Trois questions sur la location des "passoires énergétiques", interdite dès 2023

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Fanny Agostini
Le gouvernement a publié un décret interdisant la location des appartements considérés par des passoires énergétiques à partir de 2023. Près de cinq millions de logements sont concernés par cette mesure, qui s'accompagne de primes de rénovation pour améliorer leur diagnostic énergétique.
DÉCRYPTAGE

C'est le début d'une chasse au gaspillage d'énergie par le gouvernement : un décret interdisant la location des appartements identifiés les pires "passoires énergétiques" d'ici 2023 a été publié mercredi 13 janvier, comme le révélait Le Figaro la semaine dernière. Il s’agit de la première des trois étapes de la suppression des "passoires énergétiques" que le gouvernement veut mettre en œuvre d'ici 2028. Fanny Agostini, chroniqueuse de la matinale d'Europe 1, analyse les implications de cette mesure. 

Que sont les "passoires énergétiques" ?

Les "passoires énergétiques" sont ces appartements avec des trous partout, tout comme une passoire qui laisserait s'échapper la chaleur. Ils récoltent un classement médiocre, F et G, au diagnostic de performance énergétique.

 

Ils sont souvent très mal isolés et induisent donc un bilan carbone très élevé. Cette mesure concerne les appartements dont la consommation énergétique excède les 450 kWh par mètre carré et par an. Ils seront désormais interdits à la location après le 31 décembre 2022. En France, il y a 4,8 millions de "passoires énergétiques", dont 2 millions sont en location. Les annonces en agence immobilière de ces locations seront censurées par le gouvernement.

Comment seront accompagnés propriétaires et locataires ?

Pour les locations directes, les locataires auront un recours légal pour contraindre les propriétaires à effectuer les rénovations. Ces rénovations permettent de faire des économies : le ministère du Logement estime que les locataires peuvent économiser moyenne 100 euros par mois. 

Pour inciter les propriétaires à faire ces travaux, les primes de rénovation seront rendues disponibles cet été. Pour le moment, ce ne sont que les propriétaires occupants et les syndicats de copropriétés qui y ont eu accès, mais l'État les rend disponibles aux loueurs pour leur permettre d’anticiper les échéances énergétiques de 2023.

Pourquoi le gouvernement adopte-t-il cette mesure ?

Faire disparaître les passoires énergétiques d’ici la fin de la décennie est l'un des objectifs adoptés par la Convention citoyenne sur le climat. Le gouvernement cherche donc à crédibiliser ses revendications écologiques.

Il s'est engagé à annoncer les critères de location des passoires énergétiques plus sévères pour 2025. Il faudra garder cela à l'œil, car l’objectif de 2023 n’est pas très ambitieux. Si l’objectif de 2025 vise lui aussi trop bas, la France pourra difficilement tenir l’engagement pris de faire disparaître toutes les "passoires énergétique" en 2028 et ainsi rester dans les clous de l’accord de Paris sur le climat.