Le Cléac'h: "Un skipper très heureux !"

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Propos recueillis par AXEL CAPRON , modifié à
Trois mois après la fin de son partenariat avec Brit Air, Armel Le Cléac'h a déjà trouvé un partenaire, puisque l'annonce de son engagement par Banque Populaire en vue du prochain Vendée Globe a été officialisée mardi. Une satisfaction pour le deuxième du dernier tour du monde qui a hâte de naviguer sur son nouveau 60 pieds (l'ancien Foncia de Michel Desjoyeaux) avec, dès cette année, des ambitions sur la Transat Jacques-Vabre.

Trois mois après la fin de son partenariat avec Brit Air, Armel Le Cléac'h a déjà trouvé un partenaire, puisque l'annonce de son engagement par Banque Populaire en vue du prochain Vendée Globe a été officialisée mardi. Une satisfaction pour le deuxième du dernier tour du monde qui a hâte de naviguer sur son nouveau 60 pieds (l'ancien Foncia de Michel Desjoyeaux) avec, dès cette année, des ambitions sur la Transat Jacques-Vabre. Vous voilà déjà avec un nouveau partenaire, vous n'avez pas traîné pour retrouver un bateau... C'est sûr que c'est un enchaînement assez sympa. Il y a eu la déception de voir le projet Brit Air s'arrêter, j'avais lancé quelques pistes à côté, lorsque Banque Populaire m'a contacté début mars pour me dire qu'ils faisaient un casting. Je suis très heureux d'avoir été choisi car c'est un super projet sur un très beau bateau, que je ne connais pas encore, je n'ai pas encore eu l'occasion de le visiter, avec un programme que je désirais, à savoir que je souhaitais naviguer rapidement, et qui va me permettre d'être au départ du Vendée Globe avec un bateau qui peut gagner. Vous saviez que Banque Populaire avait racheté le bateau de Michel Desjoyeaux, aviez-vous fait acte de candidature ? Non, parce qu'ils avaient deux skippers dans leur team (Jeanne Grégoire et Jérémie Beyou, ndlr), je ne suis pas quelqu'un qui envoie des dossiers chez un sponsor qui a déjà deux coureurs. Je savais bien sûr qu'ils avaient acheté le bateau, mais ce sont eux qui m'ont contacté, pour me dire qu'ils souhaitaient me rencontrer dans le cadre d'un casting pour choisir un skipper. Ils m'ont donné la réponse le 24 mars pour me dire que j'avais été choisi par les dirigeants, c'était une belle opportunité. Ça ressemble à quoi un tel casting ? J'ai rencontré les gens qui s'occupent du projet voile, j'ai eu deux entretiens, ils m'ont expliqué comment ils voyaient les choses et m'ont demandé comment, moi, je voyais les choses. C'est un peu comme un entretien d'embauche, on défend son CV et eux posent des questions, certaines sympas, d'autres déstabilisantes, c'est toujours intéressant, on apprend. Après, il y a l'attente, on espère, jusqu'au coup de téléphone... Je ne connaissais pas l'identité des autres skippers. Je l'ai su après, j'ai trouvé un peu dommage que ceux qui n'ont pas été choisis l'apprennent dans la presse, je peux en tout cas comprendre leur déception. Contrairement au Vendée précédent, vous héritez d'un bateau que vous n'avez pas choisi, auriez-vous fait construire le même ? Je ne sais pas, je ne le connais pas encore, mais c'est le dernier mis à l'eau aujourd'hui, un plan VPLP-Verdier, ce qui est à la mode. Il a prouvé sur la Barcelona World Race qu'il était largement compétitif en tenant tête à Virbac, à moi d'en tirer la quintessence d'ici un an et demi pour qu'on soit avec un bateau très performant au départ du prochain Vendée. Mais je ne me fais pas beaucoup de soucis là-dessus, parce que je sais que si Michel (Desjoyeaux) a construit ce bateau, ce n'est pas pour rien. J'ai bien suivi la Barcelona, j'ai vu qu'il avait un gros potentiel, je vais désormais voir Michel plus officiellement pour avoir un retour d'expérience. Pourquoi ne pas l'emmener avec vous sur la Transat Jacques-Vabre en fin d'année ? Je sais que lui a déjà une proposition avec François Gabart, je ne connais pas son programme, mais j'espère qu'on va discuter au maximum sur ce bateau qu'il connaît bien. Et j'aurai bien sûr à coeur de l'inviter à naviguer par ce que je suis sûr qu'il y a beaucoup de choses à apprendre avec lui, je pense qu'il le fera avec plaisir, d'autant qu'il ne sera pas un concurrent du prochain Vendée Globe. "C'est le timing parfait" Arrivez-vous tout seul au sein du Team Banque Populaire ou avec l'équipe qui vous entourait avec Brit Air ? Ça fait des parties des choses dont on a discuté. Ils ont une équipe qui existe avec des gens compétents, ils n'ont pas émis le choix de rajouter des personnes ou de changer les personnes qui sont là à temps plein à Lorient, donc c'était moi tout seul qui pouvait intégrer le Team. Maintenant, la séparation avec mon équipe s'était faite quelques semaines avant, certains ont déjà rebondi sur d'autres projets. On avait certes imaginé l'idée de retrouver un sponsor qui me permettait de revenir avec mon équipe, ce n'était pas le cas avec Banque Populaire, mais je ne pouvais pas refuser ce projet pour ce genre de conditions. Estimez-vous que vous êtes dans les temps pour gagner le prochain Vendée Globe ? Oui, c'est le timing parfait. Je bénéficie de mon expérience de cinq années en Imoca, j'ai énormément appris sur le Vendée Globe 2008, la dernière Route du Rhum m'a beaucoup servi car ça m'a permis de faire un point sur où on étaient mes concurrents directs. Je sais que certains ont pris de l'avance sur la Barcelona, notamment Jean-Pierre (Dick, le vainqueur, ndlr) qui a marqué une croix sur la table, à moi de travailler et montrer dès cette année qu'on sera présent en haut du tableau sur la Transat Jacques-Vabre. Il y aura cette Jacques-Vabre, le retour en solitaire, si tout se passe bien et que je termine ces deux courses, il y aura un bon bilan dès la fin de l'année, ce sera parfait pour entamer l'année du Vendée. Le problème de mât qui a entraîné l'abandon de Michel Desjoyeaux et François Gabart sur la Barcelona vous inquiète-t-il ? Non. A partir du moment où le choix du skipper a été validé, il a fallu entériner des choix proposés par les architectes et le Design team de Banque Populaire, on n'a pas tout changé. Ça m'a rappelé quelque chose: on avait démâté sur la BtoB en 2007 et ça nous avait beaucoup servi pour la suite. Donc c'est quelque part un mal pour un bien. Pour moi, c'est mieux que ça arrive là que sur le Vendée, même si, pour eux, c'était une déception. Pour finir, vous êtes un skipper heureux ? Oui, un skipper très heureux qui a hâte de renaviguer sur un beau bateau que je ne connais pas encore. J'ai une chance qu'il va falloir que je saisisse, parce que je sais que certains auraient pu être à ma place, je n'ai pas le droit de faire n'importe quoi.