Le Tour et le dopage : une question de timing

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(Photo d'illusration) © Reuters
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avec Laurent Guimier , modifié à
FACT-CHECKING - Richard Virenque estime que le timing des révélations d'affaires de dopage n'est pas anodin. Les archives lui donnent raison. 

TIMING. Laurent Jalabert, l'ancien champion cycliste français, aurait eu recours à l'EPO lors du Tour de France 1998. L'information a été révélée lundi dernier à la suite des travaux de la commission d'enquête sénatoriale sur la lutte contre le dopage. Le même jour, l'ancien vainqueur du Tour, l'Allemand Jan Ullrich, reconnaissait pour la première fois s'être dopé, dans une interview publiée dans un magazine allemand. Tout cela à quelques jours de l'édition 2013 de cette course mythique. Interrogé sur cette problématique mercredi soir au micro d'Europe 1,  Richard Virenque a dénoncé le timing choisi pour ses révélations.

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L'ancienne coqueluche du cyclisme français, suspendu un an dans l'affaire Festina en 1998, affirme que les grandes affaires de dopage sont toujours révélées juste avant le Tour de France. Pour le consultant d'Europe 1, la Grande Boucle sert même de prétexte : on veut gâcher la fête.  "Vous croyez qu'au départ de la coupe du monde de foot, on parle de dopage ? Vous croyez qu'au départ de la coupe du monde de Rugby, on parle de dopage ?", a déploré l'ancien champion.

>> Et quelque part, il a raison, explique Laurent Guimier, dans son Vrai-Faux de l'info.

On veut gâcher la fête !par Europe1fr

14 révélations de ce type sur 15 ans. Une plongée dans les archives des affaires de dopage depuis 1998, l'année de l'affaire Festina, permet de mettre en lumière une tendance lourde : sur 15 ans, jusqu'en 2012, 14 années ont été marquées par des révélations liées au dopage lors des 30 jours qui précédent le départ du tour. On est donc loin de la coïncidence. Dans environ 50% des cas, il s'agit de perquisitions et de descentes de police dans les compétions qui précèdent le Tour, notamment pendant le Giro, le tour d'Italie. Richard Virenque a donc raison sur ce point. Il n'y a qu'en 2003 que le mois de juin a été complètement calme sur le front des affaires de dopage.

Une tradition médiatique ? En  juin 2000, la justice révèle une affaire de dopage dans le cyclisme amateur. En 2004, un livre scandale sort seulement deux semaines avant le départ : l'ouvrage mouille Armstrong et plombe le début de l'épreuve. Tout se passe en fait comme si "l'apéro à l'EPO" était devenu la tradition médiatique de l'avant-tour. Et tous les acteurs semblent s'y être habitués, jusqu'aux sénateurs.  C'est ainsi que les conclusions de la commission d'enquête sénatoriale sur la lutte contre le dopage seront rendues publiques le 18 juillet prochain. C'est également ce jour-là que les coureurs de la grande boucle s'échineront dans la grande étape des Alpes, à trois jours de l'arrivée. Encore une coïncidence ?