L'Espagne au pied du mur

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François TESSON , modifié à
CM 2010 - L'Espagne doit battre le Chili pour se qualifier pour les huitièmes.

CM 2010 - L'Espagne doit battre le Chili pour se qualifier pour les huitièmes. L'Espagne adepte de la méthode Coué. Quand d'autres grandes nations du Vieux Continent s'inquiètent de leur entame poussive et pour certaines rédhibitoire (France, Italie...), la Roja affiche sa confiance et ne doute rien. Enfin, si l'on en croit la "Une" des quotidiens espagnols. Ainsi, au lendemain de la défaite inaugurale face à la Suisse (0-1), Marca, bien connu pour son sens de la démesure, n'hésitait pas à rassurer ses lecteurs: "Tranquilo, nous sommes toujours la meilleure équipe du monde." Et le quotidien espagnol de récidiver ce jeudi matin, par la voix du sélectionneur Vicente Del Bosque: "Nous sommes plus forts que jamais." Le hic, c'est que si Del Bosque a ressenti le besoin d'effectuer cette petite piqûre de rappel, c'est bien parce que quelques voix ont commencé à s'élever de l'autre côté des Pyrénées pour fustiger la "piètre" qualité de jeu des champions d'Europe. Une hérésie, vu de là-bas. Et au sein cette petite vague de contestation, une présence notable, celle de l'ancien sélectionneur, Luis Aragones. "En jouant comme ça, l'Espagne n'a aucune chance d'aller loin, s'est ainsi permis de déclarer l'ancien guide de la Roja. Il y plein d'imprécisions en attaque. Contre le Honduras, Torres a gâché deux occasions franches et Villa trois, dont un penalty". Et Aragones d'ajouter: "J'ai vu des choses que je n'aurais jamais faites." Del Bosque appréciera.Cette sortie d'Aragones marque en tout cas le début d'une petite remise en question du côté espagnol. Championne d'Europe il y a deux ans, avec un style de jeu qui a comblé de fierté tout un peuple, la Roja veut maintenant soulever la Coupe du monde et pas autre chose. Mais elle se demande à présent comment y arriver. En restant fidèle à son style de jeu en passes courtes, le tiqui-taca ? Ou, échaudée par la leçon tactique infligée par l'Inter Milan au FC Barcelone en Ligue des champions, doit-elle se montrer avant tout pragmatique ? La question est posée. Et les avis, à défaut de vraiment diverger, sont tranchés.Xavi: "On ne peut pas renoncer à notre style"Icône du Barça, chantre du jeu à l'Espagnole ou à la Catalane, c'est selon, Xavi n'envisage évidemment pas une seule seconde de voir l'Espagne renier ses principes de jeu. Et pour cause, elle ne sait faire que ça ! "Changer de style ? On pourrait, mais je ne nous crois pas capables de gagner sans tiqui-taca, sans toque, assure le milieu du Barça. Appelez-ça comme vous voulez, mais on ne peut pas renoncer à notre style, avoir le ballon, dominer, prendre les initiatives. En jouant comme ça, on n'a perdu que deux matches en un an, avec un manque de réussite contre les Etats-Unis et la Suisse."Et les autres ? Finalement, peu importe. "Au Mondial, on vient pour gagner, pas pour donner des leçons de beau jeu", rappelle Alvaro Arbeloa dans les colonnes de AS. Et pour le défenseur du Real, l'équipe actuelle serait même encore plus forte que ses devancières. "Le passé a été idéalisé, estime-t-il. Avec Del Bosque, nous avons plus de solutions." Il sera ainsi intéressant de voir quel visage l'Espagne, sous pression comme rarement ces derniers temps, présentera face au Chili vendredi. Une chose est certaine, elle doit gagner, faite de quoi elle rentrera, comme la France et l'Italie, et là, ce sera un vrai tremblement de terre...