Violences à Dijon : quatre mises en examen et trois détentions immédiates

Six membres de la communauté tchétchène avaient été interpellés jeudi matin à Dijon et ailleurs en France à la suite des violences survenues à Dijon.
Six membres de la communauté tchétchène avaient été interpellés jeudi matin à Dijon et ailleurs en France à la suite des violences survenues à Dijon. © AFP
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avec AFP
Quatre membres de la communauté tchétchènes, parmi les six interpellés jeudi, ont été mis en examen dans le cadre de leur participation aux expéditions punitives qui ont eu lieu à Dijon le weekend dernier, pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits punis de 10 ans de prison et participation à un groupement en vue de la préparation de violences et dégradations.

L'enquête sur les violences du weekend dernier à Dijon a franchi une nouvelle étape samedi avec la mise en examen de quatre membres de la communauté tchétchène, interpellés pour leur participation aux expéditions de représailles menées dans la capitale bourguignonne, dont trois ont été aussitôt placés en détention provisoire. Le quatrième suspect est resté libre sous contrôle judiciaire. Il s'agit de trois hommes de nationalité russe et d'un Français d'origine russe.

Deux suspects hors de cause

Ils faisaient partie d'un groupe de six individus arrêtés jeudi dans le cadre de l'enquête sur les actions de membres de la communauté tchétchène désirant se venger de l'agression d'un jeune par, selon eux, des habitants du quartier sensible des Grésilles. Deux des suspects ont depuis été mis hors de cause. Ces actions ont été suivies d'autres troubles de type "urbains" dans le quartier de Grésilles, a annoncé le procureur de Dijon Eric Mathais lors d'une conférence de presse. Ces violences ont fait 20 blessés, dont deux graves : un par balles et l'autre dans un accident de voiture, dont les images ont été abondamment relayées sur les réseaux sociaux, a précisé le procureur.

Deux des suspects, un Russe de 53 ans résidant à Dole (Jura) et un Français de 41 ans habitant à Dijon, sont poursuivis pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits punis de 10 ans de prison et participation à un groupement en vue de la préparation de violences et dégradations. Les deux autres suspects russes, un homme de 23 ans vivant à Saint-Etienne et un autre de 29 ans résidant à Troyes, ont été mis en examen pour les mêmes chefs, ainsi que pour violences et dégradations aggravées. 

"Ces personnes reconnaissent avoir été présentes pour tout ou partie des événements mais elles contestent personnellement avoir commis des violences ou des dégradations", a ajouté le procureur, précisant que les suspects n'ont jamais été condamnés.

"Imprévisible et inhabituel"

A la suite des violences survenues dans les nuits des vendredi 12, samedi 13 et dimanche 14 juin, le parquet de Dijon avait ouvert une enquête de flagrance. Ces faits ont été suivis le 15 juin d'une démonstration de force d'hommes encagoulés dans le quartier des Grésilles, se présentant comme "nous les Arabes" sur des vidéos relayées sur les réseaux sociaux. Ces derniers sont apparus munis de ce qui semblaient être des fusils d'assaut ou des pistolets automatiques, s'en prenant à des caméras de sécurité et incendiant des véhicules. Dans le même temps, de nombreux véhicules ont également été brûlés dans la ville voisine de Chenôve. Une enquête a également été ouverte sur ces faits.

Le calme est revenu depuis mardi dans la capitale bourguignonne, où ces violences urbaines inédites ont choqué de nombreux habitants et suscité un fort écho jusqu'à l'extérieur du pays.

Samedi, une centaine de personnes dont des habitants des Grésilles, ont défié une interdiction préfectorale de manifester à Dijon pour réclamer la démission du préfet, accusé de laxisme face à ces violences. Le petit cortège a tenté de rejoindre la préfecture, mais il a été bloqué en chemin par les forces de l'ordre et a fait demi-tour avant de se disperser dans le calme.

Vendredi, une vaste opération de recherche d'armes, mobilisant quelque 140 membres des forces de l'ordre, a permis de saisir aux Grésilles 80g de résine de cannabis, un couteau, 25 cocktails molotov, ainsi que des plaques minéralogiques belges, des gants et des cagoules.

"Ce à quoi nous avons assisté était imprévisible et inhabituel", a déclaré samedi M. Mathais, se disant "choqué et préoccupé face à des affrontements entre communautés sur fonds de discrimination voire de racisme". "L'enquête va se poursuivre activement avec détermination", a-t-il assuré.