Bartoli, la nouvelle harmonie

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avec agences , modifié à
La joueuse française a remporté son premier Grand Chelem (6-1 ; 6-4) face à Lisicki.

Samedi, Marion Bartoli, tête de série n°15, a remporté face à l'Allemande Sabine Lisicki (n°23) son premier Wimbledon au terme d'une rencontre maîtrisée de bout en bout, malgré une petite frayeur (6-1, 6-4). La Française disputait là sa seconde finale de Grand Chelem après celle perdue en 2007 contre Venus Williams, à Wimbledon déjà. En manque de réussite depuis le début de la saison, éliminée dès le troisième tour le mois dernier à Roland-Garros, la Française retrouve les sommets sur le gazon anglais. Retour sur les clés de cette nouvelle harmonie en dix mots.

Wimbledon. Loin de la pression qui l'entoure (et l'inhibe) parfois à Roland-Garros, Bartoli est chez elle à Wimbledon. "Depuis sa finale en 2007, tous les gens la connaissent ici. C'est Marion par ci, Marion par là", souligne Thomas Drouet, son sparring-partner. "Elle fonctionne beaucoup à l'affect, ça la met dans de bonnes conditions de sentir qu'elle est aimée ici." Outre sa finale perdue en 2007, Bartoli y a également atteint les quarts de finale il y a deux ans. Elle y avait été éliminée par... sa future adversaire en finale, Sabine Lisicki.

Bartoli en demi-finales (930x310)

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Bartoli à Wimbledon hauteur 2 (930x1240)

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Drouet. Drôle d'année pour Thomas Drouet. En mai, le joueur monégasque avait été frappé au visage par le père de Bernard Tomic en marge du tournoi de Madrid. En juillet, il est l'un des éléments de la renaissance de Bartoli. En effet, depuis qu'elle a choisi, après Roland-Garros, de se séparer de son père comme entraîneur, Drouet est devenu un peu plus qu'un simple sparring-partner. "J'ai une équipe avec laquelle je m'entends bien, mais il n'y a pas eu de truc magique", confie Bartoli qui, depuis le début de l'année, a testé pas mal de structures (Jana Novotna et Iwona Kuczynska, Gérald Brémond, son père...) avant de s'arrêter sur ce fonctionnement atypique, sans entraîneur attitré mais plusieurs proches conseillers.

Walter. Même si elle a mis fin (de manière définitive, dit-elle) à sa collaboration sportive avec son entraîneur de père, Bartoli n'imagine pas Walter ailleurs que dans la box réservée aux proches, sur le Court Central, samedi après-midi. "C'est très important pour moi", insiste-t-elle. "Ce ne serait pas normal qu'il ne soit pas là. Il est associé à tout ce que je fais, il m'a tout appris dans le tennis." Ce lien père-fille, extrêmement fort, s'est parfois retourné contre Bartoli, l'isolant des autres joueuses.

Fed Cup. C'est parce qu'elle exigeait la présence de son père à ses côtés que Bartoli s'est ainsi fermée pendant longtemps la porte de l'équipe de France de Fed Cup. Ces huit ans de désamour ont pris fin l'hiver dernier avec un retour pour un match de barrage contre le Kazakhstan. Ses deux victoires en deux sets lui ont permis de faire le plein de confiance et de prendre ses marques chez les Bleues. "Elle a pris des décisions difficiles cette année", souligne la responsable du haut niveau féminin à la FFT, Alexandra Fusai. "Elle rêve de gagner un Grand Chelem et a cherché un autre moyen pour s'épanouir. C'est passé par l'équipe de France, par Amélie qui lui fait beaucoup de bien. Savoir que tous ces gens sont derrière elle, ça la booste." Et "Amélie" sera une nouvelle fois dans sa box, samedi après-midi.

