Violences sexuelles dans le patinage : pressé de démissionner par Maracineanu, Gailhaguet se défend

A l'issue de son entretien avec Didier Gailhaguet, Roxana Maracineanu lui a demandé de remettre sa démission.
A l'issue de son entretien avec Didier Gailhaguet, Roxana Maracineanu lui a demandé de remettre sa démission. © Montage via photos AFP
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Corinne Boulloud, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
La ministre des Sports Roxana Maracineanu a demandé au président de la Fédération française des sports de glace "d'assumer toutes ses responsabilités et de démissionner" après les récentes révélations de violences sexuelles dans le patinage. Ce dernier a estimé que la ministre ne l'avait "pas entendu", estimant avoir commis "des erreurs, pas des fautes". 

Elle veut mettre fin à l'omerta qui règne sur la glace. Lors de son entretien avec Didier Gailhaguet, lundi, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a signifié au président de la Fédération française des sports de glace qu'il devait "assumer toutes ses responsabilités" et "démissionner". Alors que d'anciennes patineuses de haut niveau, dont Sarah Abitbol, accusent leurs entraîneurs de viols, Didier Gailhaguet est soupçonné d'avoir eu connaissance de la situation, de s'être tu, et d'avoir donné des postes à responsabilités à des hommes déjà sanctionnés par ailleurs. 

Des "manquements quasi institutionnalisés"

A l'issue de cette entretien qui s'est déroulé au ministère, vers 16 heures, la ministre a estimé que la situation révèle "un dysfonctionnement général existe au sein de la Fédération française des sports de glace" : "La nature et le nombre de faits, me laisse à penser que ce dysfonctionnement grâce est a minima le résultat de manquements quasi institutionnalisés au sein de cette fédération. Le silence semble y être la règle pour de nombreux acteurs, élus ou techniciens." affirme-t-elle. 

Avant d'ajouter : "Au regard des révélations et des témoignages que j'ai pu recueillir, Didier Gailhaguet ne peut se dédouaner de sa responsabilité morale et personnelle, je lui ai donc demandé d'assumer toutes ses responsabilités et de démissionner du poste de président de la Fédération française des sports de glace."

Cette décision s'accompagne aussi d'une d'une procédure de retrait de délégation de la fédération des sports de glace. Concrètement, elle n'a donc plus la possibilité d'organiser des compétitions. Un retrait d'agrément pourrait même être envisagé, alors qu'une enquête administrative a été lancée. 

Didier Gailhaguet refuse de démissionner...

Peu après cette déclaration de la ministre, Didier Gailhaguet a estimé avoir "commis des erreurs, pas des fautes". "Elle ne m'a pas écouté, et surtout ne m'a pas entendu", a-t-il réagi. Interrogé sur son intention ou non de démissionner, il a répondu: "on va réfléchir à tout ça". 

"Un seul cas, en dehors de celui tranché par la justice, m'était connu, pour un comportement considéré par le ministère  comme 'équivoque'", a-t-il précisé, avant de conclure : "Tous les autres cas que j'ai eu à traiter durant mon mandat, l'ont été sans complaisance." Didier Gailhaguet n'étant pas membre du ministère, comme tous les présidents de fédérations, Roxana Maracineanu ne peut pas le contraindre à quitter son poste. 

...et met en cause Marie-George Buffet

Par ailleurs Didier Gailhaguet a mis en cause sans la citer Marie-George Buffet, "la ministre des Sports de l'époque", dans la poursuite des activités de Gilles Beyer, accusé de viols par certains sportifs, dans les années 2000. "Les premiers responsables sont ceux qui ont laissé commettre ces exactions. Je veux bien sûr citer le ministère, et la ministre des Sports de l'époque, qui, de par leur lâcheté, leur incompétence et leurs nombreuses volte-face ont permis de laisser des personnes sur la glace dans des sports à maturité précoce, donc plus exposés, alors qu'elles auraient dû être soignées et mises hors d'état de nuire", a-t-il accusé.