Un octogénaire rejugé pour avoir aidé sa femme à mourir

Jean Mercier assure ne pas regretter d'avoir aidé sa femme malade et dépressive à mourir.
Jean Mercier assure ne pas regretter d'avoir aidé sa femme malade et dépressive à mourir. © PHILIPPE DESMAZES / AFP
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avec AFP , modifié à
Condamné à un an de prison pour avoir aidé sa femme à mourir, Jean Mercier repasse devant la justice jeudi. Âgé de 88 ans, il souffre d'un cancer et de la maladie de Parkinson.

Il avait aidé sa femme à mourir en 2011. Condamné en première instance à un an de prison avec sursis, Jean Mercier, âgé de 88 ans, a fait appel et sera rejugé jeudi à Lyon. Le procès doit débuter à 13h30 devant la cour d'appel en présence du prévenu, habitant de l'Hérault, qui souffre d'un cancer de la prostate et de la maladie de Parkinson. L'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) prévoit de manifester dès 13h devant le palais de justice en soutien au prévenu qui aurait dû, selon elle, être relaxé. Le parquet a également fait appel.

Il attend son dernier souffle pour appeler le médecin. Le 10 novembre 2011, Jean Mercier accepte d'aider sa femme à décapsuler une grande quantité de médicaments et de lui apporter un verre d'eau, pour qu'elle les avale. Josanne, 83 ans, souffrait depuis trois ans de douleurs chroniques dues à l'arthrose. Dépressive depuis 30 ans, elle avait fait plusieurs tentatives de suicide. Il attend son dernier souffle et appelle un médecin. "Je n'ai pas de regrets. Ce serait le cas si, au contraire, je ne l'avais pas fait" et, "ce qui m'importe, c'est que la loi change car la mort est un sujet qu'on n'ose pas aborder sereinement", avait assuré lors de son premier procès l'octogénaire, retraité du bâtiment.

La loi jugée incomplète. Depuis l'audience d'octobre 2015, le Parlement a adopté une nouvelle loi accordant de nouveaux droits aux personnes en fin de vie. La loi dite Claeys-Leonetti place en effet le malade "au cœur de la décision". Insuffisant pour Jean-Luc Romero, président de l'ADMD, qui demande au gouvernement "de légiférer vraiment sur les fins de vie pour que plus jamais un mari ne se retrouve en face de son épouse qui demande une aide à mourir et, plus généralement, que toute personne arrivée à la fin de sa vie puisse obtenir, en conscience, qu'un terme soit mis à ses souffrances".