Elissalde, une saison de champion

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S.L. , modifié à
Bombardé coach des arrières toulousains par Guy Novès il y a un an sitôt sa carrière achevée, Jean-Baptiste Elissalde a conclu sa première saison sur le banc par un premier Brennus. Un coup de maître pour les uns, un coup de chance pour l'intéressé, qui revient en quatre temps forts sur la saison des Champions de France.

Bombardé coach des arrières toulousains par Guy Novès il y a un an sitôt sa carrière achevée, Jean-Baptiste Elissalde a conclu sa première saison sur le banc par un premier Brennus. Un coup de maître pour les uns, un coup de chance pour l'intéressé, qui revient en quatre temps forts sur la saison des Champions de France. C'est un Jean-Baptiste Elissalde au profil bas qui, samedi dernier, au Stade de France, quelques minutes seulement après que le coup de sifflet final a libéré ses joueurs et officialisé la conquête d'un dix-huitième Brennus par le Stade Toulousain, apparaissait face à la presse. Champion d'Europe un an plus tôt au crépuscule de sa carrière de joueur, l'ancien demi de mêlée décroche son premier Bouclier -le deuxième après celui conquis sur le terrain en 2008- à l'aube de sa nouvelle vie d'entraîneur: "Je suis énormément chanceux. Je n'avais pas forcément de légitimité pour être là, beaucoup de bons entraîneurs plus chevronnés que moi auraient mérité d'entraîner une équipe comme celle-là et avec des joueurs aussi talentueux. Moi, j'ai eu cette chance-là, qui m'a été donnée par le club et par Guy Novès. J'en ai profité à fond, j'ai tout donné. Ça a été une saison un peu longue -le changement de rythme était un peu difficile-, mais la fin est heureuse et surtout elle est méritée." Elissalde, un oeil à la fois neuf et avisé sur le Stade, qui revient sur quatre temps forts de la saison des Champions de France. La prise de fonctions A la reprise de la saison, Jean-Baptiste Elissalde, successeur de Philippe Rougé-Thomas, se retrouve à diriger à l'entraînement des joueurs qui, quelques semaines plus tôt encore, étaient ses coéquipiers avec lesquels ils grimpaient sur le toit de l'Europe... "Ma prise de fonctions a été délicate du fait de l'affect que j'avais pour mes copains. Dans la continuité, notre rugby s'est installé, on a vu des trucs se mettre en place. J'ai essayé dans la continuité de Philippe (Rougé-Thomas) et de ce qu'on essaye depuis toujours d'inculquer aux joueurs au Stade Toulousain de travailler dans cet état d'esprit-là." Pas de rupture, mais un relais: Elissalde se fond dans le staff, mais apporte sa patte... Les doublons Dominateur de bout en bout, ou presque, de cette saison de Top 14, le Stade l'aura été jusque dans cette période de doublons qui, durant le Tournoi, si pénalisant sur le papier pour le club de la Ville Rose, n'aura pas empêché les Toulousains de signer un carton plein. "Il y a eu cette période des doublons, au cours de laquelle on a su se forger un bon moral, où quelques joueurs ont aussi gagné leur place, je pense à Cédric Heymans, où d'autres réputés "hors groupe" (sic) se sont battus pour le maillot et pour l'équipe. Une pensée pour tous les mecs qu'on a laissé sur le côté entre les blessures et les hors groupe. Parce que pour eux, c'est encore plus dur. Tout le monde est heureux maintenant, mais sur le moment, quand il faut annoncer aux joueurs qu'ils ne sont pas dans le groupe ou qu'ils sont sur le côté, ce n'est vraiment pas facile. A cette époque, on a obtenu dans la difficulté trois résultats positifs (victoires à La Rochelle 19-22, face à Biarritz 23-19, face à Brive 23-22, ndlr)." Trois matches pour trois victoires au couteau qui marquent le parcours du Champion. La demi-finale face au Leinster Le rêve de doublé du Stade s'est brisé le 30 avril, à Dublin, sur une extraordinaire équipe du Leinster, future Championne d'Europe que les Toulousains auront bousculé comme rarement elle ne l'a été cette saison, malgré une défaite finale (32-23) face à un adversaire qui, à son tour, échouera dans la quête de ce doublé en s'inclinant en finale de la Ligue Celte face au Munster. "Sincèrement... Je pense que dans un autre contexte, on doit gagner au Leinster, explique plein de regrets un Elissale, qui répète: On peut le battre le Leinster, on peut le battre. Mais en battant le Leinster, peut-être n'aurions-nous pas pu être sur les deux tableaux, je ne sais pas... Mais ce jour-là, face à ce qui se fait sans doute de mieux dans le monde puisqu'il s'agit d'une sélection, on a encore montré beaucoup de valeurs. Qui seront le terreau de la conquête à venir du Bennus... La victoire en finale Même si la performance de Toulouse en finale de ce Top 14 ne fut pas à la hauteur de sa maîtrise toute la saison, au point que Montpellier aura frisé l'exploit, ce dix-huitième Brennus, lourd de significations pour tout un groupe, ne se conteste pas. "Je pense que le groupe, avec la saison qu'il a fait, en étant en tête tout le long, en étant quasiment invaincu en Coupe d'Europe, si on excepte ces faits de jeu qui nous amènent à Anoeta et nous propulsent vers le Leinster, à Dublin, avec cette saison-là, on méritait de remporter quelque chose. Aujourd'hui, c'est acquis et j'en suis forcément heureux. Si ça s'était arrêté il y a trois semaines, on aurait déjà été champion et on n'aurait pas eu besoin de se coltiner Clermont, le Champion de France, et la surprise du chef, Montpellier." Par-delà les chiffres et le caractère implacable de ce nouveau sacre toulousain affleure une émotion bien réelle : "C'est bizarre, mais c'est une grande joie de voir partir -c'est bizarre à dire...- ceux qui s'en vont et qu'ils puissent s'offrir ce grand moment parce que c'est toujours un grand moment. La leçon, c'est que c'est mon premier et que ce sera sans doute encore plus dur de recommencer. Mais c'est mon nouveau métier..."