Irlande-France : un test, un vrai !

Les Bleus auront fort à faire contre l'Irlande dimanche.
Les Bleus auront fort à faire contre l'Irlande dimanche. © Reuters
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Aurélie Frex
TOURNOI 6 NATIONS - Rassuré par son succès face à l'Ecosse, le XV de France affronte l'Irlande.

A peine rassuré par son succès enlevé, mais ô combien perfectible face à l'Ecosse, le XV de France se soumet à une épreuve autrement plus probante ce dimanche, à Dublin, où les Bleus inaugurent le nouveau Lansdowne Road. Face à des Irlandais soucieux de montrer autre chose que la piètre impression laissée par leur heureuse victoire en Italie, Dusautoir et les siens ont besoin d'un grand match pour prouver que les tenants sont bel et bien de retour.
Les Bleus en quête d'un exploit à Dublin, comme à Croke Park (20-17), en 2007. (Maxppp) Les Bleus en quête d'un exploit à Dublin, comme à Croke Park (20-17), en 2007. (Maxppp)
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A chacun son humeur... Au cours de cette longue semaine à Marcoussis, au format inhabituel pour les joueurs habitués au rythme élevé de leur compétition domestique, les Bleus ont rongé leur frein plus que de raison. Si ces huit jours pleins étaient plutôt bienvenus après la débauche d'énergie consentie face aux marathoniens écossais, ce succès face au XV du Chardon (31-24), même s'il fut celui de la rédemption après le traumatisme de novembre, porte en lui suffisamment de défauts pour que cette équipe de France ne crie pas au miracle trop tôt.
Il y a la saine appréhension d'un William Servat, qui garde les uns sur le qui-vive, et puis il y a l'agacement d'un Morgan Parra, qui cache mal sa frustration de voir sa formation toujours incapable de faire deux choses à la fois, mais a au moins le mérite de placer chacun face à ses propres responsabilités. Attaquer, les Bleus ont prouvé qu'ils savaient encore faire avec quatre essais passés aux Ecossais, mais, détail qui a son importance, pas un seul sur leurs propres lancements de jeu. Défendre, le sujet reste épineux avec ces trois essais abandonnés à Kellock et sa bande, qui n'en demandaient pas tant. Et laissent surtout planer le spectre d'une statistique, qui continue de hanter les nuits du CNR: 16 essais et 142 points, soit les chiffres de l'incroyable faillite défensive des Bleus en juin et novembre dernier en seulement trois déroutes concédées en Afrique du Sud, en Argentine et face à l'Australie.
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A deux essais du record absolu d'essais inscrits dans le Tournoi, Brian O'Driscoll, déjà crédité d'une première réalisation à l'occasion du match d'ouverture du XV du Trèfle à Rome, face à l'Italie, n'a plus besoin que de franchir une seule fois la ligne d'en-but pour égaler le total de 24 essais de l'Ecossais Ian Smith. Un record établi par ce dernier entre 1924 et 1933.
déplacements, dont deux des plus périlleux du Tournoi, successivement à Dublin, ce dimanche, puis dans quinze jours, à Twickenham, pour y défier les terreurs anglaises retrouvées. Autant dire que les Bleus abordent du rugueux, du costaud et même du sévère. A commencer par cette verte Erin, dont la réputation en matière de puissance n'est plus à faire. Demandez donc à Julien Pierre qui, malgré son seul match joué contre l'Irlande en treize sélections, garde surtout encore en mémoire la mise en pièces de son ASM, toute Championne de France qu'elle est, pas plus tard qu'il y a un mois et demi, par un Leinster tout puissant (23-8), dont pas moins de onze éléments feront face à Dusautoir et ses coéquipiers dimanche. Quand on lui demande si les joueurs irlandais sont "rugueux, teigneux, musculeux, un peu tricheurs, pénibles", le deuxième ligne répond: "Ce sont des Irlandais, quoi".
Sébastien Chabal, dont le Racing a chargé plus encore face à la même province irlandaise (38-22 en Irlande et 36-11 à Colombes, ndlr), lui répond en écho et ne se fait aucune illusion sur la qualité de la réception dimanche, dans cet Aviva Stadium, remis au goût du jour et qu'on a peine à voir ainsi rebaptisé. De la vitesse, de l'alternance, de la précision, du combat et beaucoup d'efficacité derrière, énonce le barbu bleu lorsqu'il détaille le cocktail, peut-être un peu éventé, mais toujours aussi redoutable concocté par Brian O'Driscoll et son orchestre irlandais.
Un adversaire que son heureuse victoire (13-11) à Rome il y a une semaine sur un essai du capitaine, BOD (voir par ailleurs), et un drop de l'inévitable O'Gara, risque surtout de placer un peu plus en alerte. "Les Irlandais ont eu un début de Tournoi difficile face à l'Italie, note encore Chabal. Mais face à nous, ils ne vont pas douter de ce qu'ils doivent faire et on risque de se heurter à leur fameux fighting spirit." Et le Racingman, comme pour mieux annoncer le changement de déco après l'Ecosse, d'annoncer: "Ils ne vont pas s'embêter à faire du jeu pour du jeu. Ils vont être plus réalistes."
Raison de plus pour attendre de cette équipe de France, toujours convalescente, un retour au respect de ses fondamentaux, comme l'appelle de ses voeux le bougon Parra. "Il va falloir retrouver les bases solides du Tournoi 2010". Car pas question d'envisager une victoire à Dublin qui, pour ces Bleus en reconstruction, aurait valeur d'exploit, sans un minimum de garanties. Les neuf rescapés (*) de la dernière victoire tricolore à Croke Park, en 2007 (20-17), sur l'essai imparable de Vincent Clerc, peuvent en témoigner. Parra avait beau ne pas en être, il fixe l'objectif, à la fois simple et si complexe à la fois: "Faire un gros match, reprendre des certitudes, gagner tout simplement". Un grand match en somme.
(*) Poitrenaud, Clerc, Jauzion, Chabal, Harinordoquy, Nallet, Marconnet, Thion et Bonnaire.