Mauresmo avec Bartoli (930x620)

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Mauresmo. Elle ne cesse de repousser son retour en France pour y fêter son 34e anniversaire. Amélie Mauresmo, dernière gagnante d'un tournoi du Grand Chelem, à Wimbledon, en 2006, entend accompagner jusqu'au bout celle qui pourrait lui succéder au palmarès. "je considère qu'être là pour toutes les joueuses de l'équipe de France fait partie intégrante de ma fonction de capitaine de Fed Cup. Je suis là pour toutes. Après, depuis le début, c'est Marion qui est la plus en demande." Néanmoins, une vraie complicité semble s'être installée entre Amélie et Marion, deux joueuses qui, au cours de leurs carrières, ont rarement été épargnées par les critiques, voire les moqueries. "Elle m'aide, elle me donne une bonne dynamique", confie Bartoli. "Mais on n'est pas en train de discuter toute la journée de ce qu'elle a vécu avant et on parle aussi d'autres choses que de tennis. On est juste copines, on aime rigoler des mêmes choses, on ne se met pas de pression." La bonne recette ?

Volonté. Comment passe-t-on d'un début de saison difficile, marqué par les blessures et la multiplication des coaches, à une finale d'un Grand Chelem ? Amélie Mauresmo a son avis sur la question : "Ce que Marion n'a jamais perdu, c'est sa volonté et son intensité", reconnaît l'ancienne n°1 mondiale. "C'est ça qui lui a permis de switcher de Roland-Garros à Wimbledon." C'est aussi sa volonté qui lui a permis de se relever d'un avant-tournoi contrarié, où elle a été clouée au lit avec 40° de fièvre et une douleur à une cheville. "Je crois dans le travail et la détermination", souligne Bartoli. "Ce genre d'attitude doit être récompensée." Qui, sur ce point, ne serait pas d'accord avec la n°1 française ?

La personne mystère. Parfois tancée pour son amabilité fluctuante, Marion Bartoli apparaît bien plus relâchée lors de ce Wimbledon, n'hésitant pas, parfois, à répondre aux médias en dehors des zones d'interview. Cherchant une explication, un journaliste s'est hasardé à lui poser une question : cette décontraction est-elle le fruit de l'amour ? "Ça ne vous regarde pas", a-t-elle répondu, sans sourciller.

Bob Sinclar. Cela n'a aucun rapport avec ce qui est écrit ci-dessus mais Bob Sinclar a, lui aussi, sa part dans dans la réussite de Bartoli. Détaillant sa playlist avant sa demie, Bartoli a expliqué avoir écouté "Summer Moonlight". Je l'ai déjà écouté 60 fois depuis hier (vendredi). L'a-t-elle également écouté lors de la sieste de "15-20 minutes" qu'elle a faite avant sa demi-finale ? Elle n'a pas précisé.

Peinture. Depuis le 7 juin dernier, Marion Bartoli tweete. Anecdotique ? Sans doute pas. Cela participe de sa volonté d'ouverture au monde et aux autres. "Effrayée" et "excitée" par l'expérience, elle a appris à apprivoiser la chose. Elle tweete en anglais (une langue qu'elle maîtrise parfaitement) et révèle certaines de ses passions méconnues, comme la peinture. On a eu même eu droit à certaines de ses œuvres. Sympa.

Lisicki ? Voilà le nom de celle qui pourrait entrer dans l'histoire du tennis français comme dernier adversaire de Bartoli. A la différence de la Française, la jeune Allemande va disputer samedi sa première finale en Grand Chelem. Ce manque d'expérience pourrait faire la différence. Bartoli, elle, semble tout à fait sereine. "Il n'y a pas de raison d'être tendue", s'est-elle défendue après sa demi-finale. "Il faut simplement apprécier le fait d'y être. J'avais déjà vécu ça, ce qui m'a permis de relativiser. Le plus important est d'être concentrée mais il n'y a pas de raison d'être inhibée". Et pas de raison, donc, de ne pas gagner.