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Laetitia Drevet
D'après l'Insee, le moral des Français en ces temps de confinement est au plus bas. "Comment pourrait-il en être autrement ?", interroge sur Europe 1 le sociologue et historien Michel Wieviorka, qui pointe l'angoisse ambiante et l'incertitude de la population quant à son avenir. 

Le moral des Français est au plus bas. D'après l'Insee, son indice a baissé de 8% depuis le mois de mars, du jamais vu depuis sa création... en 1972. "Le contraire serait étonnant en ce moment...", observe le sociologue et historien Michel Wieviorka, invité d'Europe 1 mardi. En ces temps de confinement, "comment pourrait-il en être autrement ?", demande-t-il.

"J'ai reçu des témoignages de personnes qui s'étaient dit 'Je vais en profiter pour lire, écouter de la musique', et qui finalement en sont incapables", raconte-il. Pour lui, c'est notamment l'incertitude dans laquelle les Français se trouvent qui leur mine le moral. "C'est très angoissant comme situation, personne ne sait quand ou comment cela va se terminer, si l'on trouvera un médicament, un vaccin...", souligne Michel Wieviorka. Qui ajoute : "Cette zone d'incertitude est accentuée par la méfiance qui existe en France entre société civile et pouvoirs politiques." 

Quid de l'avenir ?

Au cours de l'histoire, les grandes crises, qu'il s'agisse de krachs boursiers, de conflits armés ou de révolutions ont souvent occasionné de profonds changements au sein des sociétés. Et cette fois ? "Le pouvoir fait ce qu’il peut en ce moment, mais il n'est pas très légitime pour dire que tout va changer", pointe l'historien, qui dit "douter" la capacité du gouvernement lui-même à changer. Du moins dans les prochaines semaines ou mois. 

Dans le temps long, qui sait... "A court terme, nous allons faire face notamment à de grandes difficultés économiques. C'est autre changer de penser ce que sera le monde dans 10, 20 ou 50 ans... Là, oui, on peut imaginer des changements formidables !"