Vers un télétravail généralisé ? "Cela demande un changement culturel"

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Syndicats et patronat se réunissent mardi pour un ultime rendez-vous sur le télétravail. Pour Laurent Mahieu, ​secrétaire général de la CFDT-Cadres et invité d'Europe 1, lundi, "on ne peut pas laisser un flou tel" que celui qui prévaut aujourd'hui sur cette épineuse question.
INTERVIEW

C'est un chantier majeur du monde professionnel dans les années à venir : le télétravail va-t-il voir sa percée réalisée pendant la crise du coronavirus se confirmer sur le long terme ? Une première réponse sera donnée mardi, avec une ultime réunion des syndicats et du patronat pour boucler un "diagnostic paritaire". Si le patronat ne souhaite pas renégocier les textes existants, les syndicats veulent au contraire établir un nouvel accord national sur cette pratique. Sortir du "flou" actuel "demande un changement culturel", affirme sur Europe 1 Laurent Mahieu, ​secrétaire général de la CFDT-Cadres.

Alors qu'"un certain nombre d'entreprises a tiré les conséquences de la période de confinement total avec des renégociations d'accords qui dataient de la période 2005-2010", amorcer le passage à un télétravail généralisé "demande de réfléchir et partager les contraintes d'organisation", insiste le représentant syndical. L'objectif est donc de "trouver les bons équilibres entre présentiel et distanciel".

Des accords spécifiques par branches ?

"Concrètement, dans toutes les entreprises, il n'y a pas aujourd'hui d'accord de télétravail", déplore Laurent Mahieu. Négocier un accord national "permettrait aux branches de négocier des accords spécifiques et donnerait un cadre le plus précis possible pour que les entreprises puissent aller de l'avant sur le télétravail, dans la confiance avec leurs salariés", insiste-t-il.

Mais cette volonté des syndicats se heurte à celle du patronat, qui rejette pour l'heure un nouvel accord national interprofessionnel. "Il n'y a pas d'engagement patronal, alors que la période demande de rénover ce cadrage de manière à ce que l'on tienne compte des nouvelles situations" comme la crise actuelle. "On ne peut pas rester dans un flou tel que celui-là", pointe le syndicaliste, qui garde pourtant espoir de voir le patronat bientôt mandaté pour négocier un accord sur le télétravail.

Sans accord national, faut-il laisser les entreprises négocier elles-mêmes avec les salariés ? "On n'a pas, en France, une grande pratique de négociation", rappelle Laurent Mahieu. "Et quand on n'a jamais négocié sur le télétravail, si on n'a pas un cadre qui nous aide, on va patiner."