Dick: "On est confiants"

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Par Axel Capron , modifié à
Après dix jours de course, la situation s'est considérablement décantée sur la Transat Jacques-Vabre dans les trois classes en lice: en Imoca, on se dirige vers un duel final entre Virbac-Paprec (Dick-Beyou) et Hugo Boss (Thomson-Altadill), les deux tandems étant sortis vainqueurs de la bataille d'options en Atlantique. En Multi 50 et en Class 40, Actual (Le Blévec-Manuard) et Aquarelle.com (Bestaven-Drouglazet) sont de solides leaders...

Après dix jours de course, la situation s'est considérablement décantée sur la Transat Jacques-Vabre dans les trois classes en lice: en Imoca, on se dirige vers un duel final entre Virbac-Paprec (Dick-Beyou) et Hugo Boss (Thomson-Altadill), les deux tandems étant sortis vainqueurs de la bataille d'options en Atlantique. En Multi 50 et en Class 40, Actual (Le Blévec-Manuard) et Aquarelle.com (Bestaven-Drouglazet) sont de solides leaders... A l'autre bout du fil, si la voix de Jean-Pierre Dick est difficilement audible en raison du bruit du moteur en marche pour recharger les batteries mais également de la mer en train de défiler sur la coque en carbone d'un monocoque dévalant l'Atlantique à 20 noeuds, on devine à son ton que malgré la fatigue, le skipper de Virbac-Paprec 3 est particulièrement satisfait de sa position, en tête de la flotte de la Transat Jacques-Vabre. Parti très vite sur une option nord-ouest au plus près de la route directe, là où la majorité de ses rivaux préféraient plonger au sud, le tandem Jean-Pierre Dick-Jérémie Beyou fait aujourd'hui figure de grand favori dans la course à la victoire sur la transat en double, puisque seul Hugo Boss (Alex Thomson-Guillermo Altadill), lui aussi partisan de cette trajectoire, semble aujourd'hui en mesure de la lui contester, une grosse quarantaine de milles séparant les deux bateaux samedi. "On est confiants, on a une belle avance", se réjouit Jean-Pierre Dick, qui nous décrit samedi matin des conditions de glisse idéales, même si elles restent assez inconfortables: "On a une vingtaine de noeuds de vent, on est au reaching (vent de travers), on a eu un passage d'un petit front cette nuit, il a fallu être sur le pont, ça a été assez humide, mais depuis le départ, on a eu des conditions assez ventées." Notamment plusieurs passages de front qui ont eu raison notamment de PRB ou Cheminées Poujoulat et ont conduit certains à miser sur une trajectoire sud qui s'est finalement avérée coûteuse en milles perdus. Groupe Bel tente un coup au sud Ecoutons ainsi Kito de Pavant, samedi à la vacation: "On s'est trompés sur l'option sud il y a quelques jours, on s'en est rendu compte assez vite parce que les fichiers météo se sont dégradés: quand on a décidé, c'était super bon, douze heures après, ça ne l'était pas du tout, et 24 heures après, c'était la catastrophe ! On n'a pas su se remettre en question en passant par le nord de la dorsale, on aurait dû le faire, il y avait sans doute moyen de faire mieux, on s'est fait un peu piéger. On avait envie d'aller au sud pour avoir des conditions meilleures, ça ne l'a pas fait, c'est un jeu." Un jeu que le skipper de Groupe Bel a du coup décidé de prolonger, en plongeant en cette fin de semaine encore plus au sud, histoire de se démarquer de ses rivaux dans la course au podium: "L'idée, c'est de se procurer quelques ouvertures pour jouer le podium, car faire sixième ou neuvième, c'est pareil. Vu comment on était placés, on n'avait pas grand-chose à espérer en suivant le petit train de tout le monde. Ça fait plusieurs jours qu'on réfléchissait à cette option pas forcément très évidente, l'histoire est de tenter quelque chose, non pas pour revenir au contact des premiers car ils sont vraiment très loin, mais pour jouer le podium." Dick: "Arriver sereins sans avoir à regarder dans le rétroviseur" En clair, Groupe Bel a décidé de tenter son va-tout dans une stratégie extrême au sud pour tenter de priver Banque Populaire (Armel Le Cléac'h-Christopher Pratt), Macif (François Gabart-Sébastien Col), Gamesa (Mike Golding-Bruno Dubois), voire Bureau Vallée (Louis et Nelson Burton) d'une troisième place que tous briguent d'ici l'arrivée. Car de l'avis de tous, les deux premières places semblent promises à Virbac-Paprec et Hugo Boss dont l'avance pourrait même s'accentuer d'ici le passage de l'arc antillais, prévu dans la journée de lundi au niveau de Mona Passage, entre la République dominicaine et Porto Rico. "Les deux premiers sont très loin, pour l'instant, on ne s'en occupe pas du tout, confirme Armel Le Cléac'h. Pour l'instant, on essaie de régater avec les petits camarades de jeu qui ne sont pas très loin de nous, on fait notre course, on s'attache à ne pas perdre de terrain, rien n'est fait pour la troisième place, c'est l'objectif de Banque Populaire, on va tout faire pour y arriver." Pour Eric Mas, l'un des spécialistes météo de la course, c'est avec environ six heures d'avance sur leurs poursuivants que Virbac-Paprec et Hugo Boss devraient basculer en Mer des Caraïbes avant d'attaquer une dernière ligne droite vers Puerto Limon, au Costa Rica, qui s'annonce moins délicate que prévu avec un alizé établi, au moins au début: "L'alizé, au moins sur les deux premiers tiers, ne posera pas de problème, la dernière partie sera plus compliquée." Ce que nous confirme Jean-Pierre Dick: "Pour l'instant, le flux est assez établi pour aller jusqu'à l'arc antillais, ensuite il semble y avoir du vent. C'est vraiment l'arrivée, les 120 derniers milles, qui pose problème. L'arrivée à Puerto Limon, je m'en méfie." D'où le parti pris par le skipper niçois d'essayer de creuser un maximum d'écart sur Hugo Boss en vue de cet atterrissage costaricien: "Le but, oui, c'est de grappiller des milles pour arriver sereins sans avoir à regarder dans le rétroviseur." Le verdict final ? En fin de semaine prochaine...