronter Toulouse et le gagner. "On marche bien, oui et non..." Si on vous dit les ennemis de mes ennemis sont mes amis, il y a de ça dans cette initiative ? Ça peut exister... (sourires) Il est clair que j'ai de meilleures relations et un meilleur "affectis societis" (sic) avec René (Bouscatel) qu'avec Max (Guazzini). Ecoutez, comme le dit René, on partage les mêmes valeurs, beaucoup d'idées en commun, donc on se sent bien, c'est naturel. On a aussi des différends, notamment sur les doublons et l'équipe de France, mais on fait ça dans un esprit positif et on s'enrichit. Mais on cohabite avec Max aussi, on ne se crêpe pas le chignon. On est exactement dans cette notion de derby, les deux présidents sont différents, les deux clubs sont différents, on partage peu de choses, on s'affronte, c'est naturel, quoi. Un mot sur le bilan à mi-saison du Racing ? On marche bien, oui et non. On est troisièmes, au niveau comptable, c'est bien. Mais il ne faut pas oublier qu'on a été se faire battre lamentablement par une très valeureuse équipe agenaise (21-20), ce qu'ils ont fait est énorme, et nous, c'était nul, j'avais honte. On a fait un match nul chanceux contre Perpignan (18-18) et une petite victoire contre Bayonne (15-9). On sort de trois matches difficiles, on gagne le derby, c'est bien, ça nous remet en marche, mais il faut rester humble, sportivement, il faut qu'on progresse beaucoup. La Coupe d'Europe sera pour nous justement l'occasion de franchir une marche supplémentaire et on va jouer crânement, mais avec humilité et la H-Cup, et le championnat. (*) Créé en 1882, le Racing affronte dix années plus tard, le 20 mars 1892, le Stade Français pour la première finale du Défi interclubs de rugby devant 2000 personnes sur la pelouse de Bagatelle dans le Bois de Boulogne. Le Racing remporte le titre, sous l'arbitrage du Baron Pierre de Coubertin, sur le score de 4 à 3. Le défi, qui deviendra par la suite le Championnat de France et son trophée, le Bouclier de Brennus, était défini par les responsables de la compétition comme suit: "Il est donné pour le match une coupe de défi: l'association victorieuse en aura la garde pendant un an". Le Racing fut ainsi le premier club titré de France.