Urvoas : "pas un mot", pas "un acte" de Hollande contre la justice depuis 2012

Jean-Jacques Urovas a réagi jeudi à l'assemblée à une critique émise par le député LR Georges Fenech.
Jean-Jacques Urovas a réagi jeudi à l'assemblée à une critique émise par le député LR Georges Fenech. © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le ministre de la Justice a pris la défense du président de la République jeudi alors que ce dernier était critiqué par un député LR. 

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a assuré jeudi à l'Assemblée que François Hollande n'avait pas eu "un mot", "un acte", contre l'indépendance de la justice depuis 2012, en réponse à un député LR l'interpellant sur des propos critiques du président sur les magistrats, rapportés dans un livre.

Ni un mot, ni une insulte. "M. le député, donnez-moi un mot, un mot public du président de la République depuis 2012, dans lequel il aurait ne serait-ce que fait un commentaire sur une décision de justice. Pas un mot, encore moins une insulte, pas un acte, pas une demande d'intervention pour interférer dans une procédure, pas un jugement porté publiquement à l'occasion d'une émission télévisée sur tel ou tel magistrat", a lancé le garde des Sceaux à l'ex-magistrat Georges Fenech (LR), qui avait dénoncé une "offense terrible".

En plein débat sur des propositions de loi LR antiterroristes, Jean-Jacques Urvoas a ajouté que le chef de l'Etat n'avait pas eu "un jugement porté publiquement à l'occasion d'une émission télévisée sur tel ou tel magistrat", allusion à l'ex-président de la République Nicolas Sarkozy, dont les relations avec les juges ont été souvent houleuses. Applaudi par les élus de gauche, le ministre de la Justice a souligné que la majorité avait voté des lois interdisant "au Garde des Sceaux de donner des instructions individuelles, pour respecter la magistrature".

"Une atteinte insupportable à l'indépendance de la justice et sa dignité". Et il a assuré que jamais un président, avant François Hollande, "n'avait respecté l'autorité de l'indépendance judiciaire", notant entre autres qu'il s'était exprimé devant le congrès de l'Union syndicale des magistrats (USM). "Donc, ce que vous avez dit n'est pas corroboré par les faits et par les actes posés par le président de la République", a insisté le Garde des Sceaux, un proche du Premier ministre Manuel Valls. Le député LR Georges Fenech, membre de la commission des Lois, avait peu avant dénoncé "une atteinte insupportable à l'indépendance de la justice et sa dignité".

"le président de la République n'a pas renié ses propos". "Le président de la République a traité l'institution judiciaire de lâcheté. Il a accusé les magistrats de se planquer, de jouer les vertueux, et il a ajouté 'La justice n'aime pas la politique'. C'est un véritable scandale, M. le ministre", avait lancé ce soutien de Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite. C'est "à tel point un fait sans précédent qu'hier (mercredi), M. le président de la République a reçu le premier président de la Cour de cassation et le procureur général."

"Il semblerait M. le ministre que vous étiez présent à cette réunion. Il semblerait également que le président de la République n'a pas renié ses propos. M. le ministre, vous ne pouvez pas sur ce banc rester silencieux. Je vous demande d'intervenir et de jouer votre rôle de protecteur des magistrats", avait ajouté Georges Fenech.

De leur côté les deux plus hauts magistrats de France ont reproché jeudi à François Hollande de leur avoir infligé une "humiliation", lors d'une audience solennelle de la grande chambre de la Cour de cassation.