Toujours trop de stéréotypes garçon/fille à l'école

Il y a encore trop de stéréotypes fille/garçon à l'école, selon une étude du Haut conseil de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Il y a encore trop de stéréotypes fille/garçon à l'école, selon une étude du Haut conseil de l'égalité entre les femmes et les hommes. © AFP
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Selon une étude du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, il y a encore trop de stéréotypes filles/garçons à l'école.

Bien que la mixité filles-garçons soit obligatoire dans les écoles publiques depuis 1975, les stéréotypes sexistes persistent encore trop souvent. C'est la conclusion d'un rapport publié mercredi. Celui-ci déplore que des professeurs soient insuffisamment formés et que dans les manuels les femmes soient abonnées aux tâches ménagères.

Selon l'étude, la mixité n'a pas amené l'égalité entre les sexes. L'école "joue un rôle central pour construire une culture et une société de l'égalité filles-garçons", note l'étude du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE). La mixité a pu laisser croire qu'elle allait amener l'égalité entre les sexes. A tort, selon le HCE, créé en 2013 pour succéder à l'Observatoire pour la parité.

Le sujet reste sensible, comme l'a montré le retrait des "ABCD de l'égalité". Ce programme, destiné à promouvoir l'égalité filles-garçons à l'école, avait été abandonné à l'été 2014 après quelques mois d'expérimentation, à la suite de virulentes critiques venues notamment de l'extrême droite et d'opposants au mariage des homosexuels, dénonçant l'introduction d'une prétendue "théorie du genre" qui nierait les différences sexuelles.

Les stéréotypes ont une influence sur les manuels et les notes. Selon le rapport du HCE, les recherches, en France comme dans d'autres pays, indiquent que "les stéréotypes de sexe influencent les pratiques pédagogiques, les évaluations scolaires, les contenus des programmes et des manuels, les interactions avec les enseignants, les sanctions, les orientations des filles et des garçons, etc.".

Ainsi de l'indiscipline des garçons, qui représentent quelque 80% des collégiens punis. Mais ils interprètent "le système punitif comme un moyen d'affirmer leur virilité", des "normes sociales qui impactent le taux d'échec scolaire chez les garçons, surtout les moins familiers" avec l'école, relèvent des sociologues cités dans le rapport.

Les filles "font des efforts", les garçons ne sont pas au maximum. À notes égales, les bulletins scolaires tendent à évoquer "les efforts" ou "le travail" d'une fille, mais estiment que le garçon "est en-dessous de ses capacités", notamment en maths et sciences.

Les enseignants ont plus d'interactions avec les garçons qu'avec les filles, notamment dans les matières scientifiques. Les bonnes élèves sont interrogées pour rappeler des notions déjà vues tandis que les garçons sont sollicités, à l'oral, lors de l'apprentissage de nouveaux savoirs. Les femmes continuent en outre d'être sous-représentées dans les manuels et les programmes, et elles restent encore cantonnées dans des rôles traditionnels.

95% des textes étudiés au secondaire émanent d'auteurs masculins. Ainsi, une étude du Centre Hubertine Auclert notait en 2011 que 95% des textes littéraires étudiées en seconde avaient des auteurs masculins. Dans les manuels de lecture de CP, 67% des personnages pratiquant un sport sont des hommes et 70% de ceux occupés à la cuisine ou au ménage sont des femmes.

L'égalité des sexes est désormais une thématique intégrée dans les nouveaux programmes (2016) de l'enseignement moral et civique. Les programmes d'histoire précisent que chaque moment historique doit être abordé en prenant en compte les conditions et l'action des hommes et des femmes, se félicite le HCE.

Des déséquilibres selon les filières. L'organisme note qu'en matière d'orientation, "aucune série n'affiche une mixité équilibrée mais certaines sont particulièrement désertées" par les filles (par exemple "sciences et technologies industrielles") ou les garçons (séries littéraires ou "sciences et technologies de la santé et du social").

Dans les formations professionnelles, CAP ou bacs pro, les filières de production (mécanique, auto, cuisine, bâtiment, etc.) comptent en moyenne 84% de garçons tandis que les services (soins aux personnes, coiffure, comptabilité-gestion, etc.) accueillent 68% de filles.

Les futurs profs peu conscients de la persistance des inégalités. Enfin, le HCE relève plusieurs freins dans la formation des futurs professeurs, au sein des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE). Parmi ces obstacles : le manque de conscience chez les étudiants de la persistance des inégalités, le nombre insuffisant de formateurs à cette thématique et une formation très inégale selon les ESPE.

Mais aussi la priorité donnée à la laïcité et à la lutte contre les discriminations raciales, qui relègue selon lui au second plan le combat contre les inégalités hommes-femmes.