Le nouveau pari de Luc Alphand

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avec Corinne Boulloud
VOILE - Après le ski et le Paris-Dakar, Luc Alphand prendra lundi le départ de la Transat Jacques vabre.

C’est un athlète qu’on n’attendait pas forcément sur la ligne de départ. A 46 ans et après avoir eu une immense carrière en ski, Luc Alphand embarquera dimanche avec Marc Thiercelin pour la Transat Jacques Vabre et une traversée de 8.500 km vers le Costa Rica. Au Havre, à quelques heures de prendre la mer, il avoue être "un poil préoccupé", mais pas autrement inquiet.

Une reconversion "compliquée"

En juin 2009, il est victime d’un grave accident de moto. Vertèbres fracturées, moelle épinière touchée, fini le sport automobile qu’il adorait. Incapable de rester sagement dans son canapé, Luc Alphand s’est lancé un nouveau pari : la voile. Et grâce à Marc Thiercelin, skipper du voilier DCNS, le natif des Hautes-Alpes va bientôt concrétiser son nouveau rêve. 

Comme il est arrivé un peu sur le tard dans le monde de la voile, il ne cache pas que l’apprentissage a été un compliqué : "au début, t’en prends tellement dans la tête que tu peux être dégoûté ou te demander vraiment ce que tu fais là". Et de poursuivre, plus enthousiaste : "pour l’instant, je suis très content de faire cette course. On s’entend bien avec Marc, c’est déjà un bon départ. Il y aura des moments chauds mais ça va être sympa".

70 jours en mer 

Pour peaufiner sa préparation, il a passé 70 jours en mer avec son nouveau compagnon de route. Marc Thiercelin est d’ailleurs plutôt surpris du comportement de Luc Alphand : "il a fait des progrès dans tous les domaines parce qu’il fallait tout faire. C’est super, comme ça il est tout neuf. Le côté, techno, il apprend un peu plus vite parce qu’il vient d’un sport technologique. Le côté glisse et trajectoire, ce n’est pas problème. La compétition, ce n’est pas un problème non plus. Mais il y avait tout l’ensemble qui est plus lié à l’ensemble de la course". 

Luc Alphand a donc dû tout apprendre du début pour être prêt pour le départ de la Transat Jacques Vabre. "J’étais sur le quai la première fois que j’ai vu le bateau, je me suis dit, "t’es malade". Quand tu ne comprends rien à la technique d’un bateau, c'est compliqué. Les 60 pieds (18,28 mètres), ce sont des bateaux difficiles à régler. Après, c’est la vie à bord qui est dure. Gérer le sommeil, c’est vraiment quelque chose de compliqué. Après, il faut apprendre le jargon parce que c’est presque une langue. Il faut aussi apprendre la météo". Et de renchérir : "c’est un nouveau truc qui est surprenant au début mais dans lequel on avance petit à petit". 

Après une carrière bien remplie et de nombreux titres en descente, Luc Alphand tente une comparaison entre les deux sports : "au ski, je jouais avec mes peurs. J’avais envie de prendre des risques et tout donner en deux minutes. C’était juste explosif. Ce n’est pas tout à fait comparable. Mais en même temps, il faut être concentré". Et de conclure : "c’est du 24h/24 pendant deux à trois semaines, et c’est ça le plus difficile". Luc Alphand devra se tenir sur ses gardes dès le départ. La météo prévoit deux voire trois dépressions particulièrement sévères à partir de mardi, avec des creux d'une dizaine de mètres au moins...