F1 : le déclin de la vieille Europe

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F1 - Bernie Ecclestone, le patron de la discipline, voit l'avenir de la F1 en dehors de l'Europe.

En 2002, onze des dix-sept Grands Prix de la saison de F1 avaient été disputés en Europe, soit près des deux tiers. Dix ans plus tard, le ratio des épreuves européennes va plonger en 2012 sous les 50%, avec huit épreuves seulement sur les vingt inscrites au programme. Et visiblement, ce pourcentage est amené encore à baisser si l'on en croit le grand argentier de la discipline, Bernie Ecclestone.

"Je pense que dans les années qui viennent, l'Europe n'accueillera plus que cinq Grands Prix", tranche l'éternel "Bernie" dans un entretien mis en ligne mardi sur le site du quotidien espagnol Marca. L'octogénaire, qui ne précise pas quelles courses il souhaite conserver (ou supprimer) au calendrier, estime que l'Europe a été le "berceau de la discipline" mais ne l'est plus. Mais alors où est-il désormais ? Peut-être vers l'Asie...

La F1 penche désormais à l'Est

Depuis 2001, six nouvelles épreuves ont été créées à l'Est du globe : la Chine et Bahreïn en 2004, Singapour en 2008, Abou Dhabi en 2009, la Corée du Sud en 2010 et l'Inde en 2011. Dans le même temps, quatre épreuves européennes ont disparu : le Grand Prix d'Autriche (2003), celui de Saint-Marin (2006), celui de France (2008) et celui de Turquie (2011). Le Grand Prix de Belgique n'a pas été couru en 2003 (législation anti-tabac) et 2006 (travaux sur le circuit). D'autres, comme celui de Grande-Bretagne, ont été sur la sellette.

Après l'Inde cette saison, la (re)conquête de territoires "exotiques" ne devrait pas s'arrêter là. Bernie Ecclestone entend en effet retourner au Mexique, déserté depuis 1992, et en Afrique du Sud, où on n'a plus couru depuis 1993. Un Grand Prix aura lieu en Russie, à Sotchi, l'an prochain. Un autre est prévu dans le New Jersey, près de New York, pour l'année 2013. L'Amérique centrale, l'Afrique, la grande Europe, l'Amérique du Nord... L'objectif du patron de la F1 est clair : être présent sur les cinq continents.  Et comme, dans le même temps, le calendrier ne devrait pas compter plus de 20 épreuves, la place de l'Europe va se réduire comme peau de chagrin.

"L'Europe appartient au passé"

Ce choix répond à une logique d'occupation de territoires, et donc de marchés. La F1 du XXIe siècle s'est adaptée à la globalisation de l'économie. Et tandis que les pays de la zone euro se débattent avec la crise, Bernie Ecclestone a clairement choisi de miser son argent et celui de la F1 ailleurs. "Le problème est que je crois que l'Europe se meurt de toutes façons. Cela restera un bon endroit pour le tourisme, mais guère plus. L'Europe appartient au passé", estime "Bernie".

Comme tout événement sportif, l'organisation d'un Grand Prix de F1 a effectivement un coût. Alors que les promoteurs désertent les épreuves européennes, les émirats du Golfe ou les pays émergeants n'ont aucun mal à trouver l'argent pour monter un événement qui est aussi une vitrine inestimable pour leur pays.

La F1 comme le foot

La même logique opère dans le football, où le Qatar (Malaga, PSG), Abou Dhabi (Manchester City), Dubaï (Getafe) ou l'Inde (Santander) ont massivement investi dans des clubs, dépensant plusieurs millions en transferts. Avec l'argent de ces pays, la F1 ne s'offre pas des joueurs mais des sites flambant neufs, des tracés urbains, des courses de nuit ou au crépuscule, sur des circuits spécialement conçus pour l'occasion. On est bien loin des courses européennes, sur des circuits vieux de plusieurs décennies par un quelconque après-midi d'été...

Mais l'intérêt sportif ne s'achète pas. Avec un Sebastian Vettel sacré à quatre épreuves de la fin et des courses la plupart du temps soporifiques, personne n'en a eu vraiment pour son argent, cette saison, en F1. Sauf peut-être Bernie Ecclestone.