Violé par son oncle, un prêtre jésuite, il sort de son silence : "Si j'avais parlé plus tôt..."

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Héloïse de Neuville , modifié à
Paul Chabre a été violé par son oncle pendant une partie de son adolescence. Plus de 20 ans après les faits, il a osé porté plainte, mais les faits étaient déjà prescrits.

Les crimes pédophiles dont il a été l'objet sont prescrits. Paul Chabre, violé par son oncle jésuite, le père Peccoud, est sorti du silence trop tard, selon les critères de la justice. A l'époque de faits (1986-1989), la prescription était de dix ans après la majorité du plaignant, contre 20 ans aujourd'hui.

"A mon mariage, il était aux premières loges à l'église". "Il était brillant et adulé, je savais qu'en le dénonçant, je brisais à jamais un équilibre familial", confie Paul Chabre au Journal du dimanche, pour expliquer pourquoi il n'a pas dénoncé son bourreau. L'homme décrit "la toile" que son oncle pédophile avait tissé autour de lui, adolescent "vulnérable" qu'il était alors : "à mon mariage, il était aux premières loges à l'église, comme pour être sûr d'avoir la mainmise sur moi", raconte-t-il encore. 

Le père Peccoud va comparaître devant la cour d'appel de Grenoble. Aujourd'hui, le neveu du père Peccoud regrette de ne pas avoir porté plainte plus tôt : "sa dernière victime connue date de 2004. Si j'avais parlé plus tôt, elle n'aurait pas eu à souffrir de ce monstre", explique-t-il. Le prêtre a procédé à des aveux auprès de sa hiérarchie en 2008, confessant avoir, entre autre, "blessé" son neveu Paul Chabre, avant de ne cesser, par la suite, de minorer ses révélations.

Le 7 septembre, le père Peccoud, âgé de 70 ans, comparaîtra devant la cour d'appel de Grenoble pour des atteintes sexuelles sur trois mineurs, de 1990 et 2004. Condamné à deux ans de prison en première instance, le parquet a fait appel de la décision et réclame une peine de cinq ans de prison. L'avocat du père plaide, lui, la relaxe.