La Mini a toujours la cote

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
C'est dimanche à 14h17 que sera donné le départ de la 17e édition de la Transat 650 Charente-Maritime Bahia, plus connue sous le nom de Mini Transat. Comme tous les deux ans, le plateau affiche complet avec 85 solitaires prêts à en découdre, sans assistance, sur des monocoques de 6,50 mètres pour 4200 milles d'une odyssée qui les mènera à Salvador de Bahia via une escale à Madère.

C'est dimanche à 14h17 que sera donné le départ de la 17e édition de la Transat 650 Charente-Maritime Bahia, plus connue sous le nom de Mini Transat. Comme tous les deux ans, le plateau affiche complet avec 85 solitaires prêts à en découdre, sans assistance, sur des monocoques de 6,50 mètres pour 4200 milles d'une odyssée qui les mènera à Salvador de Bahia via une escale à Madère. Tous les deux ans, La Rochelle s'offre un été indien particulier pour accueillir le départ de l'une des épreuves les plus courues de la course au large, la Transat 650 Charente-Maritime-Bahia, autrefois baptisée «Mini», le nom que tous ses participants continuent d'ailleurs à lui donner. Cette année encore, les organisateurs ont fait le plein de concurrents avec 85 solitaires (et on ne compte pas les dizaines d'inscriptions recalées), candidats à l'aventure entre la Charente-Maritime et Salvador de Bahia (Brésil), terme de cette épreuve qui fête ses 32 ans et a largement atteint l'âge de raison.Car si, à ses débuts en 1977, organisation et accessibilité donnaient lieu à une gentille anarchie - "J'avais consulté l'avis de course en anglais qui tenait sur une seule page : la seule contrainte de jauge était que la taille des bateaux ne devait pas excéder 6,50 mètres ! On nous prenait vraiment pour des fous et cette hostilité n'avait fait que grandir, puisqu'en 1979, les affaires maritimes françaises avaient reçu ordre de ne pas nous laisser partir !", raconte l'un des pionniers, Jean-Luc van den Heede -, la donne a changé depuis avec une organisation sans faille (sept bateaux accompagnateurs), des conditions de qualification qui permettent d'assurer un maximum de sécurité (la course a tout de même coûté la vie à 13 marins en 32 ans), et des skippers de mieux en mieux préparés, habitués à naviguer en solitaire à force de courir sur un circuit Mini particulièrement dynamique.Ecole et laboratoire de la course au largeDynamique et international, au point que cette Mini réussit ce que tant de classes, même les plus prestigieuses, peinent à réaliser: réunir sur un plan d'eau des marins venus des quatre coins de la planète. Cette année, ils sont ainsi 33 étrangers sur 85 au départ, représentant 13 nationalités: néerlandaise, américaine, anglaise, portugaise, italienne, espagnole, australienne, néo-zélandaise, sud-africaine, suisse, allemande, norvégienne et même brésilienne pour la «touche locale», avec Izabel Pimentel, l'une des six femmes de la flotte. La raison de cet engouement ? D'abord l'accessibilité financière de la course qui permet de confronter l'amateur qui prend tous ses congés annuels et casse sa tirelire pour vivre une odyssée unique au presque professionnel écumant toutes les courses du circuit Mini à bord d'un prototype dernier cri (les prix d'un bateau neuf peuvent atteindre 200.000 euros), mais également le côté «roots» d'une épreuve qui bannit les aides à la navigation tels que les logiciels de routage ultra-sophistiqués utilisés sur les grandes courses océaniques, les marins traçant leurs trajectoires en écoutant les bulletins radio et en s'aidant de cartes marines."C'est la vraie voile, celle que j'aime, accessible à tous. Avec un petit budget et une grosse volonté, tu peux la disputer. Après, la voile perd cette fraîcheur", explique ainsi Laurent Bourgnon, qui a couru la Mini en 1987. Il n'est pas le seul prestigieux marin passé par cette véritable école de la course au large qui en a vu passer à la pelle, de Thomas Coville à Ellen MacArthur en passant par Bernard Stamm, Jean-Luc Van den Heede, Loïck Peyron, Thierry Dubois, Yves Parlier ou Michel Desjoyeaux. Ces deux derniers ont d'ailleurs marque l'épreuve de leur empreinte (le premier l'a même gagné en 1985) en y expérimentant avec succès des innovations technologiques qui seront ensuite développées dans les classes dites supérieures de la course au large (notamment l'Imoca dont la classe 650 est considérée comme la petite soeur), le mât-aile pour «l'Extraterrestre», la quille pendulaire pour «le Professeur». Car c'est l'une des particularités supplémentaires de cette Transat 650, celle de constituer un laboratoire technologique, puisque comme le Vendée Globe, la jauge est ouverte, c'est-à-dire qu'à partir de quelques règles établies (en premier lieu la longueur du bateau), les architectes peuvent donner libre cours à leur imagination.Un tremplin vers les classes supérieuresOn retrouve ainsi au départ de cette Mini, dont la flotte est scindée entre prototypes et bateaux de série, différents plans, Rolland (ce dernier participe à l'épreuve), Pogo Finot-Conq, Manuard, Lombard, Rogers, Magnen... autant de combinaisons différentes qui vont s'affronter sur un parcours en deux étapes de 4200 milles, 1100 milles vers Madère pour la première étape, 3110 pour la traversée de l'Atlantique proprement dite qui mènera la flotte de 85 bateaux de 6,50 mètres au Brésil, avec à l'arrivée un vrai passeport du large pour ceux qui auront été au bout, notamment les bizuths. "Une fois que tu as fait la Mini, il peut tout t'arriver, tu seras prêt à affronter les pires galères. La Mini est le seul programme où tu peux dessiner, concevoir et réaliser le bateau puis le skipper. Tu te mets à l'épreuve de toutes les disciplines qu'impose la voile", estime Thomas Coville. Tout un programme ! Et pour les plus méritants, cette Mini constitue souvent un tremplin pour monter en Figaro, voire sur d'autres classes, comme c'est le cas pour le tenant de cette Mini, Yves Le Blévec, qui vient tout juste de mettre à l'eau son trimaran flambant neuf de 50 pieds, Actual, avec lequel, associé à Jean Le Cam, il participera en novembre à la Transat Jacques-Vabre puis dans un an en solitaire à la Route du Rhum.Les prétendants à sa succession ? Difficile d'établir les pronostics en l'absence de grands favoris, comme ce fut le cas en 2007, Le Blévec mais aussi Isabelle Joschke, qui avait remporté la première étape avant d'abandonner sur la seconde, étant clairement des prétendants plus que sérieux à la victoire. En prototypes, la classe la plus rapide, on peut citer Stéphane Le Diaison, Nicolas Boidevezi, Gerard Marin, Thomas Ruyant, Henri-Paul Schipman, Xavier Haize, Marine Feuerstein, Fabien Despres, Rémi Aubrun ou Andrea Caracci, tandis qu'en séries, Davy Beaudart, Francisco Lobato, Pierre Rolland, Bertrand Castelnérac, Antoine Debled, Sébastien Rogues, peuvent viser la victoire... Réponse dans un petit plus d'un mois...