hôpital psychiatrique 5:23
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Marion Gauthier et Gauthier Delomez , modifié à
Une histoire qui fait froid dans le dos. La semaine dernière, un homme surnommé "le cannibale des Pyrénées" a tenté d'agresser une femme au centre de Toulouse, qui a pu être secourue par son voisin. L'agresseur venait de s'échapper de l'hôpital psychiatrique de la ville, où il avait été interné en 2013.

C'est un voisin qui a réussi à éviter le pire. Mercredi dernier, Jérémy Rimbaud, surnommé "le cannibale des Pyrénées", a tenté de s'en prendre à une femme dans le centre de Toulouse. "Elle disait sans cesse 'Pourquoi il m'a frappé ?', le visage et la tête ensanglantés, une mare de sang autour d'elle", raconte Nicolas Feuillères, qui est intervenu avec un fusil non chargé. Ce jour-là, il a entendu des cris et a vu un homme encapuchonné frapper sa voisine septuagénaire avec un bâton. L'agresseur n'était autre que le patient interné en hôpital psychiatrique qui a réussi à s'en échapper.

Le récit d'une scène glaçante

Le voisin, toujours glacé par la scène, explique son intervention au micro d'Europe 1 : "Je répétais (à l'agresseur) de ne pas parler, de ne pas bouger, de rester à terre. Ce n'est pas ce qu'il a fait finalement. Quand il a presque saisi le canon de mon arme, il m'a dit 'Vas-y, tire, achève-moi'. C'est là que j'ai dû porter encore des coups pour le mettre au sol encore une fois".

Une enquête a été ouverte. Le suspect a été mis à l'isolement et avait faussé compagnie à l'équipe de l'hôpital psychiatrique Gérard-Marchant de Toulouse le jour de l'agression. Un nouvel acte qui révolte Jean Camy, une autre victime du "cannibale des Pyrénées", qui avait été frappé à coups de barre de fer en 2013 avant de réussir à s'enfuir, gravement blessé à l'épaule. "Je suis très en colère parce que je n'ai rien demandé à personne et je me retrouve handicapé", affirme-t-il sur Europe 1.

"On ne devrait pas revoir des scènes comme ça", regrette une ancienne victime

L'homme victime est marqué à vie par cette agression. "Huit ans après, ça recommence. Sans mentir, j'ai dormi une heure, et je suis sur le qui-vive. Dès que j'entends un bruit, je regarde. La plaie ne se refermera jamais, c'est clair. On ne devrait pas revoir des scènes comme ça", confie Jean Camy. L'agriculteur estime que son agresseur, qui souffre d'une forme grave de schizophrénie, n'aurait jamais dû quitter l'établissement de Cadillac, dans lequel il était d'abord interné et où sont accueillis les patients jugés les plus dangereux.

Le manque de moyens dans les services de psychiatrie

Comment un homme aussi dangereux a-t-il pu facilement s'échapper d'une structure psychiatrique ? "Je n'ai pas les détails de l'affaire, mais les services partout en France ont une lourde charge", indique Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, près de Paris. "Il faut soigner les personnes que l'on reçoit et assurer une forme de sécurisation pour une minorité d'entre elles. La plupart du temps, les services sont sécurisés à la hauteur des besoins, mais il y a pu y avoir un défaut de surveillance à un moment donné", expose-t-il au micro de Thierry Dagiral.

Sur Europe 1, Antoine Pelissolo ajoute que le contexte sanitaire actuel a pu accentuer le mal-être de Jérémy Rimbaud, "comme c'est le cas de beaucoup de gens. Depuis deux ans, on a une exacerbation des souffrances psychiques de tout type", note-t-il, soulignant également le manque de moyens dans les services. "Le système de santé est très tendu et la psychiatrie n'est pas dotée de moyens nécessaires. Dans une situation comme celle-là, on a besoin d'un personnel en grand nombre pour accompagner ces personnes, en partie les surveiller, et surtout pour les soigner", pointe le chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil.