Youssoupha 2:45
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Ugo Pascolo , modifié à
En plein procès de l'assassinat de George Floyd aux Etats-Unis, cet Afro-Américain asphyxié par un policier blanc en mai 2020, le rappeur Youssoupha s'exprime sur le racisme dans nos sociétés. Invité d'Emilie Mazoyer à l'occasion de la sortie de son sixième album "Neptune Terminus", l'artiste confie ne plus comprendre "les débats autour du racisme". 

"Je ne comprends même plus les débats autour du racisme." En plein procès de l'assassinat de George Floyd, cet Afro-Américain asphyxié en mai 2020 lors de son interpellation par un policier blanc, Derek Chauvin, le rappeur Youssoupha affirme que le "racisme systémique est une aberration de notre époque". Invité de "Musique !" sur Europe 1 à l'occasion de la sortie de son sixième album Neptune Terminus, il estime également que le caractère raciste dans les affaires comme George Floyd ou Adama Traoré n'a pas vocation à être débattu.

"Quand on est noir, on mérite beaucoup mieux que ça" 

"Dans un cas comme l'affaire Adama Traoré, je ne comprends même pas qu'il y ait des 'pour' et des 'contre', je ne vois pas de quoi on parle", souligne Youssoupha. "C'est une question d'humanité qui nous concerne tous. Toutes ces questions là, je ne les négocie plus. Quand on est noir, on mérite beaucoup mieux que ça." D'autant que l'artiste assure que dans ce type d'affaires "on arrache aux noirs la possibilité de dire à quel point il est compliqué de subir le racisme". 

Youssoupha poursuit : "On négocie la parole des noirs autour du racisme. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui négocient avec la parole des femmes dans le cadre du mouvement #Metoo. Or, l'agression ressentie est réelle", martèle le rappeur, qui rappelle que les personnes subissant une agression, "que ce soit des femmes, des noires, des juives etc. ne prennent pas de plaisir à dire le mal qu'elles subissent au sein de la société". 

Une "négociation" de la parole des victimes

Pour l'artiste, la discussion n'a donc pas lieu d'être et il faut "les écouter pour les comprendre, et non pas pour négocier ce qui est supposément pertinent ou pas dans la parole des victimes. Si elles le disent, c'est que c'est forcément pertinent. Donc si on passe le cap de la prétention [de penser savoir ce que vivent ces personnes] de ces sachants, ces twittologues qui savent tout sur tout le monde", ce serait déjà un grand pas en avant. 

Évoquant son propre cas, "un homme noir, hétéro, gagnant bien sa vie", le rappeur explique ensuite "respecter tous les paramètres par lesquels d'autres gens peuvent être discriminés". Mais il précise immédiatement ne pas le faire "parce qu'il est sympa", mais simplement par "bon sens".