Une «demande de décentralisation» : 71% des Français sont favorables à un renforcement du pouvoir des régions
Selon une enquête de l'Ifop publiée ce lundi, 71% des Français sont favorables à un renforcement "considérable" du pouvoir des régions en France. Ils sont 68% à estimer que les collectivités locales n'ont pas assez de pouvoir, et qu'il faut donc aller plus loin en matière de décentralisation.
L'idée d'un État décentralisé fait son chemin auprès des Français. Selon les résultats d'une enquête de l'Ifop* publiée ce lundi, 71% des citoyens interrogés sont favorables à ce que la France "renforce considérablement le pouvoir des régions". Cet avis est très largement partagé en Alsace (86%), en Catalogne (79%), dans la Bretagne historique (78%) et en Corse (76%). Cela vient d'un constat : ils sont 68% à estimer que les collectivités locales "n'ont pas assez de pouvoir par rapport à l'État". Une augmentation de 18 points depuis 2012 (50% des Français partageaient alors cet avis).
68% des Français veulent un redécoupage de certaines grandes régions
Dans cette idée de renforcer le pouvoir des régions, 73% des personnes interrogées donneraient leur accord pour que les régions adaptent les lois nationales pour tenir compte des réalités locales. C'est notamment le cas sur l'Ile de Beauté, où ils sont 84% à le souhaiter alors qu'un projet d'autonomie de la Corse est discuté. À l'échelle nationale, ce projet d'autonomie recueille un soutien plus mesuré mais majoritaire, avec 51% d'avis favorables.
L'enquête de l'Ifop est publiée dix ans après la mise en place d'un redécoupage administratif voulu par François Hollande, qui a entraîné la fusion de plusieurs régions. Néanmoins, ce redécoupage ne suscite pas l'approbation d'une large partie des sondés. Ainsi, 68% d'entre eux demandent un nouveau redécoupage de certaines grandes régions "afin de mieux tenir compte des réalités culturelles et historiques", notamment les Alsaciens (84%), les Bretons (72%) et les Savoyards (69%).
Dans cette optique, 77% des Français soutiennent "la reconnaissance officielle des langues régionales", un chiffre stable depuis 25 ans (78% en 1999). Ils sont même 84% à soutenir l'enseignement de l'histoire régionale en complément de l'histoire nationale à l'école.
Un État central "trop déconnecté des réalités locales" pour 90% des sondés
Cette "fibre régionaliste" tient d'abord à un rejet de l'organisation centralisatrice des pouvoirs publics en France, analyse l'Ifop. En effet, 90% des sondés considèrent que l'État central est "trop déconnecté des réalités locales". "Cette critique du jacobinisme rassemble aussi bien les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (93%) que ceux d'Éric Zemmour (95%), les urbains (89%) que les ruraux (95%), les jeunes (79%) que les seniors (95%)", note l'institut.
La "fibre régionaliste" puise également son origine sur l'attachement des citoyens pour leur région avant leur pays. Ils sont 27% à partager ce sentiment, une part en augmentation depuis 2011 (23%). Des parts "remarquables" sont constatées en Corse (57%), en Bretagne (47%), en Alsace (42%) et au Pays basque (41%). Dans ce contexte, 82% des Français estiment que l'activité des médias "se concentre trop sur Paris et pas assez sur leur reste du territoire".
"Loin d'être un phénomène marginal ou folklorique, le régionalisme français s'affirme comme une dynamique majoritaire incitant à repenser l'organisation territoriale du pays", estime François Kraus, directeur du pôle politique de l'Ifop. "La demande de décentralisation n'est plus l'apanage des seuls militants régionalistes, mais devient une revendication transpartisane et intergénérationnelle", conclut-il.
*Étude Ifop pour Régions et Peuples Solidaires réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 25 juillet 2025 auprès d'un échantillon de 2.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, complétée par 7 échantillons territoriaux spécifiques en Alsace-Moselle (500), en Bretagne historique (500), en Pays de Savoie (500), en Corse (504), en Pays Basque nord (534) et en Catalogne (500) et en espace occitan (518).